Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les libraires et les imprimeurs

Les libraires, une profession née de l’Université, et qui connut la transformation apportée par l’imprimerie.

 

Les libraires sous la tutelle de l’Université

Comme les autres professions touchant les livres et le savoir, les libraires étaient contrôlés par l’Université de Paris. 

En 1275, réunie dans le Chapitre des frères prêcheurs, elle posa le règlement pour cette profession

  • Obligation de prêter serment chaque année devant elle, 
  • Fixation du prix du livre, 
  • Vente uniquement de livres intacts 
  • Pas de marge supérieure à 4 deniers par livres de son prix de vente,

Selon la Taille de Paris, la ville comptait en 1292 8 libraires, marchands et vendeurs de livres. On y dénombrait également 17 lieurs de livres. 

 

Au XIVe siècle, l’Université revit à deux reprises les règlements de la profession : en 1323 et en 1342. A cette occasion, on décida de désigner 4 libraires principaux chargés de la taxe sur les livres, recevoir le serment annuel des maîtres libraires. 

En qualité de profession contrôlée par l’Université, les libraires obtinrent de Charles V la dispense du guet, contre l’avis du prévôt. 

 

Métier protégé ! Certes mais cela ne le protégeait pas totalement de concurrence. En effet, les merciers, les pelletiers, les fripiers marchaient littéralement sur leurs plates bandes, en vendant papiers et livres. Aussi, en 1411, Charles VI ordonna au prévôt de Paris de contrôler ces commerçants. Soit ils renonçaient, soit ils se munissaient des autorisations données par l’Université. 

 

Le XVe siècle ou une première tentative de prise de contrôle par le roi

En 1467, Louis XI autorisa la confrérie des libraires, bien qu’elle existait depuis plus longtemps. Elle était installée dans l’église de Saint André des Arts et était dédiée à Saint Jean l’évangéliste. Accueillant dans ses rangs également les écrivains, les enlumineurs, les parcheminiers, les relieurs, elle faisait dire trois messes : une pour le roi et l’Université, une pour les confrères vivants et une pour les morts. 

Progressivement dans la seconde partie du XVe siècle, l’autorité royale commence à chercher à prendre le contrôle de la profession : Charles VIII décide de limiter le nombre de libraires à 24. 

 

Arrivée et essor de l’imprimerie, qui se traduit par un développement turbulent de son nombre d’ouvriers

Dés 1470, l’imprimerie arrive à Paris. Elle est installée dans le collège de la Sorbonne et n’ait confiée qu’à quelques privilégiés.

En 1513, c’est aux libraires que Louis XII donne l’autorisation d’utiliser cette nouvelle technique. Ils deviennent alors imprimeurs

En 1539, François Ier fait publier les premiers statuts des imprimeurs tout en les laissant parmi les libraires. Selon René de Lespinasse, historien du XIXe siècle des métiers parisiens, il s’agissait pour le pouvoir de chercher à contrôler les apprentis imprimeurs. En effet, ils étaient considérés comme turbulents avec leurs nombreux banquets, leurs réunions, leurs bourses communes, leurs confréries propres. Cette situation ne permettant pas de monopôle, les autorités réglementèrent alors. Aussi, à compter de cette date, interdiction pour ces ouvriers de nommer des chefs de bande, d’avoir des bannières et enseignes, de porter épées et bâtons.

Ces textes obligeaient les apprentis à réaliser entièrement les taches confiées par leurs maîtres. La journée de travail s’écoulait entre 5 heures du matin et 8 heures le soir. Les ouvriers étaient payés au mois et étaient nourris dans leur atelier. 

Chacun des imprimeurs disposait de sa propre marque, qu’il devait appliquer sur les livres qu’ils avaient réalisés. 

Toutefois, malgré et ses textes et leur acceptation par l’Université, les imprimeurs restèrent turbulents. 

 

Les imprimeurs se développèrent à Paris. Aussi, en raison de leur nombre, il fut décidé en 1571 que les ouvriers seraient dorénavant rémunérés en salaire. Fini la nourriture donnée en contrepartie de leur travail. Suivant la vitesse de travail, l’apprenti ou le compagnon pouvait recevoir une rémunération différente. 

En outre, les maîtres imprimeurs devenant aussi nombreux, ils obtinrent en 1539 la possibilité d’élire chaque année, deux jurés, autorisés à siéger à côté des 24 libraires officiels. 

 

La tentative d’émancipation des libraires imprimeurs pour terminer par une prise de contrôle royale

Avec les guerres de religion du XVIe  siècle, les libraires s’émancipent progressivement de la tutelle de l’Université. De plus en plus ne cherchaient plus son autorisation pour la diffusion d’ouvrages religieux. D’autres cherchaient à s’installer dans des quartiers plus éloignés. Cette situation perdura au début du XVIIe siècle. En effet , en 1611 l’Université demande au roi d’intervenir et en 1616 tous les libraires sont sommés de revenir dans son quartier. 

Un accord fut trouvé en 1618. Aussi, l’Université accepta d’accueillir tous les ans un libraire, un imprimeur et un relieur supplémentaires (sans compter les fils de maîtres). A cette époque, c’était le 8 mai que la corporation se réunissait aux Mathurins pour élire son bureau. 

En 1686, Louis XIV fit paraître un édit réglementant les imprimeurs libraires de toute la France. Finie l’autorité de l’Université ! 

Elle tenta en 1725 de récupérer son autorité. Toutefois, elle ne fut en situation que d’accepter des droits simplement  de forme. En effet, le nombre d’imprimeurs rendait obsolète les 24 libraires jurés. Aussi, cette limite fut alors supprimée. 

 

Sources bibliographiques

 

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