Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les tissutiers et rubaniers

Les tissutiers et les rubaniers formaient une petite communauté d’ouvriers de travail de la soie parisienne.  

 

Les ouvriers en soie au Moyen Age 

On trouve dans le Livre des Métiers d’Etienne Boileau trace des filaresses de soie au XIIIe siècle. Elles se chargeaient de filer, doubler et retordre les fils de soie pour  être tissés ensuite.

Ensuite intervenaient les laceurs de fil et de soie : ceux-ci se chargeaient de fabriquer des lacs ou cordons qui pouvaient flotter sur des harnais, retenir flacons et aumônières, attacher des sceaux….  Ces laceurs furent ensuite appelés dorelotiers. 

De leurs côtés, les crépiniers travaillaient à l’aiguille et au métier pour fabriquer des passements, franges et broderies pour les coiffures et tentures. Les tisserandes de soie, elles, doublaient les étoffes pour la coiffure.

Selon la Taille de Paris, en 1292, il existait en ville 32 crépiniers, 14 dorelotiers, 8 filaresses de soie, 6 lacières. 

 

 

Installation d’une communauté d’abord appelée dorelotiers

Aux XIVe et XVe siècles, on trouve des rubans de soie dans de nombreux usages : vêtements, tapisserie, harnachement… Rubans et tissus étaient opposés aux draps et velours réalisés dans des plus grandes tailles. 

Certes la majorité des étoffes et tissus en soie se trouvant à Paris étaient importés : du Levant, d’Italie, de Lyon, d’Amiens. Toutefois, on trouvait une petite production locale. 

C’est en 1327 que les dorelotiers s’organisent en communauté et obtiennent du prévôt leurs statuts.  En 1404, ils font évoluer leurs textes et leurs noms pour devenir les rubaniers. 

A cette date, le chef d’oeuvre pour acquérir la maîtrise consistait à la réalisation de rubans croiseté, échiqueté, blanc et d’une frange de quatre couleurs… On pouvait utiliser laine, soie et fil, tout en veillant à ne jamais les mélanger dans la même pièce. 

La maîtrise coûtait 20 sols au roi, 10 sols à la confrérie et 10 sols aux jurés. La journée de travail s’étalait entre la première messe et finissaient à 9 heures du soir. Trois jurés contrôlaient la communauté qui veillait à ne jamais contenir dans son sein de personnes de mauvaise vie. 

La confrérie était dédiée à Notre Dame et était établi dans l’église de Notre Dame des Champs. 

 

Ces statuts furent confirmés en 1425 et 1475. L’apprentissage était alors de 4 années et le nombre de jurés est porté à 4.

En 1481, les sayeteurs obtinrent des statuts. Il s’agissait d’un métier de tissage qui travaillait au métier et pouvait également réaliser du filage d’or. 

 

La fusion des métiers de la soie pour former les tissutiers rubaniers

En 1566, l’ensemble des ouvriers de soie sont réunis dans une même communauté, sous le nom de tissutiers rubaniers. On reconnait plusieurs spécialités en son sein mais on renouvelle les 4 années d’apprentissage et les 4 jurés. Cette nouvelle situation réduisit les contestations des visites qui avaient pu exister préalablement et favorisa l’expansion du groupe.

Enfin, la communauté connut une nouvelle mouture de ses règlements en 1585. Dix ans plus tard, un arrêt du prévôt interdit le colportage, obligeant les maîtres à livrer eux même leur production. 

A noter que la profession dut faire face à la concurrence d’une manufacture royale d’étoffe de soie et or en 1603. Douze année d’existence qui se termina par une réunion des ouvriers qui y avaient travaillé dans la communauté. 

 

L’union des offices des jura coûta aux tissutiers rubaniers 16 000 livres. A cela, il fallut rajouter 13 000 livres en 1702 pour les trésoriers payeurs, 10 000 livres pour les visiteurs des poids et mesures. 

Cela n’entrava pas le développement de la communauté qui atteignit en 1750 le nombre de 750 tissutiers rubaniers. La communauté entra brièvement dans le Six Corps en 1776 lors de la réorganisation des métiers de Paris.

 

Sources bibliographiques

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