Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de place

Le ballon de repérage de Nadar au début du siège de 1870

Le ballon de repérage de Nadar au début du siège de 1870 : un moyen pour observer l’armée prussienne au loin.

 

Le XIXe siècle est celui de la mise en avant du progrès technique. Bien sûr, les Expositions universelles ont un rôle particulier. La guerre aussi !

Ainsi lors du Siège de 1870, les innovations ne manquaient pas pour faire face à l’ennemi. Parmi les défis qui se présentaient au début du siège : obtenir des informations sur la présence adverse. En effet, avec l’avancée des Prussiens, le réseau de communication était détruit, que cela soit pour les chemins de fer que pour le télégraphe.

Dans ce contexte, on envisagea de recourir à des ballons pour pouvoir se diffuser de l’information, tout en prenant de la hauteur.

Avec son point de vue en hauteur, Montmartre s’y prêtait bien. C’est ainsi que Nadar, sur la place Saint Pierre installa son ballon aérostatique.

 

L’intérêt d’un tel ballon

Le 10 septembre, le Petit Journal écrivait à l’attention de ses lecteurs :

« C’est bien ainsi que le comprend le comité de défense nationale, dont l’infatigable sollicitude a passé en revue tour à tour les projets les plus vastes et les détails les plus méticuleux.

 

Au premier rang signalons les ballons captifs, destines à permettre d’examiner à vol d’oiseau les positions occupées par l’ennemi.

L’on comprend aisément quels services précieux, on est en droit d’attendre de ces auxiliaires aériens dans l’éventualité d’un siège comme celui de Paris, où l’investissement étant impossible, à moins d’un million d’hommes, les agresseurs ne pourraient que tenter des attaques partielles à l’aide de forces considérables dirigées contre un seul point.

 

L’observateur attentif qui, de la nacelle, dominerait le théâtre des opérations, aurait beau jeu pour se rendre compte des intentions des assaillants. Armé d’une bonne lorgnette, il lui serait facile de suivre toutes leurs manœuvres pas un de leurs mouvements ne lui échapperait.

Le frêle observatoire ne se trouverait point à la merci d’un coup de vent qui pourrait venir tout à coup le chasser hors de son champ d’études, de solides cordages le relieraient à la terre et rien n’empêcherait que certains de ces cordages ne servissent de rails sur lesquels glisserait, tirée à l’aide d’un câble dont les gens du ballon tiendraient l’extrémité, une boite contenant les objets, instruments ou provisions, dont les aéronautes se trouveraient avoir besoin.

 

Quant à la transmission des signaux par lesquels ces derniers tiendraient au fur et à mesure les préposés de l’état-major au courant de leurs observations, il est deux façons distinctes de les effectuer. Ou un fil électrique reliant le ballon à la terre et fonctionnant à l’aide d’un appareil léger installé dans la nacelle.  Ou une série de signaux convenus d’avance et qu’il serait facile de suivre, d’un ou de plusieurs points, à l’aide d’une longue-vue.

 

Indépendamment de ces ballons captifs, une petite escadre de ballons libres pourrait croiser dans les airs comme nos flottes croisent sur mer. »

 

Essai du Neptune

Ainsi que le rapporte le Petit Journal, le 13 septembre 1870, on put s’essayer véritablement

« Hier a eu lieu la première expérience de l’ascension aérostatique, place Saint-Pierre, à Montmartre.

Le ballon de Nadar s’appelle le Neptune. MM. Nadar, Dartois et Duruef sont montés M. Cornu, professeur à l’Ecole polytechnique, a fait ensuite une ascension au nom de la Commission scientifique de la défense nationale.

Le Neptune s’est élevé à 400 mètres. A cette altitude, les aérostiers scrutent l’horizon à douze lieues.

Aucun Prussien n’a été découvert.

La foule s’est pressée toute la journée sur la place Saint-Pierre.

Nadar a eu l’excellente idée de faire une quête au profit des blessés elle a produit 500 francs »

 

 

Sources bibliographiques :

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