Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires d'art

L’an 2440 de Louis Sébastien Mercier

L’an 2440 de Louis Sébastien Mercier, rêve d’un autre Paris et d’une société, différentes de l’Ancien Régime.

Les amateurs de l’histoire de Paris connaissent bien Louis Sébastien Mercier. En effet, cet auteur s’est illustré par plusieurs tableaux de Paris à son époque.

En effet, dans les années 1780, il s’était intéressé à réaliser une fresque du Paris juste avant la Révolution. A la fois descriptive et souvent très critique de la population et du pouvoir d’alors, cette fresque racontait une société complexe et en crise.

Ensuite, après les moments les plus tendus de la Révolution, il réalisa une seconde fresque : le Paris juste après la Révolution. Soutien du Directoire, Mercier avait gardé ses distances avec Robespierre et la Terreur.

Cependant, Louis Sébastien Mercier est également l’auteur d’une des premières œuvres de roman d’anticipation. Ainsi, en 1771, il publie l’an deux mille quatre cent quarante, rêve s’il en fût jamais.

 

L’ambition de l’an 2440

Dans son avant propos, Mercier revient sur l’ambition qui l’a conduit à rédiger cet ouvrage. Il commence ainsi : « Désirer que tout soit bien, est le vœu du philosophe. »

Ainsi, en quelque sorte, cet ouvrage est le contraire de son Tableau de Paris : il s’agit de faire le rêve d’une meilleure ville :« Dormir, voilà donc notre félicité » au lieu de « gémir ».

Pour Mercier, l’an 2440 est l’  « année qui doit amener la félicité ». Ainsi, « les rois qui sont aujourd’hui assis sur des trônes ne seront plus ; leur postérité ne sera plus ».

Quand on lit ça, rédigé 20 ans avant la Révolution, on peut imaginer ce que ressentit Mercier après 1793.

 

Un roman en nombreux chapitres, à la manière d’un tableau

Tout comme le Tableau de Paris, on retrouve une multitude de chapitres dans ce roman. On trouve ainsi traité progressivement de passage à la friperie, des portes faix et des voitures, comme le Collège des quatre nations et l’Université.

L’œuvre finit par la politique et Versailles.

 

Le « nouveau Paris » : rêve d’une meilleure ville pour une meilleure société

A la manière d’une promenade, Mercier rêve d’une ville en quelque sorte achevée. Achevée les travaux du Louvre, avec le raccord des deux côtés du Louvre avec les Tuileries.

Finie, la présence des maisons sur les ponts. Ainsi, il pouvait profiter d’une vue dégagée sur la Seine. Enfin, Mercier imagina qu’elles disparurent des suites d’un accident causé par un feu d’artifice.

Ensuite, les deux ailes du Collège des Quatre nations (aujourd’hui l’Institut de France) que Mercier n’appréciait pas devaient aussi être détruite. De son côté, l’Hôtel de Ville devait être placé, en face du Louvre, afin de permettre au peuple de vraiment profiter des fêtes qui lui seraient dédiées.

La Bastille serait également supprimée, tout comme les représentations des esclaves au bas des statues royales, comme il y avait sur la place des Victoires. A la place de l’ancienne forteresse, Mercier suggéra de positionner un temple à la Clémence. Son idée était qu’aucun citoyen ne pourrait être emprisonné sans avoir fait l’objet d’un procès public.

A chaque coin de rue, Mercier imaginait une fontaine où une eau pure et transparente coulait. Elle rejoignait ensuite le milieu de la rue, lavant abondamment le pavé.

De cette manière, les rues seraient belles, avec des façades propres. Les bâtiments seraient commodes dans des toits en pentes faisant tomber des tuiles à chaque coup de vent. Finies les cheminées pouvant tomber à chaque instant. A l’intérieur de ces maisons, les escaliers seraient clairs, permettant de monter aux étages. Là haut, chaque immeuble aurait une terrasse,d’un même niveau permettant de profiter des hauteurs de la ville, dans un mélange de fleurs, de fruits et de verdure.

De son côté, l’Hôtel Dieu avait été chassé de l’île de la Cité. Il était remplacé par vingt maisons particulières  aux différentes extrémités de la ville.Ainsi, chaque malade aurait son lit et une chance de s’en sortir.

 

Sources bibliographiques :

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