Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Repères

Les égouts face à l’hiver 1879 – 1880

Les égouts face à l’hiver 1879 – 1880 : face à l’afflux d’eau lorsque la neige, tombée pendant un mois, fond.

 

Comme souvent lors des épisodes climatiques très critiques, les égouts sont soumis à une forte pression. Ils voient un débit très rapide d’eau, mettant sous tension leurs pressions et leurs débits.

Ainsi, le terrible hiver 1879 – 1880 mit fortement à contribution les égouts, tant lors du froid intense qui sévit en décembre 1879, mais aussi lors du dégel qui suivit.

Nous poursuivons notre enquête en lisant les journaux d’alors.

 

Le risque de chute lors des épisodes de froid

Ainsi que nous l’avons décrit dans notre article sur le froid infernal de décembre 1879, la température s’installe en zone négative, en dessous de -10°C, dès le premier jour du mois (en réalité déjà à la toute fin de novembre).

Rapidement, une véritable tourmente de neige recouvre toute la capitale. Les passants doivent se trouver un passage parmi les tombereaux et le verglas qui guette. Gare à la chute !

Dans les rues, un point est d’autant plus risqué : la bouche d’égout, comme nous le lisons dans le Petit Journal du 6 décembre 1879.  

« Partout, où chaque pas, des chutes nombreuses se produisaient ; la neige boueuse des chaussées permettait seule d’éviter ces chutes aux piétons, car sur les trottoirs le vide de quelques endroits et les bouches d’égout amenaient des chutes presque inévitables. Nos reporters ont assisté à de nombreux accidents de ce genre : beaucoup ont amené des blessures assez graves. »

 

Le Petit Journal du 10 décembre poursuit :

« Les accidents ont été assez nombreux ; heureusement les personnes qui sont tombées ne se sont pas blessées mortellement. Plusieurs boutiquiers, dans les quartiers de la rive gauche, ont mis sur les plaques des égouts des poteaux indicateurs, avec l’inscription. « N’approchez pas » ; d’autres ont mis sur les trottoirs de la paille, du bois et jusqu’à des paillassons, pour éviter ainsi aux piétons les chutes, qui peuvent avoir des conséquences fâcheuses. »

 

Comme la température régnant dans les égouts est bien supérieure à celle de l’extérieur, la neige ne tient pas sur les bouches. Cependant, avec l’intensification du froid, à la faveur de la nuit, l’eau qui était restée se transforme en un redoutable verglas.

 

La forte mise sous tension lors du dégel

Toutefois, la véritable difficulté pour les égouts apparait lors du dégel. Subitement, la neige et la glace qui s’étaient accumulées sur les toits et les chaussées fond. C’est une véritable boue qui se forme et qui prend la direction des voies d’évacuation. Rapidement une très forte quantité d’eau envahit les tunnels.

Le Petit Journal du 31 décembre rapporte à cet effet : « Les égouts, gavés jusqu’à éclater, absorbent à bouche que veux-tu le liquide visqueux, procédé bien sommaire, mais dont on est bien forcé de se contenter. »

Ces afflux sont renforcés par le nettoyage des rues qui est obligatoire dans le contexte. Nous lisons dans le Petit Journal du 31 décembre

« Les tas de neige, qui sont tellement tassés qu’ils résistent encore au dégel, seront poussés dans les égouts au fur et à mesure de leur fonte. Il s’agit, non seulement d’assurer la libre circulation des rues, mais encore d’épargner aux boutiques, surtout celles qui se trouvent au bas de rues en pente, les inondations dont elles sont menacées.

Nous disons plus haut que les tas de neige seront déversés dans les égouts. En attendant d’en prescrire l’ordre, l’administration s’occupe de le faire inspecter. Il s’agit, en effet, de s’assurer du fonctionnement des égouts qui ont déjà reçu plus de cent mille tombereaux de neige ; et indépendamment de la congélation de cette neige, qui pourrait retarder l’écoulement, il faut aussi compter sur la hausse plus que certaine des eaux de la Seine qui ralentira le débouché. « 

 

En effet, la montée de l’eau de la Seine génère un nouveau risque pour les égouts. En effet, elle implique le renforcement des infiltrations d’une part et limite la possibilité de rejet en aval de Paris.

 

Sources bibliographiques

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