Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les tailleurs d’habits

Les tailleurs d’habits, une communauté prospère, dont les jurés avaient nombre de difficultés à contrôler… en raison de sa taille.

 

Une communauté qui s’organise au XIIe siècle

Dés le XIIe siècle, les métiers du vêtements à Paris s’organisent en communauté : apprêteurs de robes, tailleurs de robes, couturiers, doubletiers, pourpointiers, juponniers, chaussiers, braliers de fil, bonnetiers

Les couturiers formaient le gros du bataillon, avec des ouvriers qui se chargeaient des coutures. La coupe était le privilège du maître tailleur. Tous appartenaient alors à la même communauté. Même si les pourpointiers s’émancipèrent au XIVe siècle, les tailleurs d’habits régnaient en maître, tout en veillant à garder autorité sur les couturières. 

Présents dans le Livres des Métiers d’Etienne Boileau, les tailleurs d’habits disposent alors de statuts protecteurs. Les robes étaient alors des vêtements d’homme, dont les étoffes et l’allure variaient suivant les époques et les clients. Du fait de son importance d’alors, ils étaient dispensés du guet. 

 

Peu de temps après Etienne Boileau, de nouveaux règlements sont donnés en 1294. On cita alors les noms des grands couturiers de l’époques, à savoir ceux qui travaillaient pour le roi, la reine, les princes, l’évêque… Ainsi, à cette date, 80 maîtres sont mis en avant. Toutefois, dans leur contenu, les statuts n’évoluent que légèrement : 

  • le prévôt est chargé de nommer les maîtres 
  • le travail doit se faire à la vue de tous dans l’atelier, 
  • la séparation des taches avec les fripiers est affirmée : aux fripiers le vieux, aux tailleurs d’habits, le neuf. 

On décida alors de désigner trois jurés pour contrôler le métier, tout en veillant à ce qu’ils soient établis dans des quartiers différents. 

 

Au XIVe siècle, les maîtres assoient leur domination avec le privilège de la coupe qui fut alors davantage contrôlée

En 1358, les valets couturiers demandèrent la possibilité de réaliser les doublets sans faire intervenir les maîtres tailleurs. Ce vêtement était très demandé en ville. Toutefois, cela ne leur fut pas autorisé

Le prévot de Paris, Jehan Bernier, renouvela les statuts en 1366. Augmentant le nombre de jurés à 4, il chercha à augmenter les contrôles de la production. En effet, l’étoffe avait en elle même une plus grande valeur que le travail de coupe. Aussi, on déplorait dans Paris la mauvaise qualité du travail qui se faisait alors. Aussi, il fut décrété que pour être maître et pouvoir avoir son propre ouvrage, il était nécessaire d’être admis par les jurés. Deux exceptions furent alors reconnus : les ouvriers qui avaient travaillé dans des maisons de grands seigneurs et ceux intervenant dans la confection de vêtement pour enfant. Les premiers étaient considérés comme ayant eu de  fait une bonne formation et les seconds comme une métier de second niveau, sans qu’il ne soit nécessaire de garantir leur qualité. 

Les doublets devaient alors être garnis d’étoffes neuves en soie ou en fil. Aussi, interdites la laine et l’étoupe ! 

Enfin, on autorisait alors des dispense de chômages lors de la confection d’habits pour des princes ou pour la préparation de grandes assemblées. 

 

Au XVIe siècle, les jurés eurent des renforts, en raison d’un profession croissante

En 1583, Henri III renouvela à son tour les statuts. Une fois de plus les maîtres réussirent à contenir les revendications de leurs ouvriers. Aussi, pour pouvoir confectionner des vêtements d’homme et de femmes, la maîtrise était indispensable. 

Les tailleurs des princes avaient pour obligation de les suivre, sans disposer de leur atelier. 

La confrérie, dédiée à la Trinité, qui date de 1402, est entretenue par les dons volontaires de ses membres. Elle permettait d’organiser des messes pour les vivants et les morts mais aussi aider les membres du métier dans la nécessité. 

En outre des quatre jurés, on leur donna 8 bacheliers pour les aider dans les visites. En effet, la communauté s’était considérablement étendue dans tous les quartiers de la ville. 

 

La  fusion des tailleurs d’habits et des pourpointiers au XVIIe siècle

Egalement, au XVIe siècle, on rappelait la séparation des rôles entres les métiers : 

  • Aux tailleurs d’habits les vêtements longs,
  • Pour les pourpointiers les vêtements courts, soit au dessus du genou, 
  • Aux chaussetiers les vêtements pour les jambes. 

En 1658, pourpointiers et tailleurs d’habits formèrent une liste unique de maîtres qui fut publiée par le Parlement. L’union fut réalisée en 1660. Des nouveaux statuts furent alors publiés. 

C’est également cette communauté qui réalisa les habits de ballets et de tragédie. 

Toutefois, la communauté devenait pléthorique : 1 600 maîtres. Aussi la question des contrôles se posait avec beaucoup de détail : les quatre jurés pouvaient s’appuyer sur les anciens jurés et leurs 8 bacheliers. On rajouta également 16 nouveaux élus, choisi parmi trois classes : les anciens, les modernes et les jeunes.

 

Les unions des offices des jurés coûtèrent 70 000 livres. Celles des inspecteurs des jurés s’éleva à 120 000. 

 

Sources bibliographiques

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