Histoires de Paris

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Vies de travail

Les chapeliers de feutre

Les chapeliers de feutre, une profession qui se réforma à chaque nouvelle mode, profita de celle des castor.

 

Chapeliers de feutre et fourreurs de chapeaux, deux communautés distincte à la fin du XIIIe siècle

On retrouve les chapeliers dans le Livre des Métiers d’Etienne Boileau. Les statuts qui les régissent en cette fin de XIIIe siècle décrivent une fabrication de chapeau en feutre fait en laine d’agneau et sans bourre, mais aussi de chapeau “noirs aignelin” sans colle. 

Les fourreurs étaient également cité dans ce recueil de statut dans une communauté distincte. Toutefois la mode évolua et cette dernière communauté ne parvint pas à se maintenir à cette date.

 

La fusion avec les fourreurs de chapeau au XIVe siècle

En 1323, de nouveaux statuts sont donnés. Ceux ci font alors référence à des chapeaux de différentes couleurs : noirs, blanc, bièvre (soit la couleur de la fourrure de loutre). Ces derniers étaient très recherchés et appréciés. 

Pour fabriquer alors un beau chapeau, il convenait d’utiliser un quart de laine de première qualité et biens foulée. Ensuite, les ouvriers fourraient ou doublaient leurs chapeaux avec un même drap soit neuf, soit vieux. A cette date, le fourrage des chapeaux était devenue une spécialité des chapeliers, dont les statuts de 1323 n’étaient qu’une officialisation du rapprochement des communautés. 

 

Un rapprochement entre les chapeliers et les mitainiers

En 1387, les statuts changent de nouveau. Il s’agissait surtout de s’adapter aux nouvelles modes. Aussi la communauté des chapeliers et celle des mitainiers sont fusionnées alors, adoptant les mêmes règles d’apprentissage, de jurande. Toutefois, seules les deux confréries sont laissées à part, avec pour les premiers celle dédiée à Saint Michel, et pour les seconds à Saint Jacques et Saint Fiacre. 

Les chapeliers se chargeaient des chapeaux de feutre et de bièvre mais aussi la fourrure. Pour leur part, les mitainiers réalisaient les coiffes de nuit mais aussi les mitaines et autres chaussettes, ainsi que les chapeaux en coton. 

 

mais qui aboutit à une séparation des mitainiers devenus les bonnetiers

Cette situation complexe évolue au cours du XVe siècle et les mitainiers se séparent des chapeliers, devenant alors les bonnetiers, tout en se retrouvant dans la même compagnie militaire en 1467.

Aussi, en 1484, les statuts des chapeliers évoluent de nouveau : 

  • apprentissage de 5 ans, 
  • dispense de chef d’oeuvre pour les fils de maître, 

La communauté est une nouvelle l’objet d’une réforme en 1578. Quatre de compagnonnage sont alors exigés à la suite des 5 ans d’apprentissage. Pour réaliser son chef d’oeuvre, l’aspirant se devait de faire trois chapeaux : un frisé avec de la laine cardée, un second en laine d’agneau, et le troisième feutré. 

En 1612, les statuts sont confirmés tout en autorisant les maîtres pauvres à se charger des chapeaux vieux, tout en s’engageant à ne jamais revenir sur le neuf. En effet, les vieux chapeaux devaient être lessivés et réparés (afin d’éviter de répondre des maladies contagieuses). Dans ce cas, le chapelier devait par prudence écrire le nom du bourgeois à qui l’objet appartenait.

 

La mode des chapeaux de castor et la renommée parisienne

Au XVIIe siècle, la mode est au chapeau de feutre de castor. En effet, ceux-ci étaient considérés comme les plus beaux et les plus fins. En effet, la production parisienne était très réputée et s’exportait dans les autres régions de France et d’Europe

En 1706, on autorise les demi-castor, jusqu’alors proscrit, dans lesquels on rajoutait à la laine de castor de la vigogne. 

Dans la communauté, on distinguait quatre types de maîtres : 

  • les maîtres chapeliers fabricants, 
  • les chapeliers teinturiers, 
  • les marchands en neuf, 
  • les marchands en vieux, qui étaient installés au petit Châtelet

Comme le chapeau de castor était devenue une pièce d’art – les chapeaux de cérémonie des mousquetaires étaient considérées véritablement comme tel-, le Conseil d’Etat en 1685 désigna plusieurs maîtres qui se spécialisaient dans cette production. En 1726, c’est la Compagnie des Indes qui bénéficia de ce privilège. 

A cette date, la confrérie dédiée à Saint Michel était installée dans l’église du Saint Sépulcre, après avoir été au XIIIe siècle à Sainte Opportune. 

 

En 1691, la communauté donna 41 000 livres pour l’union des offices des jurés, 35 760 pour celles des offices des auditeurs de comptes. le montant s’éleva à 34 760 livres pour l’union des visiteurs de poids et mesures en 1706. Le montant fut de 60 000 livres pour l’union des inspecteurs de jurés. 

 

Sources bibliographiques : 

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