Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de place

L’effondrement du métro à la station de Bercy

L’effondrement du métro à la station de Bercy, emporté par les eaux de la crue de 1910 ayant envahi le tunnel

Le quartier de Bercy paya un lourd tribu lors de la crue de 1910. Déjà, dés les premiers jours, les entrepôts de vins furent noyés. Ensuite avec la montée des eaux, le rues du quartier se retrouvèrent envahies par les eaux…

Dans ce contexte, comme on peut l’imaginer, le métro se retrouva lui aussi pris au piège. En effet, la voûte du métro s’effondra au niveau de la station de Bercy

Premières conséquences de la crue pour le métro à Bercy

Au début du XXe siècle, le métro fonctionnait grâce à des usines électriques. Dans l’est  de Paris, elle était installée sur le quai de la Rapée. Le 22 janvier, le sous-sol de l’usine fut atteint par les infiltrations. Rapidement, il fallut arrêter la production d’électricité.

Dans ses colonnes du 23 janvier, le Figaro écrit :

 « Ce n’était pas encore suffisant. Certaines lignes du métropolitain ont dû être abandonnées hier. ».

Le journaliste reprend ensuite la note publiée par la compagnie du métropolitaine :

« Les services qui avaient pu continuer jusqu’à hier matin samedi sur toutes les lignes du métropolitain, ont dû être interrompus à huit heures et demie sur la partie de la ligne N°1, allant de Chatelet à Vincennes, ainsi que sur la ligne N°6, l’eau avait envahi, malgré toutes les précautions prises, la galerie des condenseurs et la galerie des câbles l’usine du quai de la Rapée. L’usine de Saint Denis a suffit à alimenter de courant tout le reste du réseau, et si, comme la Compagnie en a le ferme espoir, l’usine du quai de la Rapée, où d’importants travaux de barrages et d’épuisement ont été immédiatement entrepris avec le concours de l’état-major des sapeurs-pompiers, peut être remise cette nuit en état de fonctionner, au moins partiellement, la circulation normale sera rétablie aujourd’hui dimanche vers midi, sur la totalité de la ligne N°1. Sur la ligne n°6 seulement, d’Italie à la Nation par Bercy, le service parait ne pas pouvoir être repris avant la cessation de la crue. »

Bref, plus de métro à Bercy !

Arrivée de l’eau dans le tunnel du métro

Comme dans de nombreux endroit, l’eau noyait dans le sous-sol au travers d’infiltrations. Ainsi, elle arriva dans le tunnel du métro le 26 janvier 1910.

Le Petit Parisien du 27 janvier écrit :

« C’est à une crevaison d’égouts également qu’on doit l’envahissement par les eaux de la galerie de métro à la station de Bercy. L’eau monte déjà au-dessus des quais. Elle s’écoule tout le long des galeries vers la Nation et vers la Bastille.

 La situation, déjà fort précaire du quartier de Bercy, s’est singulièrement aggravée dans la soirée d’hier.

D’ordre de la préfecture, M. Verdeau, commissaire de police du quartier, a dû faire évacuer en hâte une quarantaine d’immeubles situés boulevard de Bercy, rue Chambertin, rue  Corbineau, rue de Rambouillet et dans une partie de la rue de Bercy. »

Effondrement du tunnel

Ensuite, la situation dégénéra.

« La voûte de la gare du métropolitain venait de s’effondrer  de mètres de longueur et sur toute sa largeur. »

Un grand bruit se fit entendre. Aussitôt, de nombreux passant se précipitèrent, non sans danger.

« Par cette immense crevasse, on voyait les flots jaunâtres du fleuve se précipiter en bouillonnant. Il y eut, parmi les curieux accourus, une minute d’horrible panique. Les pauvres gens affolés, couraient et bousculaient sans savoir où ils allaient. Un passant, presque un vieillard, tomba dans le gouffre béant et allait disparaître dans le tourbillon quand M. Rouget, entrant dans l’eau le saisit par un poignet et pu d’un effort surhumain le ramener à lui. »

La police évacua vite les lieux

« Il fallut en toute hâte faire évacuer le théâtre de la catastrophe, le flot montait et s’épandait avec rapidité sur la chaussée, gagnait la rue de Bercy et la submergeait toute.

Bouchers, boulangers, marchands de vin, épiciers, voisins du lieu du désastre, durent abandonner leurs boutiques et leurs marchandises et se sauver devant le flot dévastateur. Pendant ce temps, les lampadaires à gaz s’éteignaient, les conduites étant rompues. »

L’eau qui sort de là, tout en élargissant les fissures.

« De la voûte de la station du métro de Bercy qui s’était effondrée, avant-hier-soir, formant une énorme crevasse longue de dix mètres, large de toute la largeur de la station, il ne reste plus rien. Toute la nuit, en effet, des craquements se perçurent. C’était l’effondrement qui continuait.

Au loin, de chaque côté, au-dessus des eaux dont les chaussées sont recouvertes, des cordes tendues en travers d’une maison à l’autre, signalent le danger et empêchent toute navigation au-dessus de ce gouffre.

L’eau dévale de toutes parts. Il y en a aussi dans la rue de Charenton, où elle a atteint par endroits, près d’un mètre de profondeur. »

L’eau allait donc partout, dévastant tout sur son passage.

Sources bibliographiques :

%d