Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les drapiers

Les drapiers, ou la chronique du commerce dominant l’industrie textile, qui forma une communauté dans l’élite

 

Les drapiers furent une des associations bourgeoises les plus influentes et importantes de la Paris.

 

Au début, une distinction entre la fabrication et le commerce

Selon René de Lespinasse, deux branches historiques auraient aboutis à la constitution de l’organisation puissante des drapiers : 

  • la première daterait d’une charte de Louis VII en 1188 posant les marchands de draps
  • la seconde est l’association des tisserands de laine, dont on retrouve les statuts dans le Livre des Métiers. 

Ainsi, les marchands et les fabricants étaient séparés au Moyen Age. Toutefois, ils se sont entendus pour fixer le prix, comme le témoigne le règlement de 1270 où le prévôt affiche la valeur des différents types de draps : en hiver (entre la Saint Rémi et mi carême) entre 16 et 24 sols et en été autour de 15 sols en moyenne. 

Les draps à cette époque pouvaient être rayés, marbrés, blancs, bruns, unis…

La communauté des fabricants de drap était dirigée par un grand maître et quatre jurés élus chaque année. Elle était composée des tisserands de laine, les maîtres avec lesquels les drapiers travaillaient. Les premiers réalisaient les commandes des bourgeois et marchands. Les seconds commerçaient les objets, fabriqués à Paris ou ailleurs. 

 

En 1292, Paris comptait 19 drapiers et 82 tisserands. 

 

Une ? Deux ? Trois ? un nombre de confréries impressionnant

La première confrérie des drapiers fonctionnait de la manière suivante : 

  • une cotisation de 1 denier par pièce vendue ou de 8 sols par an s’il n’y avait pas de vente, 
  • distribution de vivre le jour de la fête annuelle de la confrérie : on donnait alors aux malades de l’Hôtel Dieu, aux femmes en couches et aux prisonniers du Châtelet du pain, du vin et de la viande.

En 1362, les drapiers affirment leur volonté de construire une chapelle et un hôpital. 

A cette même occasion, les statuts sont revus pour affirmer le montant des impôts sur la vente des draps en gros (12 deniers par pièce), l’interdiction de couper les pièces et l’ardente obligation de ne vendre que dans les Halles. Les draps étrangers devaient être achetés selon les standards de qualité d’origine. Les drapiers devaient également s’assurer que la marchandise était correctement teinte. 

Par ailleurs, 12 courtiers étaient élus par les maîtres drapiers. Ils intervenaient lors des ventes pour lesquels les marchands devaient rester secrets.  Ce nombre fut d’ailleurs augmentés en 1371.

Toutefois, ces statuts réglementaient une confrérie et non une corporation. C’était là, l’originalité des drapiers.

Progressivement cette confrérie élargit ses membres à tous les bourgeois parisiens.

Aussi, une nouvelle confrérie pour les drapiers est fondée en 1402. Elle est dédiée à Saint Nicolas et installée dans l‘église des Saints Innocents. Toutefois, elle ne fut pas seule. En effet, on compta également une confrérie dans l’église de la Jussienne et une autre à Saint Denis de la Chartre

 

 

Au XIVe et XVe siècles, des communautés qui restent autonomes

En 1373, les statuts des tisserands sont confirmés : on rappelle la limite alors de trois métiers à tisser par atelier. On insiste également au condition de tissage et de quantité de fil. Ils étaient autorisés à teindre eux même ou d’avoir des ouvriers chez les teinturiers. On décida alors de limiter le nombre de jurés à 2.

A noter qu’à cette époque, les statuts affirment l’interdiction de laisser traîner dans les magasins des serpillières. 

 

En 1407, des nouveaux statuts sont donnés aux drapiers. L’objectif est alors de répartir les positions dans les Halles. 

Deux fois par an, le jeudi de l’épiphanie et celui de la Saint Pierre, on déterminait les étaux de chacun aux halles. Celles d’en haut restaient à disposition des marchands forains et celle des Blancs manteaux étaient dédiées aux ouvriers parisiens. 

La jurande était organisée autour de trois drapiers, un teinturier, un foulon et un tondeur

 

Les deux associations restent distinctes lors des milices de Louis XI.

Le XVIe siècle est marqué par une grande affluence dans la ville de draps fabriqués partout en France. Les tisserands parisiens tentent de résister en faisant insister sur la qualité. Toutefois, les drapiers furent autorisés à distribuer des draps venus de Normandie et du Berry.

 

Le rapprochement à partir de la seconde moitié du XVIe siècle

Les drapiers obtiennent un renouvellement de leurs textes en 1573. En 1575, on rajoute à leur nom celui de chaussetier, tombé en désuétude. Et en 1581, on regroupa les drapiers et les tisserands dans une même communauté, tout en maintenant leurs spécialités. 

On décida d’élire différemment les jurés : en effet, ils étaient élus par les jurés des deux dernières années, ainsi que douze notables de la profession. En 1573, on élargit à 28 électeurs. Toutefois, ce mode de désignation de la jurande ne se fit pas sans heurt. En effet, le Parlement décida aussitôt que le corps électoral devait se composer d’un quart des maîtres pour permettre que chacun puisse voter au moins une fois tous les 4 ans. 

En outre, comme la ville grandissait et que des drapiers s’étaient établis partout dans Paris,  on rajouta 8 bacheliers pour assister les jurés.

 

Le XVIIe siècle continue l’unification de la communauté. Les chaussetiers sont définitivement confondus avec les drapiers. On réunit les confréries de l’église des Saints Innocents avec celle de la Jussienne. 

En 1687, des merciers réussirent à intervenir dans le commerce des draps. Aussi, sur l’autorisation du Conseil du roi, 70 renoncèrent à leur activité d’origine et se joignirent aux drapiers. 

Les unions des offices des jurés coûtèrent 100 000 livres à la communauté. Ils durent participer aux unions des visiteur des poids et mesures imposés aux membres des Six Corps :  500 000 livres. A cela furent rajoutés un million de livres pour les unions des inspecteurs des jurés. 

 

Sources bibliographiques

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