Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Sources

Les curiosités du Vieux Montmartre de Charles Sellier

Les curiosités du Vieux Montmartre de Charles Sellier : récit de bibliothèque qui raconte des temps disparus.

Sur ce blog, nous aimons prendre du temps pour revenir sur les sources que nous utilisons pour nos récits. Cela nous donne l’occasion de mieux comprendre ces histoires et interroger la motivation d’un auteur, mais aussi d’une époque.

Pour cela, il est intéressant de croiser les regards, notamment avec la librairie spécialisée sur les livres anciens de Paris : Paris Libris.

Charles Sellier un historien scientifique qui publie comme un romancier

Sur l’impulsion de plusieurs historiens, la discipline devient véritablement une science au XIXe siècle. Elément essentiel en Europe de la constitution des Etats Nations, l’histoire officielle doit proposer un récit rassemblant les populations, en voulant proposer leurs caractéristiques intrinsèques, spécifiques et immuable. Pour cela, le document et les archives devaient apporter la preuve scientifique de ces faits.

Ainsi, Charles Sellier s’inscrit dans cette logique scientifique en se plongeant dans les archives, les récits anciens. Il interroge un grand nombre d’écrits, que ce soient des histoires rédigées au XVIIe siècle que des travaux plus récents et plus spécifiques. Il s’intéresse à une certaine durée, n’hésitant pas à remonter au Moyen Age, voire à l’Antiquité, tout décrivant la situation plus précise au XVIIIe siècle et dans la première moitié du XIXe siècle.

Mais, Charles Sellier publie ses récits et ses travaux, tout d’abord dans un journal : l’Aurore du XVIIIe siècle. Il étale ses écrits entre le 4 février et le 25 juillet 1883. C’est ensuite qu’ils sont regroupés dans les Curiosités du Vieux Montmartre. Ainsi, il propose à ses lecteurs, un véritable feuilleton, comme c’était l’usage pour les romans depuis quelques décennies.

Les trois volumes des Curiosités du Vieux Montmartre

Les écrits de Charles Sellier sont regroupés dans cet ouvrage découpé en trois tomes. Le premier évoque les carrières de plâtre. Il y décrit les origines d’un surnom de Paris, la Ville Blanche.

Le second narre les histoires des fontaines de Montmartre, mais aussi de sa vigne. Enfin, le troisième relate les moulins à vent, la porcelaine de Clignancourt. Il se termine par un récit étonnant sur l’explication du nom éphémère de la butte : le Mont Marat.

Ainsi, avec ses trois tomes, il évoque des activités importantes de Montmartre au fil du temps : les carrières de plâtre, la vigne et les moulins.

L’organisation des récits

Sellier s’intéresse alors à des histoires d’un Montmartre en profonde transformation. En 1893, la butte est happée par la ville. Son urbanisation est très avancée. Cela fait longtemps que les sous-sols ont été totalement vidés de la pierre à plâtre, les eaux des fontaines ne coulent plus, la vigne a été arrachée, et les deux derniers moulins ne sont plus que des attractions pour des guinguettes.

Aussi, pour raconter ces histoires, Charles Sellier cherche une accroche pour renvoyer à ce passé : la remarque de vieux Montmartrois s’étonnant qu’on réalise des squares plutôt qu’un vignoble, la remise en cause du texte d’un historien contemporain, la présence de moulins sur un vieux plan…

Ensuite, il mêle des récits de longue durée, en y mettant des traces d’histoire héroïque (en faisant appel à Jeanne d’Arc, Etienne Marcel), religieuse (Saint Denis est présent partout, tout comme les Jésuites) mais aussi romantique (Gérard de Nerval a marqué son temps). Sellier évoque aussi la littérature et les arts. Il fait appel aux découvertes scientifiques de son siècle (géologie, chimie), tout en évoquant des superstitions et des faits divers.

Les références retenues par Charles Sellier

Pour son travail, Charles Sellier mobilise plusieurs natures de sources. Il a passé du temps dans les archives et le met en avant. Il reprend, pour la longue, durée les travaux de Sauval, Lebeuf, de la Mare, du Breul, mais aussi les Grandes Chronique de France.

Pour ce qui concerne Montmartre, il s’appuie sur les ouvrages de Chéronnet et de Michel de Trétaigne. Les recueils des chartes de l’Abbaye de Montmartre lui sont bien utiles aussi.

Les textes publiés au XIXe siècle et orientés sur des thématiques comme la géologie, la chimie, la porcelaine, sont très utilisés.

Qu’est-ce qu’une curiosité ?

A partir de la lecture de cet ouvrage, le Vieux Montmartre est celui qui n’est plus à la fin du XIXe siècle. Finie l’exploitation des carrières, finie celle des moulins et des vignes… Avec les constructions sur la butte, cette réalité est définitivement terminée. Charles Sellier ne la présente pas avec mélancolie comme quelque chose à retrouver mais la décrit comme des curiosités, ces merveilles que l’on trouve dans nos bibliothèques et nos mémoires, et qui façonnent aussi l’âme d’un lieu et d’une population.

Ainsi, les trois volumes de Charles Sellier sont bien sûr des ouvrages de bibliophiles et racontent un temps disparu depuis longtemps, bien avant celui de la bohême et des artistes.

Sources bibliographiques :

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