Histoires de Paris

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Histoires d'immeubles

Contre les logements insalubres

Contre les logements insalubres : la chronique de Léon Doinet en 1911 pour obliger la réalisation de travaux.

Dans le journal Gil Blas, l’architecte Léon Doinet rédigeait une rubrique : le « Home français ». Le 16 février 1911, il publie une chronique avec le titre suivant : « Il faut assainir Paris ».

Quel assainissement pour le Paris de 1911 ?

Cette rubrique répondait à une autre rédigée par Lucien Descaves dans le Journal. Ce dernier évoquait alors à quel point Paris était en train de s’assainir. « Qui l’eût cru à une époque où l’on nous rebat les oreilles avec les dangers et le progrès de la tuberculose ? » Descaves poursuivait en indiquant que la mortalité liée à cette maladie baissait.

Cependant, pour Doinet, ces progrès de l’assainissement de Paris n’était pas suffisant : « on peut sans être accusé de ronchonner, souhaiter que des mesures beaucoup plus énergiques soient prises ».

Dans cette logique, Doinet pense aux propriétaires qui installent leurs locataires dans des « taudis ».

Dans son article, Léon Descaves évoquait le vieux Paris : « Le vieux Paris, que regrettent tant de gens qui n’ont pas vécu, avait sans doute des charmes. Je veux le croire. Mais je veux croire aussi l’historien qui me dit que la mortalité parisienne au moyen âge était d’environ 50 pour 1 000, et chacune des épidémies qui au seizième siècle, désolèrent la ville, lui enleva de trente à quarante mille habitants ! On ne doit non plus l’oublier »

Mais Léon Descaves s’attaque lui aussi au problème des appartements sales : « S’il y a encore tant de maisons insalubres, c’est que les maisons insalubres rapportent plus que les autres. »

Argumentaire des propriétaires refusant de rendre salubres leurs appartements

Le raisonnement des propriétaires rapporté par Doinet est le suivant. Bien sûr, un appartement insalubre ne permet que d’obtenir des petits loyers : « d’un bouge, on ne tirera jamais de maigres bénéfices ».

Aussi, pour le rendre salubre, il est nécessaire de réaliser des travaux et donc d’investir un peu d’argent. Mais face à « cette mise de fond », certains propriétaires protestaient : « Nous avons des maisons pour toucher l’argent, non pour en dépenser. »

Propositions de Doinet pour lutter contre les appartements insalubres

Pour cela, Doinet rappelle que les maisons de crédit offraient la possibilité aux propriétaires d’obtenir cette mise de fond. « La parcimonie des propriétaires est donc à la fois ridicule et un peu odieuse ».

Il proposa en outre que la Ville de Paris créé une commission d’hygiène qui ferait aussi le suivi des bonnes et maisons. De cette manière, des plaques pourraient être installées à proximité des portes d’une part et que des désinfections soient réalisées après chaque déménagement.

Enfin, il appelait à la constitution d’un syndicat : « Locataires ! Groupez-vous ! »

Avec la même logique des syndicats ouvriers, celui des locataires devait permettre de créer un rapport de force pour exiger la baisse des loyers.

Sources bibliographiques :

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