Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de fêtes

Les confettis et serpentins de Carnaval

Les confettis et serpentins de Carnaval furent lancés dans des quantités telles qu’ils bouchèrent la Seine…

 

La renaissance du Carnaval grâce à l’arrivée au début des années 1890 des confettis et serpentins

Apparus en 1891, les confettis relancèrent le Carnaval parisien.

En 1893, pour la fête de la mi-carême, une grande foule parcourut au début du mois de mars, les grands boulevards. Ainsi à partir de 14 heures 30, une foule d’étudiants se lança lançant partout dans la rue confettis et serpentin en l’air. A chaque arrêt, cette “armée du Chahut” jouait de la musique, en dansant comme la célèbre Goulue. Ils allèrent saluer le président de la République. Comme le signale le Journal des débats politiques et littéraires dans son édition du 10 mars 1983 : “La foule s’amuse de plus en plus à la bataille des confettis, qui volent pareils à des fleurs de cerisier. Les serpentins enrubannent les branches des arbres, enlacent les tailles, les cous, les bras des promeneurs comme d’immenses fils de la vierge.

 

Les confettis étaient aussi lancé à Mardi Gras. Comme le rapporte le journal La Croix le 28 février 1895, “à certains endroits, on s’enfonçait jusqu’à la cheville dans ce papier microbe.”

Ce spectacle faisait venir du monde sur les balcons et aux fenêtres. Ainsi, en 1897, le prince de Galles, futur Edouard VII et fils de la reine Victoria, vint à Paris pour l’occasion.

 

L’origine des confettis parisiens

Ce petit morceau de papier provenait des sucreries que lançaient les italiens des fenêtres lors du Carnaval et du haut des voitures. Les confettis italiens étaient fait à partir de farine de la taille d’une cacahuète. Ils étaient lancés à la figure de la personne visée. De fait, ils devaient être un peu poisseux et sales. Les parisiens ne voulurent pas reprendre des aliments et les prirent en papier.

Les confettis apparurent d’abord au Casino, puis au bal de l’Opéra

 

L’industrie des confettis

Confetti, neige de papier qui a ramené la joie des mascarades sur nos boulevards, et qui grâce à ta jeunesse – car tu n’as que deux ans – as ressuscité le vieux bonhomme Carnaval, d’où sors tu, d’où viens tu ?”

Pour proposer cette grande quantité de confettis, c’était en réalité une énorme industrie qui se mettait à l’oeuvre. En effet, en une journée fut envoyé par la foule plusieurs milliards de confettis.

Pour le fabriquer, des découpeurs à l’emporte pièce utilisaient des poinçons à main. Ils plaçaient, les unes sur les autres, une trentaine de feuilles de papier. A chaque coup, un pile de confettis était produite. Direct dans le sac ! Ils étaient ensuite remués pour tous se décoller.

Certains fabricants utilisaient des vieilles affiches, plutôt que du papier blanc. La matière première revenait à moins chère. D’autres faisaient travailler des prisonniers. Ainsi pour 2,5 francs, les détenus produisaient autour de 50 kilogrammes par jour. Cette industrie rapportait tout de même : 50 centimes par kilo de confettis.

De leur côté, les serpentins étaient réalisés en enroulant du papier au fur et à mesure de sa fabrication. Ensuite, le papier était découpé pour en faire des lanières.

Côté vente, en mars 1893, la maison Ferret et compagnie, rue Etienne Marcel, par exemple, vendit 3 000 kilogrammes de confettis le jour de Mardi gras.

 

Quelques inconvénients des confettis et des serpentins

Tous s’amusaient dans la rue avec des bouts de papier. Toutefois, certains trempaient les confettis dans la colle…

Les jours de pluie, les confettis devenaient une véritable horreur dans la rue. Aussi, rapidement après la procession, il fallait nettoyer. Des voitures à bras étaient utilisées pour faire des tas au niveau des trottoirs.

Toutefois, les confettis n’étaient pas ramassés mais envoyés dans les égouts. Ils se retrouvaient donc ensuite dans la Seine. Ainsi, le fleuve devient totalement envahi et la navigation devait être arrêtée. Pour permettre la navigabilité, on envoyait de l’eau de la liqueur cupro ammoniacale pour dissoudre la cellulose du papier. Au bout de 4,5 heures, la circulation dans la Seine pouvait reprendre.

L’autre inconvénient du confetti était qu’il s’infiltrait partout. Impossible de ne pas reconnaître s’être rendu au Carnaval, à cause des confettis qui se logeaient dans tous les vêtements.

 

Interdiction des serpentins et confettis

A partir de 1919, le jet de confettis et de serpentins fut interdit à Paris. Les années qui avaient précédées, des exceptions étaient acceptées lors des journées de Carnaval. Cependant, du fait des désagréments entraînés par cet usage, il ne fut plus autorisé de lancer sur les boulevard cette “neige de papier”. Carnaval connut alors progressivement son irrésistible retrait.

 

Sources bibliographiques :

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