Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Repères

Le couvre-feu du Moyen Age

Le couvre-feu du Moyen Age : quand les obscurités recouvrent totalement la ville après le passage du gare-fou

 

Paris n’a pas toujours été la Ville Lumière. En effet, pendant de très nombreux siècles, comme dans la plupart des villes européennes, l’activité était liée à la lumière du jour. Dès que la nuit noire s’abattait sur les rues, tout le monde se calfeutrait chez soi : c’était le couvre-feu !

Dans une ambiance propice à la peur des bandits, les extérieurs étaient vides, livrés à un silence marqué, dans les ténèbres. Mais nous verrons, à la lumière du récit réalisé par l’historien du XIXe siècle, Edouard Fournier, que peu bravaient cette situation.

 

Installation du couvre-feu en début de soirée

Au XIVe siècle, les cloches qui sonnaient les neuf heures annonçaient la mise en place d’un couvre-feu dans Paris. Le gare-fou avec son tintement s’avançait dans les différents quartiers de la capitale. Cela signifiait alors que les boutiques devaient fermer. Derrière les fenêtres, les lumières réduisaient, pour s’éteindre rapidement.

A l’extérieur également, l’obscurité avait envahi les rues. Aussi, Edouard Fournier racontait qu’elles devenaient particulièrement dangereuses. Tout d’abord, elles étaient totalement envahies par les boues. Si la lumière du jour permettait de les repérer, cela devenait impossible la nuit. Ensuite, c’était également le moment des brigands.

Les brigands, en quête de larcins, pouvaient attendre longtemps dans cette ambiance si particulière que d’aucuns tentent finalement de les braver.

 

Les bruits des nuits

Juste avant le passage du gare-fou, des petits marchands de chandelles criaient entre les maisons, pour dépanner des parisiens se trouvant dépourvus. N’oublions pas que la vie des citadins était rythmé par le passage devant leurs portes de ces marchands ambulants, se manifestant par leurs cris particuliers !

Dès le retour du jour, d’autres marchands prenaient le relais, notamment l’oblayer, le vendeur des oublies, des petites pâtisseries, mais aussi le brandevinier en tournant autour des Halles et du Grand Châtelet.

Ainsi, pratiquement aucun bruit, la nuit. Mais quelques fois, certains s’avançaient dans la rue, avec des petites lumières. C’étaient les clocheteurs des trépassés, avec leurs robes blanches parsemées de têtes de morts et d’ossements en croix. « Réveillez-vous, gens qui dormez, priez Dieu pour les trépassés. »

Il arrivait également que des ecclésiastiques sortent dans ces conditions pour apporter l’extrême onction à des mourants. Rien ne devait empêcher le service divin ! Pour eux également, les lumières étaient particulièrement faibles, tout en étant accompagné par une petite clochette.

 

Semblant de sécurité

Pour tenter toutefois d’apporter un peu de sécurité dans cette grande ville, le guet parcourait les rues. Le chevalier du guet et ses archers faisaient la patrouille à grands renforts de flambeaux et de hallebardes.

Selon Fournier, ces membres du guet n’étaient pas toutefois bien rassurés par l’obscurité et l’ambiance nocturne du Paris médiéval. On raconte que certains chantaient pour se rassurer en cas de mauvaise rencontre.

La nuit était propice à des bruits bizarres, comme des cliquetis d’épée. On pouvait aussi certaines fois distinguer une sonorité comme un masse tombant d’une maison ou dans la Seine. On y réglait ses comptes.

Aussi pour se protéger, certains parisiens prenaient en charge eux-mêmes leur sécurité en faisant tendre des chaînes à l’entrée de leur rue par exemple, ou en y posant des portes puissantes.

 

Des nuits de fêtes avec des entorses au couvre-feu

Certaines nuits étaient plus joyeuses et animées. En effet, les nuits de Noël et de la Chandeleur, les écoliers étaient nombreux dehors. Ces moments-là, les messes nocturnes étaient essentielles.

Le soir de la Saint Jean, mais aussi pour la fête des fous, les parisiens s’aventuraient également à l’extérieur.

 

Et les lanternes dans tout cela ?

Au Moyen-Age, Paris ne comptait pas beaucoup de lanternes. Les seules qui existaient étaient celles se portant à la main, fabriquées par les peigniers-tabletiers.  Ces derniers réalisaient à partir de corne ou d’ivoire, des petites tablettes laissant passer un peu de lumière à l’intérieur.

Dans les rues et les carrefours, on ne trouvait pas de lanterne accrochée au mur. Ne vous fiez pas aux éventuels noms de rue désignant les lanternes : La rue de la Lanterne dans l’île de la Cité, celle de la Lanterne des Arcis ou de la Vieille Lanterne. Il s’agissait en fait de référence à des enseignes qu’on pouvait trouver dans ces voies.

 

Les lumières religieuses

Certains édifices religieux apportaient de la lumière toute la nuit. On peut citer ainsi par exemple, le fanal qui brûlait la nuit sur une haute tour du côté des Halles, au début du Moyen Age. On l’appelait la Tour de Notre Dame des bois, en souvenir du bois des Champeaux qui existait dans ce quartier au haut Moyen-Age.

D’autres ex-voto existait dans la rue aux Ours ainsi que dans la rue Barbette. C’était à chaque fois pour des raisons religieuses qu’ils étaient établis. On y priait la Vierge, ou on se souvenait d’un crime particulièrement odieux. Ainsi la lumière de la rue Marbette était établie là où Louis d’Orléans fut assassiné par les hommes de Jean sans Peur en 1407 en pleine guerre civile des Armagnacs et des Bourguignons.

 

Sources bibliographiques :

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