Histoires de Paris

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Histoires d'immeubles

La pension Sainte Barbe

La pension Sainte Barbe,  maison d’éducation fondée par un ancien prêtre marié,  sur les ruines d’un collège vieux de 4 siècles

 

Après 4 siècle d’existence le collège Sainte Barbe est fermé à la Révolution en 1793. Cet établissement fit partie des grands noms des collèges de l’Université de Paris.

Toutefois, une pension voulut reprendre l’héritage en 1798, sous l’initiative de Victor de Lanneau.

 

Qui était Victor de Lanneau ?

Né en 1758 en Côte d’Or, en Bourgogne, Victor de Lanneau fit d’abord ses études à la Flèche et à l’Ecole militaire de Paris. Il entra ensuite dans les ordres, chez les Théatins, se destinant à l’enseignement.

A la Révolution, suivant Talleyrand, il prêta serment à la constitution civile du clergé, en tant que grand vicaire de l’évêque d’Autun. Membre de l’Assemblée nationale, il représenta le département de Saône et Loire. Emprisonné ensuite durant la Terreur, il échappa à l’échafaud grâce à la protection de Carnot.

A la faveur des mouvements de la Révolution, il quitta définitivement les ordres et se maria, parvenant à faire reconnaître son union par l’Eglise en 1804.

Après un bref passage à la direction d’une imprimerie, il retourna à l’enseignement en devenant sous directeur du collège Louis le Grand. Il décida de reprendre l’ancien collège Sainte Barbe

 

La renaissance d’un collège.

Vendus comme bien national, les bâtiments du Collège Sainte Barbe étaient propriétés de différentes personnes. Toutefois, ces propriétaires acceptèrent en 1798 de donner les baux à Victor de Lanneau. L’établissement dut d’abord s’appeler le Collège des Sciences et des Arts.

Aussi, dorénavant, en échange de 800 francs pour certains et 1 000 pour d’autres, les étudiants purent retrouver le chemin du Collège. En 1804, le collège put même reprendre son nom d’origine : la pension Sainte Barbe était totalement réhabilitée.

Rapidement, la pension Sainte Barbe compta jusqu’à 500 étudiants.

 

Une pension proche du pouvoir impérial

Sous le Premier Empire, la pension Sainte Barbe proposait des enseignements de physique, de mathématiques, de logique, de rhétorique… Elle visait à préparer pour les meilleurs à l’Ecole Polytechnique en suivant les cours au Lycée Napoléon (aujourd’hui Henri IV).

Le Collège Sainte Barbe était vue avec beaucoup de bienveillance par le régime du Premier Empire. Si bien, que la pension faillit être transformée en lycée.

 

Les temps plus durs de la Restauration

La pension Sainte Barbe avait été proche de l’empereur ? La Restauration ne la vit que d’un mauvais oeil. Elle le lui rendit bien, en participant activement à la Révolution de 1830, qui la fit tomber. Il faut dire que la situation privée de Lanneau ne le prédisposait pas à un retour en grâce de l’Ancien régime.

A cette époque, la pension Sainte Barbe souffrait de la concurrence d’un autre établissement, se revendiquant également de la même filiation. En effet, l’abbé Cotteret avait fondé la Nouvelle Sainte Barbe. Un de ses successeurs profita du nouveau régime pour chercher à obtenir pour son établissement seul le célèbre nom. Aussi, l’Université força Lanneau à fermer la partie de son établissement ouverte gratuitement aux enfants.

Aussi, pour se sortir d’affaire, Victor de Lanneau prit son gendre, Mouzard pour prête nom. A la mort de celui-ci, il poursuivit son stratagème avec un autre homme de paille, M. Adam. Toutefois, il conservait les rennes de son établissement, restant dans les locaux historiques rue Valette.

En 1819, le fil de Lanneau reprend le poste de M. Adam. Toutefois, le fondateur continuait à garder un oeil sur son oeuvre.

Dans ces temps difficiles, les anciens élèves se regroupèrent en association pour se retrouver et défendre leur pension.

 

Le retour en grâce sous la Monarchie de Juillet et la montée en puissance de l’association d’anciens élèves.

Dés 1830, la pension Sainte Barbe retrouve les faveurs du nouveau régime. Elle récupéra les droits que l’Université avait donné à la Nouvelle Sainte Barbe : elle récupère en particulier l’usage complet de son nom. Toutefois, le fondateur ne vit pas ces beaux jours. Il mourut en effet en mars 1829.

Toutefois, ce temps de prestige retrouvé ne signifia pas l’arrivée du succès financier. En effet, non seulement, la pension Sainte Barbe n’attirait que moins d’élèves, mais elle avait fortement baissé ses prix. Aussi, il fallut venir au secours financier de l’institution. Une société fut alors créée : pour participer, il fallait avoir été élève par le passé. Ainsi, la force du réseau des anciens élèves se retrouva au cœur du fonctionnement de la pension. Dans ce réseau, on retrouvait des préfets, des avocats généraux, des présidents de cour d’assises…

 

La reconstruction du bâtiment

En raison du nombre d’élèves, la pension Sainte Barbe était bien à l’étroit. Aussi, il convenait de rénover les bâtiments, bien anciens. Sur la menace d’effondrement, la police obligea la propriétaire des lieux à rénover. Comme elle refusait, la justice permit à la pension de récupérer la possession de son installation. La nouvelle société se chargea en 1840 de reconstruire l’ensemble.

Le succès de la pension reprit. A noter que dans la seconde partie, jusqu’à 1/3 des reçus à l’Ecole Polytechnique étaient passés par la pension Sainte Barbe.

Toutefois, avec la IIIe République, la survie de Sainte Barbe se posa. Elle poursuivi son activité en vivotant l’obligeant à délaisser progressivement ses premiers locaux.

 

Sources bibliographiques

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