Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Repères

L’approvisionnement en eau

L’approvisionnement en eau à Paris, stratégique mais très longtemps rudimentaire pour une ville en croissance.

 

En raison de l’importance de l’eau, l’approvisionnement en eau dans Paris a fait l’objet pendant longtemps de nombreuses attentions.

 

L’approvisionnement en eau sous les romains

La ville romaine était installée sur la rive gauche, dans le quartier que nous désignons aujourd’hui le quartier latin.

Pour l’alimenter, les romains firent venir de l’eau depuis les collines de Rungis, l’Haÿ les roses, Cachan et de Bagneux. Pour arriver en ville, le précieux liquide était transporté avec l’aqueduc d’Arcueil.

Ils complétaient aussi, à un niveau moindre, sur l’eau prélevée au nord de la Seine. En effet, ils récupéraient l’eau de Belleville. Ils l’acheminaient en aqueduc vers un réservoir, situé à proximité de la place des victoires.

 

Le tournant au début du IIe millénaire

Les installations des romains furent durement endommagées lors des invasions barbares aux Ve et VIIIe siècle. Elles furent progressivement reprises.

On peut citer par exemple les moines de Saint Martin des Champs qui reprirent à leur compte les eaux de Belleville.

Sur décision royale, les sources de Ménilmontant et de Romainville furent aussi mises à contribution pour alimenter la rive droite.

 

Les installations de Philippe Auguste

Au début du XIIIe siècle, Philippe Auguste fait agrandir Paris en construisant un mur plus large. De ce fait de nombreux quartiers se retrouvèrent en ville. C’est notamment le cas des Halles.

Pour alimenter en eau ces nouveaux espaces, Philippe Auguste fait installer un aqueduc plus haut à Belleville d’une part et acheminer de l’eau venue du Pré Saint Gervais. C’est ainsi qu’était apportée l’eau versée près du cimetière des Innocents.

 

L’alimentation des fontaines et les déports pour les riches maisons

Jusqu’au XIXe siècle, il n’y avait pas d’eau courante à Paris. Les porteurs d’eau venaient la chercher à partir des fontaines ou directement de la Seine. Cette eau était toutefois gratuite.

En revanche, certains puissants, religieux comme nobles, avaient obtenus au fil du temps l’autorisation de prélever directement de l’eau dans les canalisations des fontaines pour leur usage propre. Cette situation fut décriée sous Charles VI en 1392, qui fit supprimer ces arrangements.

A noter tout de même que de nombreuses maisons parisiennes avaient également leur propre puits.

 

L’apport des pompes de la Samaritaine et de Notre Dame

Sous Henri IV, il fut décidé d’aller rechercher davantage d’eau à partir de la Seine. Pour ce faire, on installa une pompe sur le pont neuf : la pompe de la Samaritaine.

Ce mécanisme, qui du reste fournissait que peu d’eau, fut ensuite complété par deux machines sur le pont Notre Dame : la pompe Notre Dame.

Toutefois, les pompes connaissaient de nombreuses pannes. Limitant le trafic fluvial, elles furent totalement détruites au XIXe siècle.

 

L’installation des canalisations d’eau de la compagnie Perier

En 1777, les frères Périer obtiennent la concession d’installer sous le sol de rues des canalisations pour apporter l’eau. C’était la première initiative de ce genre à Paris. Toutefois seuls ceux qui payaient l’eau étaient fournis.

Cette compagnie créa son propre réseau à partir de pompes à feu et de réservoirs à Chaillot sur la rive droite et dans le quartier du Gros Caillou sur la rive droite.

 

Les canaux de Paris

En 1802, Napoléon Bonaparte, alors premier consul, signe un décret lançant la construction des canaux parisiens. Il s’agit d’apporter dans Paris de l’eau venue des rivières de la Beuvronne d’abord et de l’Ourcq ensuite.

En premier, le Bassin de la Villette et une partie du canal de l’Ourcq sont réalisés et finalisés en 1808. Le programme se poursuivit ensuite sous la Restauration avec le canal Saint Martin et le canal Saint Denis dans les années 1820. A cette même date, le canal de l’Ourcq est alimenté aussi par l’eau de l’Ourcq.  A noter qu’en 1841, on rajouta également la rivière du Clignon pour alimenter ce canal.

 

Une eau longtemps de mauvaise qualité

L’eau parisienne fut longtemps de mauvaise qualité. Celle de la Seine était touchée par les nombreuses activités sur le fleuve. A cet effet, découvrez ce qu’en pensait Louis Sébastien Mercier dans le Tableau de Paris dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Par ailleurs, les eaux de Belleville étaient très alcalines. Dans ce contexte, le savon produisait très peu de mousse. On disait que c’était de l’eau qui consommait beaucoup de lessives.

Aussi, en raison de l’avancement de la Seine à leur niveau, les pompes Notre Dame et du Gros Caillou (près des Invalides) furent arrêtées dans les années 1850. On trouvait qu’à cet endroit l’eau était trop mauvaise… Aussi, le paradoxe n’empêchant rien, le pompage reposa entièrement à Chaillot… plus en aval.

En outre, l’eau venue de l’Ourcq n’était pas de bonne qualité. Certes, elle était prélevée très en amont de Paris. Mais elle était très souillée par l’intense activité portuaire qui était installée sur le Bassin de la Villette.

 

La séparation des eaux de 1854

Sous l’administration du préfet Haussmann, l’ingénieur Eugène Belgrand proposa de revoir en totalité la distribution de l’eau. Constatant que les eaux de rivière étaient de mauvaises qualités, il décida de les attribuer pour les usages industriels et extérieurs. De leurs côtés, les eaux de sources, complétées par d’autres captages, furent attribuées aux maisons. Toutefois, seule une partie des maisons pouvait être ainsi alimentée d’une part et que la production connaissait de sérieuses difficultés pendant les périodes sèches.

 

Sources bibliographiques

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