La coupure de gaz en raison du froid de 1879 : difficile de maintenir l’éclairage et ouverts certains magasins

 

Un mois avec des températures en dessous de -10°C ! Ça laisse forcément des traces ! Difficile de circuler dans les rues, du fait de la forte neige qui était tombée en ce mois de décembre 1879 ! Les victimes sont chaque jour plus nombreuses.

Dans ce contexte, pour le gaz, c’était aussi difficile de le faire parvenir à ses utilisateurs finaux. En nous appuyant sur la presse de l’époque, nous revenons sur cette histoire.

 

 

Des coupures qui arrivent assez vite, touchant l’éclairage.

Le froid s’installe véritablement tout début décembre. Les températures étaient fraiches depuis déjà quelques semaines, mais là, on passe allégrement en territoire négatif.

Les premiers jours, ce fut surtout la neige qui attira l’attention et des préoccupations.

Mais, voilà qu’à compter du 10 décembre, il se fait plus noir dans la nuit. Les éclairages au gaz deviennent plus difficiles, ainsi que nous le confirme le Petit Parisien du 12 décembre 1879 :

« Hier, dans beaucoup de maisons, on a dû allumer des lampes, le gaz ayant refusé son service. Il devient, du reste, de plus en plus vacillants. »

 

Cela concerne bien sûr les habitations individuelles, mais aussi l’éclairage public. Ainsi la Ville Lumière vacille un peu sous le froid. Elle tremblote, on pourrait dire.

« Le soir, l’aspect des rues est profondément triste ; plus de ces flâneries qui donnent à nos grandes artères une allure si animée. Après le travail, chacun s’empresse de rentrer au gîte. En outre, le gaz ne fonctionnant que très imparfaitement dans nombre de magasins, par suite de la congélation des compteurs, beaucoup de boutiques ferment à la nuit. »

 

De plus en plus de quartiers sont concernés, ainsi que le précise, le 12 décembre, le Petit Journal, tout en se voulant rassurant.

« Dans beaucoup de quartiers, le gaz fait défaut, par suite des grands froids. L’administration fait de son mieux, pour obvier à cet inconvénient. »

 

 

Difficile pour certains magasins de rester ouverts

Avec la poursuite du froid, il devient de plus en plus difficile pour certains établissements de maintenir leurs activités.

Le Petit Parisien du 13 décembre nous fait un rapide état des lieux :

« Hier matin, un épais brouillard qui empêchait de se voir à vingt pas de distance est venu ajouter un nouveau tableau qui n’a fait qu’aggraver la situation car outre qu’il a fallu interrompre certains travaux dans plusieurs quartiers du Paris, qui se sont trouvés plonges dans une obscurité complète jusqu’à onze heures du matin, dans beaucoup de magasins, tout commerce a été forcément interrompu, le gaz ayant manqué par suite de la gelée des conduites.

On a été obligé de se servir de lampes et de bougies.

Dans les passages notamment, qui ressemblent à des tunnels, il règne une nuit continuelle ; les vitrages sont couverts d’une épaisse couche de neige qui Intercepte complètement la lumière. »

 

Point de chauffage, point de lumière !

 

« Il va sans dire, que depuis plusieurs jours, magasins et boutiques sont peu fréquentés. C’est par millions que se chiffrent, de ce chef, les pertes qu’éprouve chaque jour le commerce de Paris.

Par mesure de prudence, on a interdit la circulation dans certains embranchements du passage des Panoramas ; on craint que la toiture ne cède sous la charge.

Ainsi que nous venons de le dire, dans beaucoup de quartiers, le gaz a fait défaut engorgement du robinet ou congélation du compteur, telles sont les causes de ce mal dont nous souffrons »

 

L’attention au niveau des compteurs

Ainsi que vient de l’indiquer le journaliste, le point faible pour le gaz était donc la congélation au niveau du robinet et du compteur. Aussi, il faut rapidement faire une préconisation pour limiter les inconvénients.

 

« A ce sujet, une recommandation qui permet d’oublier cet inconvénient : il suffit d’envelopper les compteurs exposés à la gelée avec de la mousse ou du foin, ou, mieux encore, avec de la laine ou de la ouate, et, pour rendre le moyen plus efficace, d’enfermer ce bourrage dans une caisse en bois.

Le remplacement par de l’esprit de vin d’une quantité d’eau Égale au cinquième ou au sixième de l’eau contenue dans le compteur peut prévenir la gelée ; mais ce moyen n’a qu’un effet temporaire, parce que l’esprit de vin s’évapore, tandis que l’enveloppe de foin, de mousse ou ¡le feutre est un moyen de conservation permanent. »

 

Un accident au moment du dégel

Le froid dura tout le mois de décembre. Les parisiens durent attendre les fêtes de fin d’année pour retrouver des températures moins difficiles. Aussi, pendant toutes ces semaines, le gaz resta coupé.

Toutefois, le risque n’était pas terminé, comme l’annonce le Petit Journal du 31 décembre autour d’un triste fait divers.

« Rue Mazarine, hier matin, une forte explosion de gaz s’est produite dans le restaurant au n° 50 est en vérifiant si le compteur était dégelé qu’un garçon a approché trop près une lumière. La devanture a volé en éclats et la lanterne placée à extérieur a été projetée à une grande distance, heureusement personne ne passait en ce moment devant ce restaurant. Seul, le garçon, auteur de l’accident, a été contusionné et légèrement brûlé. Les pompiers, accourus aussitôt, ont mis à découvert la conduite de gaz pour prévenir de nouvelles fuites, et, par cela môme, éviter un nouvel accident »

 

Sources bibliographiques :

• Le Petit Parisien du 12 décembre 1879
• Le Petit Journal du 12 décembre 1879 
• Le Petit Parisien du 13 décembre 1879 
• Le Petit Journal du 31 décembre 1879