Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les cordonniers

Les cordonniers, une profession riche et nombreuse, jalouse de son privilège sur le cuir et lourdement taxée.

 

Comme chacun sait, les cordonniers doivent leur nom à un cuir de grande qualité et réputé venant du sud de l’Espagne, alors sous administration musulmane : Cordoue.

Toutefois, on désignait ainsi tous les fabricants de chaussures à Paris.

 

cordonnier
Habit de cordonnier : Estampe du 17e siècle – crédit image BNF Gallica

Les cordonniers aux XIIIe et XIVe siècles, sous l’autorité directe du roi

La profession était placée sous l’autorité du chambellan du roi. Il obtenait 10 sous sur les 16 versés pour l’acquisition de la maîtrise. Ainsi, elle était soumise à une justice différente de celle du prévôt.

Le chambellan déléguait les jurés qui se chargeaient comme pour les autres corporations parisiennes du contrôle de la production.

Dans les ateliers, les maîtres et leurs apprentis pouvaient utiliser différentes qualités de cuir sans les mélanger : le cordouan et la basane. Les maîtres contrôlaient l’activité de deux professionnels de l’époque : le cordonnier qui travaillait le cuir et le sueur qui se chargeaient des coutures

Spécialisés dans la fabrication des souliers neufs, ils se distinguaient des savetiers qui eux raccommodaient les chaussures usagées.

On enregistre déjà à l’époque plusieurs impôts spécifiques : le hauban, les guêtres, la coutume royale annuelle versée à Pâques, l’impôt de vente en foires…

 

Les prix des biens et des marchandises étaient fixés par ordonnance. Aussi en 1351, la chaussure en cuir valait 2 sous et 4 deniers et 20 deniers pour les femmes. Les habitants de la ville avaient alors l’assurance que leurs souliers ne dépasserait pas 4 sous.

 

Les XVe et XVIe siècles, la confirmation des privilèges des cordonniers

Tant Louis XI que ses successeurs confirmeront les privilèges des cordonniers. On ira même jusqu’à leur donner l’autorisation de travailler après vêpres, à la lumière des chandelles. Ce fait exceptionnel pour l’époque était justifié par la nécessité de nombreuses heures de travail pour répondre aux demandes des parisiens.

 

Les cordonniers s’étaient organisés également en confrérie. Placée sous le patronage de Saint Crépin et Saint Crépinien, elle fut autorisée à s’installer en 1555 à Notre Dame de Paris, après un passage précédemment en l’église du Noyon.

 

Pour l’entrée royale d’Henri II en 1549, 80 cordonniers saluèrent leur nouveau souverain.

 

Les statuts sont à nouveau confirmés en 1573. On précise alors les modalités de contrôle.

On distingue alors les visiteurs qui pouvaient venir s’assurer de la qualité du travail de l’ensemble des parties prenantes à la fabrication des chaussures. Trois gardes de la chambre et quatre jurés étaient élus chaque année. Enfin trois gardes surveillaient de leurs côtés, la halle au cuir et gardaient un œil sur les marchands forains.

En outre, les cordonniers contrôlaient également l’ensemble des utilisateurs de cuirs, à savoir les corroyeurs, baudroyeurs, peaussiers, savetiers…

 

Chaque année, on ne faisait au maximum 4 nouveaux maîtres. Ils étaient désignés parmi les compagnons qui non seulement étaient fils de maître, avait fait 4 ans d’apprentissage et qui avaient épousés une veuve ou fille d’un maître. Le droit à la maîtrise était alors de 1 écu versé à chacun des maîtres venus contrôlé son chef d’œuvre et 60 sous à la Chambre.

En outre, chaque semaine, les maîtres devaient s’acquitter de 15 deniers par semaines pour la gestion de la profession.

 

Au XVIIe, les cordonniers sont tellement nombreux que leur organisation devient compliquée.

La taille de la profession posa à l’époque de nombreux problèmes. D’abord d’ordre public car les compagnons étaient très nombreux et se retournaient souvent contre leurs maîtres.

Ensuite, en raison du nombre de maîtres, les assemblées annuelles étaient délicates à gérer. Aussi leurs décisions devaient être avalisée par l’autorité du prévôt pour être mises en œuvre et on hésita à plafonner le nombre d’électeurs.

Ensuite, le contrôle de la qualité de la production se faisait par de nombreux petits jurés, qui devaient faire face à des charges lourdes imposées par le roi. Aussi à la fin du XVIIe siècle, le contrôle de la profession est entièrement repensée autour d’un syndic, 2 jurés de cuir, 2 jurés de la chambre, 4 jurés de la visitation royale et 12 petits jurés pour les maîtres non établis et les savetiers.

 

Le XVIIIe, où l’explosion des taxes pour les cordonniers

Profession nombreuse ! Profession riche !

Quoi qu’il en soit, il devient de plus en cher de l’exercer pour un maître mais aussi pour la contrôler par les jurés. Une raison simple : les droits à payer pour en obtenir la charge augmente !

Rien de surprenant à cela : le roi a besoin d’argent et les cordonniers comptent 1 820 maîtres en 1750.

Ce n’est que vers la fin du siècle, à la veille de la révolution, que le prix de la maîtrise baisse : il passe à 200 livres en 1776 après avoir été de 500 en 1705.

 

Sources bibliographiques :

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