Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de place

La Place des Victoires

La Place des Victoires, place royale don d’un courtisan en l’honneur des victoires de Louis XIV sur l’Espagne, les Provinces Unies et l’Empire

 

Place des victoires
Vue de la Place des Victoires – prise en juillet 2014

En 1678, après 6 ans de guerre en Hollande, la paix de Nimègue est conclue. Victoire certes pour Louis XIV mais victoire en demie teinte. En  effet, le roi doit rendre certaines conquêtes (Maastricht, Principauté d’Orange, Charleroi,  Courtrai..). Toutefois, il sécurise la frontière Nord, obtient la France Comté, Valenciennes, Saint Omer, Cambrai…

Le lieu choisi pour l’honorer se situe dans le nouveau quartier de Paris,  après l’agrandissement de la muraille de Paris par Louis XIII. Suite à la création du Palais Cardinal (devenu ensuite le Palais royal), un nouveau quartier se développait alors.

 

Une place royale construite en 1685 à l’initiative réputée du maréchal de la Feuillade et de la Ville de Paris.

Un plan destinée à magnifier la statue du roi située au centre

Avant d’organiser une place royale, le maréchal de la Feuillade souhaitait d’abord rendre hommage à son roi en établissant une statue de Louis XIV victorieux.

Après avoir confié à Martin Desjardins, la réalisation de cette statue, il rachète en mai 1683, l’hôtel de la Ferté Senneterre, rue des Petits champs, à proximité du couvent des Petits Pères, et qui était entouré de quatre rues. Au départ, le projet était de conserver que la façade du logis principal  et de transformer les jardins en place.

Toutefois, l’ensemble de l’hôtel fut détruit ainsi que les logis proches furent expropriés par la ville de Paris. Parmi les propriétaires devant quitter les lieux, on retrouve Charles Perrault, une Colbert, les Hotman. Il se garde toutefois la meilleure place pour construire sa résidence.

Deux nouvelles rues furent tracées afin de permettre qu’on puisse arriver sur la place en admirant la statue avec en toile de fond la façade d’un hôtel.

Ce plan fut mis à sac lors du percement de la rue Catinat (à la place de l’hôtel du maréchal de la Feuillade) d’abord et de la rue Etienne Marcel ensuite.

La place était circulaire. Seules deux maisons d’angles côté rue d’Aboukir et l’autre, rue Vide Gouset furent conservées et rompaient le cercle de la place au nord.

 

Des façades régulières et organisées

Dessinées par Jules Hardouin Mansart, les façades devaient comporter des arcades pleines (39 au total). Au dessus, deux étages, ornés de pilastres d’ordre ionique, étaient autorisés.

Lors de l’inauguration de la place le 26 mars 1686, le dauphin, représentant le roi, vint admirer la statue dans un décor de murs sortants juste de terre et ornées de décoration de stuc. En janvier 1687, pour la venue du roi, seuls les bâtiments de la ville étaient réalisés et des bâches bouchaient les espaces vides pour l’occasion. C’est ensuite que les façades furent réalisées.

 

facade place victoires
Façade de la Place des Victoires par Jules Hardouin Mansart – Style Louis XIV

 

Au fil de l’histoire, différentes statues se sont succédées au centre de la place des Victoires

 

La première statue : Louis XIV, auréolé par la victoire, piétinant ses ennemis

Après la conclusion du traité de Nimègue, le maréchal des Feuillades, courtisan s’étant fait remarquer lors de la guerre de Hollande et précédemment en se battant contre Saint-Aunès, noble qui avait publiquement dénoncé le roi, commande une statue de Louis XIV.

Lorsque le projet du maréchal se diffusa, le roi lui donna un bloc de marbre blanc. On raconte que lors du trajet le conduisant rue Saint Honoré, le bloc de marbre dut laisser passer le prince de Condé qui passait alors par là.

Martin Desjardins fut chargé de la sculpture : le roi est représenté en marbre, à pied, sur un piédestal. Contrairement à l’usage pour un tel monument, le roi est vêtu avec son costume de sacre, avec le bâton de couronnement et non en costume d’empereur romain. Il foule au pied un cerbère symbole censé désigner la Triple Alliance, vaincue par le roi. Au dessus du roi, une victoire, s’élançant d’un globe, élevait de la main droite une couronne de lauriers et tenait par sa main gauche des palmes.

Quatre esclaves de bronze étaient assis au quatre coins : l’un était un vieillard abattu, le second un jeune esclave cherchant à rompre ses chaînes, le troisième d’un âge mur et un quatrième différemment. Chacun avait la nationalité d’un pays vaincu : l’Espagnol, le Hollandais, l’Allemand et le Turc. Entre chaque esclave, un bas relief représentant :

  •  L’ambassadeur d’Espagne indiquant que le roi d’Espagne cède le pas devant Louis XIV,
  • Le passage du Rhin,
  • La prise de Besançon,
  • Louis XIV donnant la paix à l’Europe.

La statue fut installée enfin place des Victoires en novembre 1685. Le modèle utilisé par Desjardins fut ensuite transféré à Versailles pour être placé dans l’Orangerie.

Quatre fanaux furent positionnés pour éclairer la statue. Sur chacun des fanaux, on plaça des médaillons représentant des moments important de la vie du roi. L’éclairage cessa en 1699 et les fanaux furent supprimés en 1717.

 

En 1792, la statue fut abattue et remplacée par une pyramide en bois. Les esclaves furent eux conservés et déplacés ensuite au Louvre.

Avant sa destruction, le monument fut utilisé pour dénoncer l’ancienne tyrannie. On peut citer par exemple la présence de gardes du Jura dont le “spectacle humiliant de la patrie enchaînée” fut détruit par les révolutionnaires, avant d’aller saluer Louis XVI ayant accepté la monarchie constitutionnelle.

 

La statue du général Desaix, héros des épopées napoléoniennes

Le général Desaix fut célébré entre 1810 et 1814 au centre de la place des Victoires avec un monument grandiose réalisé par Claude Dejoux le représentant en héros grec sur un piédestal.

Le piédestal était entouré de plaques de marbre, sur lesquelles on avait représentées des têtes égyptiennes et de hiéroglyphes.

Dés la première restauration, la statue est retirée. Le bronze de la statue fut ensuite repris pour faire la statue d’Henri IV située au bout du pont neuf sur l’île de la Cité.

 

Le général Desaix était un officier de Napoléon lors de ses premières batailles. En effet, il l’accompagna lors de son expédition en Egypte de 1798 en organisant d’abord le transfert en mer puis en allant conquérir la Haute Egypte. Auparavant il s’était illustré dans l’armée de Rhin et de Moselle en 1794 lors des batailles menées pour protéger la jeune république.

Il meurt en 1800 lors de la campagne d’Italie, emporté par une balle, en pleine bataille de Marengo. De nos jours, il demeure honoré par le square Desaix situé dans le XVe arrondissement et par une statue située sur la façade du Louvre.

 

La statue actuelle : Louis XIV à cheval

A la restauration, Louis XVIII commande une statue représentant Louis XIV pour la placer au centre de la Place des Victoires. Un temps prévu en marbre, elle fut réalisée en bronze. Comme les autres nouvelles statues d’Henri IV et Louis XIII.

Elle fut fondue selon le modèle de François Joseph Bosio. La fonte fut réalisée en deux temps : en mai 1821 pour le roi et en mai 1822 pour le cheval. L’inauguration est lieu en août de la même année.

Contrairement à la première statue à pied, la nouvelle représente le roi sur un cheval. Celui-ci ne repose sur le sol que par les pieds arrières. Dorénavant, le roi est vêtu en empereur romain et non en costume de sacre. 

Le piédestal comporte deux bas relief : le passage du Rhin et l’installation de l’ordre royal et militaire Saint Louis.

C’est au pied de cette statue, que la première victoire des journées révolutionnaires de juillet 1830 fut déposée, point de départ de la colère de la foule.

 

Pour visiter la Place des Victoires :

Place des Victoires 75002 Paris

M°Bourse (L3)

Bus Ligne 29 (Arrêt Victoire) , 39, 48 (arrêt Bibliothèque nationale)

 

Sources bibliographiques :

 

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