Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les graveurs de métal

Les graveurs de métal, des ouvriers ayant le monopôle des sceaux firent face à la concurrence des orfèvres, fondeurs, peintres…

 

On trouvait à Paris plusieurs types d’ouvriers graveurs :

  • les graveurs sur pierre, qui travaillaient des pièces de joailleries en lien avec les orfèvres et les lapidaires,
  • les graveurs en monnaies et médailles,
  • les graveurs en cuivre, membres de l’académie de peinture,
  • les graveurs et doreurs sur fer, profession très proche des couteliers.

A Paris, on désignait comme les graveurs de métal, les fabricants des sceaux et des cachets, ainsi que les marteaux à marquer, fers de livres…

 

Les graveurs sur métal au Moyen Age, des ouvriers noyés parmi les fèvres

Selon René de l’Espinasse, il n’est pas aisé de trouver la trace précise de ces graveurs de métal au Moyen Age. Certes pas parce qu’ils n’existaient pas mais on les pouvait les confondre dans les différents ouvriers travaillant le métal. En effet, selon le Livre des Métiers d’Etienne Boileau, les fondeurs pouvaient produire sceaux, tout comme les boucliers, les déciers en métal, les batteurs de métal…

Toutefois, on commence à trouver une trace plus précise de leur activité au XVe siècle. Ils sont en effet cités dans une milice ouvrière organisée par Louis XI : “les fondeurs, chauderonniers, épingliers, balanciers et graveurs de sceaux”.

 

La naissance d’une corporation au XVIIe siècle

En 1631, les graveurs de métal ressentent la nécessité de s’organiser davantage. Ils obtiennent alors des statuts dédiés

A cette époques, ces ouvriers au nombre de 20 maîtres étaient sous la tutelle de la Cour des monnaies, comme toutes les professions manipulant métaux précieux. Ils y déposaient donc leur brevet d’apprentissage, sésame indispensable pour aspirer à la maîtrise.

La maîtrise fut fixée alors à 30 livres pour les affaires de la communauté, auquel il fallait rajouter 6 livres pour chacun des jurés.  Elle était accessible après la réalisation d’un chef d’oeuvre et l’exécution de 2 ans de service. Comme pour de nombreuses professions parisiennes, les fils de maîtres avaient des privilèges : exemptés du chef d’oeuvre et des 2 ans.

Les jurés visitaient les ateliers pour s’assurer de l’absence de fabrication des sceaux faux mais aussi de vente interdite de jeux d’alphabet, fleurs de lis, écussons… 

 

Les graveurs de métal avaient établis leur confrérie sous le patronage de Saint Eloi

 

La concurrence avec les autres graveurs

En 1662, le Parlement de Paris souhaite apporter des précisions quant à la relation des graveurs de métal dans leur environnement

  • interdiction de faire travailler les graveurs en taille douce, proche des peintres et membres de l’académie de peinture, 
  • autorisation donnée aux merciers de commercialiser des cachets, à la seule condition de ne pas avoir été fabriqué dans Paris, 
  • obligation faite aux merciers de passer auprès des graveurs de métal les commandes qu’ils auraient reçues de leurs clients, 
  • refus de la demande des orfèvres visant à permettre à leurs jurés de contrôler l’activité de ces ouvriers.

 

Ces ouvriers furent également touchés par les taxes exceptionnelles aux alentours de 1700. Ils s’acquittèrent au total de 4 000 livres (2 000 en 1692 et 2 000 en 1705). ils accueillirent 6 nouveaux maîtres sans demander de garantie et affectèrent les charges de réception furent en totalité affectées à ces paiements.

 

Ces statuts furent renouvelés en 1737. Toutefois, ils ne furent sans conséquences pour les nombreux autres graveurs parisiens. En effet, les graveurs sur métal ne disposaient que du monopôle de la fabrication des sceaux, de la gravure de bijoux. 

Aussi, face à cette situation, ils n’eurent d’autres solutions que de limiter le nombre de maîtres : ainsi, un maître ne pouvait prendre un nouvel apprenti que tous les douze ans. 

Enfin, en 1776, la profession fut fusionnée avec celles des fondeurs et doreurs sur métaux.

 

Sources bibliographiques :

 

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