Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

Le bal Mabille

Le bal Mabille, une institution du bal toute l’année, où se retrouvait le Paris littéraire, autour de ses reines.

 

Le bal Mabille était situé sur l’avenue Montaigne à proximité des Champs Elysées. Ce fut une institution de la danse de la seconde moitié du XIXe siècle.

Fondé en 1831 par le père Mabille, il était à ses débuts destiné uniquement aux élèves du professeur de danse. Il fut élargi en bal ensuite.

Un bal dans un jardin à proximité des Champs Elysées

Les lieux se trouvaient sur le chemin du retour du Bois de Boulogne emprunté par le beau monde vers 4 heures de l’après-midi en hiver et 8 heures du soir en été.

Situé dans un jardin d’environ mille mètres carrés de surface, il disposait d’un abri, coiffé d’un chapeau chinois en son centre. C’était là que s’installait son orchestre. Autour, un grand cercle permettait de danser.

L’espace était couvert d’arbres. Toutefois, on y avait des becs de gaz pour éclairer les lieux. On dansait la nuit aussi dans le bal Mabille.

Au fond du jardin, un bâtiment carré servait de refuge les jours de pluie. Son côté gauche était le repère du limonadier

 

Les parisiens du Bal Mabille

Le bal Mabille pouvait accueillir aux alentours de 3 000 personnes. Les participants venaient danser et s’amuser… tout en cherchant des aventures. Les femmes venaient s’amuser et se faire offrir des beaux cadeaux. Les hommes y venaient pour chercher maîtresses. Parmi ces dames, se glissaient de nombreuses lorettes, les célèbres prostituées vivant à proximité de Notre Dame de Lorette.

Souvent, lorsqu’un participant était reconnu comme régulier, il s’inventait journaliste. Il venait en effet se renseigner sur les mœurs légères des lieux.

Toutes les classes de la société étaient les bienvenues… à condition de s’acquitter du ticket d’entrée. En effet, ce fut au Bal Mabille qu’on inventa l’entrée à prix unique. Auparavant, on payait pour chaque danse.

On pouvait ainsi croiser un député, un poète… Tout le Paris littéraire se retrouvait en ces lieux.

 

Des jours de danse distincts suivant les classes sociales

Les femmes honnêtes se rendaient dans le jardin les dimanches et lundis. En effet, c’était le dimanche le jour le plus populaire. Ainsi dansaient dans les lieux également les garçons tailleurs et autres parisiens. Toutefois, tous respectaient la règle : venir avec un chapeau digne de ce nom. Le béret était interdit.

En complément, le bal était ouvert le jeudi. Le samedi fut ensuite choisit également. Ce fut un jour d’élégance et de mode. Ainsi le samedi était aristocrate et le lundi ouvrier.

Plus tard, on dansa également le mardi.

 

Les grands noms du Bal Mabille

De nombreuses danseuses se firent un nom à Mabille.

Mademoiselle de Pomaré, dite Brin d’amour, était la reine du Bal Mabille. Née à Paris en 1813 d’un père bedeau de Notre Dame des Champs, et d’une mère revendeuse de linge. Après s’être exercée de nombreuses fois au Bal de l’Opéra, elle vint à Mabille danser la polka.

Louise Mousqueton était aussi un grand personnage des lieux. Née à Metz, elle rejoint Paris, suivant un écolier partant en vacances. Trainant dans les rues, elle fut placée dans un magasin de mode. Habituée du bal de l’Opéra, elle faisait fureur à Mabille, sous le patronage de Pomaré.

Céleste Mogador fut la légende des lieux. Elle marqua avec sa danse le bal du 26 septembre 1844. Ce soir-là, les participants du bal lui donnèrent une couronne de fleur pour sa polka.

Mademoiselle Ruminante naquit le 1er avril 1820 au pied de la chaîne du petit Atlas en Algérie. Au moment de la prise d’Alger, elle s’éprit d’un soldat. Surprise par son père, elle dut s’enfuir et devint cuisinière de l’armée française. Arrivée à Paris, elle alla au théâtre des Variétés. Elle fut repérée par Pomaré qui l’emmena avec elle au Bal Mabille.

 

 

Le jardin du Bal Mabille reçut deux bombes lors du siège de 1870. Il ferma en 1875 et fut démoli en 1882.

 

Sources bibliographiques :

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