Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

La défense des moulins de Montmartre en 1814

La défense des moulins de Montmartre en 1814 : à coup de canons pour faire face à la coalition d’assiégeants.

 

A la fin de l’épopée Napoléonienne, en 1814, la France est envahie. Les alliés sont aux portes de la capitale et la réédition de l’empereur est exigée.

C’est un véritable siège qui est alors à l’œuvre et la place en hauteur de Montmartre est considéré par les belligérants comme un point sensible. A cette époque, Montmartre ne faisait pas partie de Paris et se trouvait à l’extérieur des murs d’enceintes – dont l’objet était davantage fiscal que défensif.

Bien que la défaite était pratiquement sûre, les parisiens se défendirent avec beaucoup d’énergie. Parmi les défenseurs, faisaient partie les Debray, ces meuniers de Montmartre qui réalisèrent un coup d’éclat

 

Les Debray, des meuniers devenus teneurs de guinguette

Dans l’histoire de Montmartre, les Debray ont une place à part. Bien sûr, en lien avec la défense qui firent face aux troupes coalisées contre Napoléon en 1814 que nous comptons ici, mais aussi pour leurs activités professionnelles.

Cette famille connue pour vivre à Montmartre depuis longtemps était propriétaire de quelques moulins en haut de la Butte. Le Radet, le Blute Fin qui sont encore debout de nos jours étaient à eux. Au XVIIIe siècle, ils étaient encore des meuniers, exploitant leurs moulins pour broyer le blé afin d’approvisionner Paris.

Cependant, constatant que la Butte état de plus en plus visitée par les passants et que ceux-ci s’arrêtaient volontiers faire une pause auprès d’eux, ils ouvrirent une petite guinguette. Là, on pouvait profiter de la vue, avec une ambiance de campagne qui existait alors à Montmartre, tout en dégustant du fromage de chèvre et un petit verre de vin blanc du crû.

Au cours du XIXe siècle, ils complétèrent leur activité en rajoutant un bal à leur guinguette. Un d’entre eux, avait eu l’idée d’y donner des cours de danse. C’est ainsi que le Moulin de la Galette se développe et devint un lieu particulièrement à la mode.

 

L’attaque par les alliés de Montmartre

Dans le plan des coalisés, l’attaque de Paris se fit notamment par le nord. Les armées se répartissent un angle de combat allant de la barrière de Clichy à celle de Vincennes. La bataille qui se déroula devant la barrière de Clichy fait partie des grands faits d’armes de la Défense de Paris, qu’on retrouve encore signalée de nos jours par le monument de la place de Clichy.

De ce fait, que ce soit par n’importe quel chemin, Montmartre occupait une place stratégique pour ce plan d’attaque.
Seulement, du haut de la Butte, on avait installé des canons visant les assiégeants au moment de leur passage.

Les Debray défendirent leurs moulins en famille, forte de quatre frères, aidé par le fils de l’aîné d’entre eux.

Au cours des combats, trois Debray périrent sous les balles. Il fallut pour les cosaques russes engagés dans le combat toute la journée pour pouvoir prendre la Butte. On donna alors l’ordre de cesser le feu.

 

Ultime défense et représailles

Comme on peut l’imaginer, les russes vinrent pour récupérer les canons. Seulement voilà, l’ainé des Debray voulut venger ses frères disparu et accueilli les soldats à grand renfort de mitrailles.

Les cosaques se précipitèrent pour récupérer les canons et s’emparèrent des canonniers. Le dialogue suivant se déroula :

– Que celui qui a tiré se livre, dit le commandant russe, sinon qu’on les fusille tous !

Debray sorti des rangs.

– C’est moi, dit-il.

 

L’aîné Debray, voulait notamment protéger son fils. Il n’avait pourtant pas dit son dernier mot. En effet, au moment où un officier russe se rapprocha pour l’arrêté, il lui tira une balle, le tuant sur le coup.

La fureur des russes découpla. Ils se précipitèrent sur lui. Ils le percèrent avec leurs lances. Le commandant russe ordonna qu’on découpe son corps en morceaux et qu’on cloue sur les ailes du moulin.

La famille totalement apeurée ne put récupérer les parties du corps que quelques jours plus tard, afin de l’enterrer.

Comme les cosaques avaient mis le feu au moulin, ce n’est que quelques années plus tard qu’il fut restauré. Ainsi en 1826, le Radet avait retrouvé une toiture et des ailes en état de marche pour moudre de nouveau du blé.

 

Sources bibliographiques

 

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