Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les taillandiers et ferblantiers

Les taillandiers et ferblantiers, des ouvriers parisiens spécialisés dans la fabrication d’outil en fer blanc.

 

Une communauté partie prenante des fèvres maréchaux au Moyen Age

Au XIIIe siècle, à la date du Livre des métiers d’Etienne Boileau, le travail des gros fer faisaient partie des attributions des fèvres maréchaux. Aussi les taillandiers étaient une spécialité de cette communauté et se chargeaient de fabriquer des outils en acier, trempé ou blanchi.

En outre, Paris comptait en 1292, 11 ferrons qui travaillaient spécifiquement le fer, à côté des 74 fèvres régulièrement établis dans la ville.

A noter que Paris disposait aussi de vrilliers qui produisaient des limes et des outils pour percer. Ceux ci cherchèrent à se séparer des fèvres, en obtenant des statuts en 1320 mais revint dans la corporation des fèvres en 1463.

 

Prise d’indépendance des taillandiers au XVe siècle, avec l’aide du prévôt pour obtenir l’assentiment des métiers clients

Aussi, deux siècles s’écoulèrent encore pour les fabricants d’outils en fer s’établissent dans une communauté distincte. En 1463, des statuts sont donnés et créent une nouvelle corporation, sous le nom alors des marchands de grands taillands blancs et vrillerie.

Pour bien faire reconnaître cette nouvelle communauté, le prévôt fit jurer bien évidemment les nouveaux maîtres, mais aussi l’ensemble des métiers destinés à travailler avec elle, en particulier ceux qui achetaient leurs outils : charpentiers, bûcherons, vignerons, maraichers...

Ces statuts précisaient les bonnes conditions de qualité des outils, notamment le trempage et la préparation de l’acier pour fabriquer cognées, serpes, vrilles, tarrières, scies, faucilles… Comme de nombreux métiers parisiens, chaque maître devait apposer sa propre marque sur sa production. Quatre jurés étaient préposés au contrôle du travail.

Le travail devait cesser chaque soir à 8 heures. En outre, 6 années d’apprentissage étaient requis et les fils de maître  étaient dispensés de chef d’oeuvre.

 

En 1467, ils, sous le nom de serpiers, sont positionnés dans la même milice que les cloutiers.

Ce fut en 1573 que le nom de taillandiers leur est véritablement donné, dans la confirmation de leurs statuts faite par Charles IX.

 

Le XVIe siècle, ou le développement des taillandiers grâce à l’arrivée du fer blanc

En 1642, de nouveaux statuts sont donnés et intègrent pour la première fois une nouvelle technique qui arrive alors en France : le fer blanc.

Bien qu’inventé au XIIIe siècle en Bohème et en Saxe, ce n’est qu’au XVIIe qu’il fait son entrée à Paris. Le fer blanc est obtenu en fusionnant le fer en feuille et en l’entourant ensuite d’étain. Ce procédé se répand alors pour les objets de la cuisine, la table.

En 1665, une manufacture royale est installée et fournit de nombreux objets dans les marchés parisiens, en concurrence avec ceux réalisés par les taillandiers, appelés également les ferblantiers. Mais, cette situation n’empêcha guerre la corporation de se développer largement.

Selon Savary, elle comptait alors quatre spécialités :

  • les taillandiers des œuvres blanches, (ouvrage de fer tranchant et coupant, comme les bêches, faux, outils de charpentier…)
  • les grossiers, (objet de cuisine, comme les chenets, pincettes, barres, couperets)
  • les vrilliers et tailleurs de limes, (forets, vilebrequins, fermoirs, burins, tenailles)
  • les ouvriers en fer blanc et noir. (plats et aiguière, lanternes, girouettes, moules à pâtissier)

Quatre jurés contrôlaient toujours le métier et 5 années d’apprentissage étaient requises.

 

La confrérie des taillandiers étaient dédiée à Saint Eloi et installée dans l’église du Saint Sépulcre.

 

Malgré sa taille, la profession fut peu touchée par les taxes exceptionnelles de la fin du XVIIe siècle : 2 400 livres pour l’union des jurés, 3 300 pour celles de visiteurs des poids et mesures;

 

Sources bibliographiques :

 

 

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