Histoires de Paris

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Le collège d’Harcourt au XVIe siècle

Le collège d’Harcourt au XVIe siècle : entre élargissement de ses activités de formation et troubles profonds.

 

Le XVIe siècle marque un grand changement pour le collège d’Harcourt : il est autorisé à élargir ses activités de formation et devenir un collège de plein exercice.  C’est aussi une période marquée par l’influence de nouveaux savants.

Toutefois, cette période est également troublée avec les guerres de religion et des proviseurs plus ou moins présents, plus ou moins complices.

 

Un collège de plein exercice

Le XVIe siècle marque le passage pour le collège d’Harcourt à une institution de plein exercice.

En effet, auparavant les cours étaient uniquement donnés rue du Fouarre. Le collège d’Harcourt était le lieu d’hébergement. Seules des leçons pouvaient y être données afin de s’assurer que les cours étaient assimilées.

Mais au début duXVIe siècle, le collège fut autorisé à délivrer lui-même les cours, sans passer par la rue du Fouarre. Cette évolution marquante pour l’Université de Paris se fit en commençant par les cours des arts, les petites classes.

 

C’est sous la direction (1509 – 1517) du proviseur Jean Boyvin que cette modification se fit au collège d’Harcourt. Comme un de ses prédécesseurs, Pierre le Secourable, il était également curé de Saint Gervais.

 

Ensuite, entre 1517 et 1522, le collège fut dirigé par Jean Morin. Guillaume Duchesne lui succéda jusqu’en 1527, ainsi que Benoist de La Noue entre 1527 et 1550, et Etienne Le Roux entre 1550 et 1557.

 

L’organisation du collège d’Harcourt au XVIe siècle

Dans cette première moitié du XVIIe siècle, le proviseur vivait comme nombre de ses prédécesseurs à la Salette d’Harcourt.  Ce logement touchait les classes des grammairiens et des théologiens. En réalité, elle était située plus près de la première. C’était d’ailleurs de ce côté de la rue de la Harpe que la salle commune était installée.

Le proviseur, Etienne le Roux, utilisa sa fonction pour installer dans son logement des étudiants qu’ils faisaient payer. C’est également sous ce proviseur que l’installation d’Harcourt en collège de plein exercice complet fut achevée. En effet, il fut considéré en 1554 que le collège « dans toute son étendue » pouvait donner des classes en son sein, avec 9 niveaux.

Entre la 8e et la 6e, on apprenait alors les bases de la grammaire latine. Ensuite, de la 6e à 3e, c’était les cours de syntaxe, tandis qu’en 4e on démarrait la grammaire grecque. A partir de la 3e, la rhétorique commençait. La philosophie clôturait le parcours avec une division entre la logique, la dialectique et la physique.

Les classes duraient 2 heures en moyenne. Chaque jour, il se donnait entre 2 et 3 cours.

 

La poursuite de l’influence politique du collège et dérive d’un système

Entre 1557 et 1564, le collège d’Harcourt est dirigé par Nicolas Maillard. Ce prélat fait partie de la délégation de l’Université de Paris envoyée pour le Concile de Trente. Cette refonte de l’organisation de l’Eglise répondit à la Réforme et le protestantisme.10

Toutefois, le collège profita alors du système de plein exercice. En effet, le système du principal à louage fut installé. On appelait ainsi le maître qui était chargé de certains bâtiments afin de pouvoir y accueillir des étudiants contre une somme d’argent. C’était en fait un système de spéculation qui aboutissait à entasser le plus d’élèves possibles.

 

L’arrivée à Paris des savants italiens

Avec la victoire de Louis XII dans le Milanais en 1509, Paris commença alors à attirer des grands savants italiens. Le grec ancien fit son entrée d’honneur dans l’Université de Paris.

 

Le collège d’Harcourt et le théâtre

Avec les savants italiens, les comédies et les farces italiennes arrivent à Paris. Ces dernières ne furent pas toujours du goût du Parlement de Paris. La justice décida en effet que les collèges, et notamment d’Harcourt devait veiller à ce qu’aucune des pièces ne soient à l’encontre des princes.

 

A la moitié du XVIe siècle, les tragédies font leur entrée dans les collèges parisiens. Ainsi, en 1533, Cléopâtre est jouée dans le collège de Boncourt. Au collège d’Harcourt, la tragédie Achille fut donnée en 1563.

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Des proviseurs absents et un collège laissé à lui-même dans la seconde moitié du XVIe siècle

A la mort du proviseur Maillard en 1564, les boursiers du collège d’Harcourt désignent à leur tête Jean Alain. Il dirigea l’institution jusqu’en 1568.

Hasard historique, mais l’entrée en fonction de Jean Alain se fit la même année que la mise en application d’une réforme du calendrier. Dorénavant, l’année civile démarrait le 1er janvier et non plus le 25 mars.

Entre 1568 et 1581, Olivier de Quittebeuf dirigea l’établissement.  Toutefois, le prélat passa l’essentiel de son temps aux côtés de l’évêque d’Evreux, dont il était vicaire. Aussi il ne se préoccupa que peu de son établissement. De ce fait, le lieu fut livré aux étudiants. Le pillage ne tarda pas. En outre, certains faisaient durer leurs bourses largement plus longtemps que le temps de leur formation ne l’exigeait.

En raison de la trop grande absence, l’Université de Paris demanda le renvoi du proviseur. Olivier de Quittebeuf se lança dans un procès. Il le perdit cependant et du démissionner.

Jean Dupont fut alors désigné par les boursiers. Cependant son installation ne fut pas facile. En effet, l’Université de Paris avait nommé Thomas Lamy comme proviseur pour pallier au manquement de Quittebeuf. Cependant l’affaire traina et fut dénouée en faveur de Lamy. Ce dernier  resta à la tête de l’établissement jusqu’en 1584. Dupont lui succèda.

 

Les ligueurs à la tête du collège

En 1584, Marguerin de la Bigne devint proviseur. Lui aussi, laissa le collège sans une véritable direction. Toutefois, il alla plus loin que ses prédécesseurs.  En effet, il était membre de la ligue et permis aux étudiants de participer à la lutte contre Henri IV et son arrivée dans Paris.

Après la victoire royale en 1594, le proviseur fut démis et les biens du collège confisqués.

 

La désignation du proviseur suivant ne se fit pas sans heurt. En effet, Raoul Nepveu qui gagne l’élection, était lui aussi ligueur. Il fallut aller jusqu’à l’intervention de la police et de la justice pour le suspendre. Ainsi, en 1598, en présence de magistrats, Georges Turgot fut élu.

 

Sources bibliographiques :

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