Histoires de Paris

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Repères

L’aménagement de la défense de Paris en 1870

L’aménagement de la défense de Paris en 1870 : comment protéger la ville avant le début de l’état de siège ?

 

Au cours de la première moitié de septembre 1870, le temps presse à Paris. La campagne lancée à l’été par Napoléon III s’est soldée par un gigantesque échec. Au lieu d’envahir comme prévu les états allemands, c’est la coalition menée par la Prusse qui avance dans la campagne française. La bataille de Sedan, le 1er septembre, est un véritable désastre.

Pour le nouveau gouvernement constitué sur les ruines du régime impérial, l’heure est à la défense. Les Prussiens avancent avec un rythme effréné vers la capitale. Devant Paris, se jouera, tout le monde est certain, la bataille de France ! Là se déterminera l’issue du conflit.

 

Le renforcement des troupes

En prévision de cette bataille, les forces sont essentielles, ce d’autant que les dépêches annoncent l’arrivée de renforts de Prussiens traversant quotidiennement le Rhin.

L’heure est à l’urgence. En effet, une partie très significative des troupes de Mac Mahon, vaincues à Sedan ont dû accepter de signer un retrait du conflit, tout en se constituant prisonniers. Aussi, l’enjeu pour les autres régiments qui avaient pu rester en retrait ou s’échapper de la bataille, est de revenir au plus vite à Paris. Il est décidé que la ville serait le nouveau lieu d’affrontement, dans le cadre des gigantesques défenses constituées pour protéger la capitale.

 

Cependant, comme l’armée régulière ne suffit pas, il est rapidement retenu de reconstituer la garde. Cette troupe installée lors de la Révolution et qui avait été retirée par Napoléon mais aussi par les monarques qui l’ont suivi, est composée de citoyens plus ou moins volontaires. On distingue ainsi la garde nationale fournie par l’ensemble des départements de la garde sédentaire, constituée des parisiens en âge de se battre qu’il faut enrôler sous l’uniforme.

Au total, ce sera 200 000 soldats qui seront dans Paris lors de la grande revue militaire du 13 septembre 1870, quelques jours avant le déclenchement du siège.

 

L’organisation des défenses à Paris

En 1870, Paris est lourdement protégée. Ainsi, la ville est entièrement entourée de remparts, l’enceinte de Thiers, dont le tracé se retrouve aujourd’hui dans la bande séparant des boulevards des Maréchaux et du boulevard périphérique. Les fortifications, comme on les appelait, empêchaient toute possibilité de prendre la ville de force.

En outre, on avait construit, tout autour des fortifications un ensemble de forts.

Ainsi, les soldats chargés de la défense de la ville furent répartis dans ce vaste ensemble défensif. La tactique recherchée par l’état-major français est simple : tenir les Prussiens devant Paris, le temps de constituer des renforts nombreux venus de tout le pays.

 

Vérification du système de défense

Comme elle avait été construite entre 1841 et 1844, on s’attacha à vérifier tout d’abord l’état de l’enceinte de Thiers.

Mais ce n’était pas le seul point à surveiller. Aussi, pendant les jours précédant, les rumeurs vont bon train sur les risques autour des carrières et des catacombes.

En effet, au cours de son temps, du fait de l’exploitation du sous-sol, de nombreuses carrières ont été creusées. C’est notamment le cas dans le sud de Paris, entre les forts d’Issy et de Montrouge. Aussi, les soldats devaient pouvoir se déployer auprès d’ouvertures de carrières.

Les catacombes sont aussi au centre du débat. Les bruits évoquent de temps des activités potentielles d’espionnage pour disposer des plans des catacombes. Ce réseau de carrières et où avait été déplacé les restes des cimetières parisiens pouvait constituer un point faible.

Pour ce qui concerne les égouts, des programmes furent retenus pour être en mesure de les boucher et les enfermer des éventuels assaillants, tentant de passer par là.

 

Sur les hauteurs de Montmartre

Du fait de sa position haute, mais aussi pas si éloignée des fortifications au nord, la Butte Montmartre était stratégique dans le système de défense. Tous les souterrains autour des forts mais aussi des fosses longeant l’enceinte furent inspectés attentivement.

Aussi, les idées ne manquaient pas pour l’utiliser et renforcer la défense.

Tout d’abord, on édifia un véritable phare, tout près du moulin de la Galette. Le souhait, là, était de pouvoir éclairer avec une très grande portée et repérer des mouvements possibles des Prussiens cherchant à se rapprocher de l’enceinte à la faveur de la nuit.

Ensuite, tout près, on plaça de nombreux canons. Tout comme pour le siège de 1814, le moulin de la Galette conserve son intérêt pour la défense de la ville.

Enfin, sur l’idée de Nadar, on y installa un ballon aérostatique. Avec de la hauteur, l’objectif était de pouvoir voir encore plus loin, tout en communiquant avec les forts situés à l’extérieur. Il s’installait dans un réseau plus large de ballons.

 

La défense fluviale

La Seine ainsi que la Marne ne furent pas oubliées dans le système de protection. Ce sont de véritable escadrille qui mise sur pied… enfin sur l’eau. Elle se composait trois types d’embarcations : les batteries flottantes démontables, les chaloupes canonnières et les chaloupes voilettes.

« La batterie flottante est un bâtiment de guerre à hélice à fond plat, dont les parois sont rendues d’une cuirasse en fer battu de 6 à 3 centimètres d’épaisseur, juxtaposées sur des madriers de cour de chêne épais de 30 centimètres, par conséquent ne craignant pas le choc des boulets des pièces de campagne et mème de siège. Chacune de ces batteries flottantes est armée de deux fortes pièces de canon placées à l’avant du bâtiment, derrière une route de rempart en fer, qui protège l’équipage. »

« Les canonnières blindées à hélice, au nombre de huit, ont à peu près la forme des bateaux-mouches qui font le service de voyageurs sur la Seine. Elles sont armées d’un énorme canon à l’ayant du bâtiment. »

« Quant aux chaloupe-vedettes, au nombre de six, elles ont une forme analogue à celle des canonnières démontables ; comme celles-ci, elles sont armées d’un seul canon à l’avant. »

Ainsi constituée cette escadrille était présente autant en amont qu’en aval. Le bassin de Saint Cloud fut particulièrement concerné par ces installations, en ce lieu où les bâtiments de guerre avaient remplacé ceux de plaisance.

 

Que faire de la circulation des personnes ?

Cette question occupa plusieurs réflexions. Alors que la menace se faisait toujours plus pressante, les autorités annoncèrent qu’à partir du 15 septembre, plus personne ne pourrait n’y entrer, n’y sortir de Paris sans disposer d’une autorisation fournie par le ministère de l’Intérieur.

Toutefois, vu la quantité de gens venus de banlieue et des villes autour de Paris, cette disposition fut difficile à mettre véritable en œuvre. Elle fut retirée quelques temps plus tard, avant que la situation de siège ne s’installe véritablement.

 

Sources bibliographiques :

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