Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de Seine

Les statues des ponts de Paris

Les statues des ponts de Paris s’inscrivent dans une tradition royale, pour ensuite inscrire dans le progrès économique la ville

 

La Seine fut historiquement la plus importante artère de communication de Paris, tout du moins depuis sa période médiévale jusqu’au milieu du XXe siècle.

Aussi, les ponts qui servaient de passage entre les rives, étaient bien en vue du fleuve et des marchands venant en bateaux. Cet espace fut ainsi largement occupé pour placer une statuaire grandiloquente et fortement enrichie de messages.

La mise en avant de la personne royale : La statue d’Henri IV sur le pont Neuf

En traversant le pont Neuf, le regard est automatiquement arrêté par la grande silhouette d’Henri IV au niveau de l’île de la Cité. La statue actuelle date du XIXe siècle et de la Restauration. Toutefois, elle remplace une statue édifiée en 1604 et abattue à la Révolution

Cette statue s’inscrit dans une tradition plus ancienne. Elle permettait en effet, de placer la personne royale au milieu des parisiens.

Ensuite, sous le règne de Louis XIV cette approche fut largement reprise :

  • Avec le monument du pont au Change, où le roi est présenté au-dessus de ses parents,
  • Aux quatre extrémités du pont Notre Dame, où Louis XIV s’affiche avec Saint Louis, Henri IV, Louis XIII.

 

La statuaire du pont de la Concorde, ou la valse des grands hommes des régimes qui se suivent :

Napoléon plaça sur le pont, en 1810, les statues de 8 généraux morts au champ d’honneur.

Elles furent retirées à la Restauration pour mettre en valeur (commandées en 1816 et posées avant 1829) les grandes figures d’ancien régime :

  • 4 ministres : Colbert, Richelieu, Suger et Sully
  • 4 militaires : Bayard, Grand Condé, du Guesclin et Turenne
  • 4 marins : Duguay Trouain, Duquesne, Suffren et Tourville

Louis Philippe les fit déplacer dans la Cour d’Honneur de Versailles, sous prétexte qu’elles étaient trop lourdes pour le pont (Elles furent ensuite dispersées en 1914).

 

L’armée et la victoire militaire, au cœur de la statuaire de Napoléon III et du Second Empire

Les années 1850 et 1860 sont l’occasion pour Paris de construire ou de remplacer de nombreux ponts parisiens. Ainsi, cette intense construction est utilisée pour afficher des statues, souvent sur des ponts préalablement existants.

 

Cette statuaire s’appuie globalement sur les soldats et la victoire :

 

La valorisation de l’économie parisienne

Tout d’abord, la statuaire des ponts met en avant la navigation et le commerce fluvial. Le fleuve apporta une des premières richesses de la ville et la municipalité est l’héritière de la Compagnie des Nautes de Paris. On retrouve :

  • Sur le pont Mirabeau, où des bateaux descendent et remontent la Seine, faisant voguer l’un la ville de Paris portée par la navigation et le second le commerce apportant l’abondance.
  • Sur le pont Alexandre III, on retrouve les allégories fluviales avec les génies des eaux, mais aussi les nymphes de la Seine. Les bateaux ne sont pas loin : sur les colonnes des pylônes.
  • Enfin, le viaduc d’Austerlitz reprend lui aussi cette ambiance fluviale dans son décor sur le tablier métallique mêlant l’activité des Halles sur les culées avec le bœuf.

Au cours du XIXe siècle, le progrès et la révolution industrielle s’installent à Paris. Ils s’affichent

  • dés les années 1840 sur le pont du Carrousel avec la ville de Paris et la Seine, faisant face à l’abondance et l’industrie.
  • Puis au début des années 1900, sur le pont Bir Hakeim on retrouve la science et le travail à proximité de l’électricité et du commerce.

 

Et une mise en scène de Paris et de la France

Sur le pont Bir Hakeim, réalisé au début des années 1900, on voit sur les piles des nautes portant le blasons de la ville. Ils sont le symbole de la municipalité. A côté, on voit des forgerons riveurs qui fixent sur le pont le blason de la République. Ainsi Paris se veut à la pointe dans l’installation de la République.

Devant le pont, sur le terre-plein de l’île aux Cygnes, se dresse une statue de la France renaissante. Elle fut donnée par la colonie danoise à Paris en 1930.

 

Le pont Alexandre III va plus loin avec ses renommées dorées en haut de leurs pylônes. A leurs pieds, les représentations de la France à travers les âges : Moyen Age, Renaissance, Louis XIV et moderne.


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