Histoires de Paris

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Vies de fêtes

Le ballet de la Reine

Le ballet de la Reine, un spectacle grandiose organisé par Catherine de Médicis qui lança l’opéra français…

 

Pendant le règne de ses trois fils, Catherine de Médicis a porté un grand soin à la représentation du pouvoir. Dans ses bagages venus d’Italie, elle avait porté un nouvel art : le ballet.

Après des premières représentations lors de la Défense du Paradis en 1572 et le ballet des Polonais en 1573, elle récidive avec Circé, qui restera dans l’Histoire comme le ballet de la Reine en 1581.

 

Une œuvre de Baltazarini

Circé avait été conçu pour la Cour de France par un auteur italien : Baltazarini. Envoyé en 1577 par le gouverneur du Piémont pour se mettre au service de Catherine de Médicis, il était un grand joueur de violon. Il était accompagné par une troupe de violonistes italiens. Avec leurs violons à cinq cordes et une manière de les accorder faisant ressortir les sons aigus, ils surprirent fortement par leur virtuosité et leur sonorité à la Cour de France.

Ainsi, avec Circé, il s’agissait pour le compositeur italien de continuer à se faire repérer des puissants du royaume.

 

L’occasion du ballet de la Reine

En cette année 1581, le duc de Joyeuse, pair de France se maria avec mademoiselle de Vaudemont, sœur de la reine. Aussi, Henri III souhaita organiser pour ce couple une grande et magnifique fête. Rien n’était trop pour le roi en cette occasion : habits somptueux, ballets, concerts.

A cette occasion, Catherine de Médicis voulut superviser elle-même le ballet et c’est elle qui fit appel à Baltazarini.

On choisit alors le domaine de Circé, la magicienne qui avait retenu pendant un an Ulysse lors de son Odyssée.

 

La salle du Petit Bourbon aménagé pour ce ballet

Dans ce théâtre où avait l’habitude la Cour de France, à proximité du Louvre, c’était une grande effervescence en ce dimanche 15 octobre 1581. La salle était assiégée par une foule de curieux venu voir les aménagements et les décors. On compta jusqu’à 10 000 personnes.

Elle avait été aménagée de la manière suivante : au fond une grande scène surélevée et de l’autre côté, une estrade pour installer les sièges du roi, de la reine mère, des princes et des princesses. Sur les côtés, on avait installé les ambassadeurs. Enfin, derrière, des escaliers de bois étaient dressés pour accueillir les spectateurs.

Dans l’habitude du temps, le décor se répartissait entre la scène et le reste de la salle, avec un bocage, demeure de Pan, une voute dorée et une grande nuée d’étoiles lumineuses. Sur la scène, on avait monté un jardin artificiel pour représenter le domaine de Circé, avec des orangers, des citronniers, des treilles… On distinguait au fond un grand château avec deux tours crenelées.

 

La représentation.

Le spectacle commença à 10 heures du soir, lorsqu’on entendit de la musique venue du château. C’était une harmonie de hautbois, de cors et de trombones. Puis apparurent sur scène des danseurs professionnels comme des courtisans.

Ce fut ensuite un enchaînement de grandes scènes allégoriques. Les costumes reprenaient des couleurs très variées et riches. Les chausses étaient écarlates et les pourpoints brodés avec des draps d’or, d’argent, de velours et de satin…

On utilisa une machine spécifique pour la fontaine de Glauque. Elle se composait de deux parties : à terre, en forme de flots et une autre élevée pour faire ressortir les eaux en cascade. Elle était décorée d’or et richement décorée.

Par la suite, on fit déplacer sur scène un grand chariot, tiré par un monstre fantastique. C’était une chimère avec des formes de dragons à langue rouge, aux pattes repliées, à la queue relevée et aux ailes gigantesques.  En haut du char, on avait positionné la mariée, mademoiselle de Chaumont représentant Minerve. L’ensemble était suivi par quatre Vertus.

Les danses en elles mêmes furent très rapides.

A noter toutefois, quand lors de cette représentation, les italiens étaient cantonnés à l’orchestre. Sur la scène, c’était des danseurs français.

 

Les effets de ce ballet

Grandiose par son luxe, le ballet de la Reine ouvra une décennie bien plus noire pour les Valois. Elle marqua en effet la fin de cette dynastie, se concluant par l’assassinat d’Henri III à Saint Cloud.

De ce fait, dans une France déchirée par les guerres de religion et par la même traversée par une grande période de pauvreté, le luxe et la magnificence de cette fête pouvait troubler.

Cependant, les participants repartirent de la fête avec un souvenir grandiose, qui eut aussi un grand impact dans les cours à l’étranger. Dans les décennies qui suivirent, reprendre le thème de Circé était aussi essayer de se comparer à cet illustre précédent.

On voulut aussi reprendre des caractéristiques avec la machine grandiose, tout comme le monstre.

Ensuite, ce ballet marqua une étape dans la conception et l’organisation de tel spectacle. On passait d’une succession de mouvements à une véritable œuvre. Ainsi, était né l’opéra français.

 

Sources bibliographiques :

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