Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de fêtes

Les derniers spectacles de foire

Les derniers spectacles de foire à Saint Laurent et Saint Germain, ou le souvenir d’une époque qui finissait

 

La deuxième moitié du XVIIIe siècle est marquée par le déclin des grandes foires anciennes. Le théâtre populaire s’est déplacé, notamment vers les Grands Boulevards.

Toutefois, quelques spectacles égayaient les foires, tout en étant contraints par les autorités de s’y rendre.

 

Les grands danseurs du roi

A la moitié du XVIIIe siècle, Nicolet ne reprit pas les marionnettes avec lesquelles ses aïeux s’étaient illustrés. Il se tourna vers les danses de corde.

En 1762, il fut contraint de se rendre à la foire Saint Laurent. Toutefois, pas plus que les forains qui y étalaient leurs marchandises, il ne rencontra de succès. Aussi, afin de faire face à la disparition des visiteurs, il fut autorisé à se produire sur les boulevards, entre les foires. Il fut aussitôt suivi par d’autres, moyennant l’interdiction de mêler la parole au chant.

Toutefois, en 1768, il passa outre l’interdiction et obtint un tel succès que même la Comédie française du fermer plusieurs fois, n’ayant pas assez de public.

Face aux plaintes des autres théâtres, on limita aux forains le nombre de 6 violons et 10 danseurs. Le prix de la place fut aussi baissé pour encourager la venue de couches populaires et décourager les classes plus huppées.

Après s’être présenté devant la Cour à Choisy, en présence de madame du Barry, la troupe de Nicolet obtint le titre de danseurs du roi. En 1780, elle s’installa dans une grande loge à Saint Laurent. Malgré les premiers succès, la troupe rencontre de moins en moins de public à compter de 1785. La situation est telle en 1786 qu’elle ne peut s’y maintenir les 15 jours et doit se contenter des Boulevards. Il faut dire qu’alors, Nicolet passait outre la limitation de sa troupe : il faisait jouer 30 acteurs, 20 musiciens.

 

Nicolas Médart Audinot et l’Ambigu Comique

Audinot était un acteur de l’Opéra-comique et de la Comédie italienne.

En 1769, il était interdit de comédie et dut se rabattre sur les marionnettes. Cette année là également, il s’installa aussi sur le boulevard du Temple. Toutefois, avec le temps, il commença à s’éloigner des marionnettes en faisant jouer des enfants. Le succès fut au rendez-vous et les retours des Comédies implacables. Aussi, il dut calmer le jeu en augmentant sa redevant à l’Opéra.

En 1779, il se fit construire une salle au milieu de la place centrale de foire.

Toutefois, Audinot se fit évincer des autorisations données par l’Opéra en 1784. Des concurrents, Gaillard et d’Orfeuille, installés au Palais royal, récupérèrent ses privilèges.

 

Les variétés amusantes, ou la renaissance du vaudeville

Un directeur, Lecluse, souhaita rejouer l’Opéra comique en vaudeville. Il fit appel à différents auteurs et ouvrit son théâtre en 1778. A cette occasion, on reproduisit sur scène les personnages de la rue parisienne, les postillons qui jouaient de leur fouet, les maréchaux, les cris…

Après la foire, il s’installa sur les Boulevards. Mais il fut contraint de retourner ensuite à la foire.  Cette obligation le contraignit à la banqueroute, alors même qu’il s’était construit son théâtre boulevard Saint Martin.

Ce fut Duval Malter, Lemercier et Louis Hamoire qui profitèrent des lieux, tout en reprenant aussi ses dettes en 1779. Elle dut également reprendre le service de foire.

Cette même année, la troupe fut produite devant le roi et la reine. Toutefois, les souverains s’ennuyèrent.

En 1780, la troupe se produisit pour la première fois à la foire Saint Germain. Toutefois, le spectacle fut difficile à gérer. Un nouveau directeur, Fierville, prit en charge la gestion en 1782.

Sous le nom du théâtre des Variétés, la troupe quitta les Boulevards pour rejoindre le Palais royal

 

 

La Redoute chinoise, ou une magnifique salle qui ouvrait pendant la belle saison

C’est à monsieur Pleinchesne que les parisiens durent l’initiative de la Redoute chinoise. Son nom venait du décor à la chinoise. Elle fut ouverte pour la première fois en juin 1871. La salle ressemblait à une grande grotte avec un plafond peint.

On y trouvait multitudes de jeux : bagues, escarpolettes, balançoires, trou madame… Un restaurant y était tenu.

A partir du mois de septembre, on retravailla l’éclairage de la salle de danse et on rajouta une route japonaise pour y accéder.

Cette année, le spectacle dépassa largement la durée de la foire et ferma en octobre.

En 1783, on annonça la montée dans l’air d’un globe aerostatique. Cette annonce fit fureur et quelle ne fut pas la déception générale, quand on vit s’élever une vessie. L’année suivante, le directeur de la salle continua à surfer sur cette tendance en expliquant qu’on pourrait voir des hommes s’envoler dans les cieux.

Séraphin présenta en 1784 dans cette salle de foire, un de ses spectacles d’ombres chinoises.

En 1785, la Redoute chinoise est renommée en pavillon chinois et on y célébra la naissance du fils de Louis XVI.

 

Ainsi furent les derniers spectacles de foire ! La fin d’une époque qui avait démarré plus d’un siècle auparavant !

 

Sources bibliographiques

%d