Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de parc

Le hameau de la reine

Le hameau de la reine, dernière étape de la construction du domaine du Trianon, où on reconstitua la campagne

 

A quelques kilomètres du château de Versailles, existe un véritable joyau encore debout aujourd’hui : le hameau la Reine.

Certes, dans la tête de beaucoup, le domaine du Petit Trianon est celui de Marie Antoinette. C’est d’ailleurs elle à qui ont fait référence quand on parle de la reine, la dernière qui ait vécu à Versailles, même si son hameau sera repris ensuite par d’autres souveraines.

Mais pourquoi cet espace est si intéressant ? Qu’est-ce qui le rend si beau ?

Nous allons donc réaliser une balade champêtre mais où la culture est importante, et s’intéresser à un passage de l’histoire des jardins en Ile de France.

 

La mode des hameaux, dix ans avant la Révolution

La reine voulait son hameau. Pourtant, ce n’est pas elle qui avait ouvert la voie en France. En effet, quelques temps auparavant, le prince de Condé en avait fait établir un dans son domaine de Chantilly. Il s’agissait alors de se rapprocher de la nature en suivant les préceptes des premiers romantiques, Jean Jacques Rousseau tout au moins.

En cette deuxième partie du XVIIIe siècle, les arts et la littérature s’intéressaient à la nature mais aussi à la vie populaire. Ainsi, en se rapprochant d’une vie rustique imaginée, les princes de ce temps visaient à installer dans leur vie de la magie et du rêve. Il leur fallait disposer de leur propre basse-cour, de leur propre ferme. En quelque sorte, ils cherchaient du rustique tout en le couvrant de luxe.

Le prince de Condé ne fut pas le seul à poursuivre dans cette voie. De belles maisons princières se dotèrent d’un tel hameau, comme Mesdames à Bellevue, mais aussi dans les résidences comme celle de Montreuil.

 

La Tour de Marlborough, la plus ancienne du site

Voici la plus ancienne construction, avec sa petite hauteur surplombant le domaine !

Tout d’abord, quel nom surprenant ! En effet, il renvoie à un général anglais dont la mort en 1722 avait poussée à composer une complainte.

Dans le Mariage de Figaro, Beaumarchais reprend le thème. Pourtant, malgré l’interdiction royale de la pièce, la complainte fit tout de même son entrée à Versailles. Ainsi, un jour, le roi et la reine surprirent la nourrice du dauphin en train de la chanter. Ils se mirent eux-mêmes à l’apprendre et la diffusèrent ainsi à la cour.

Comme nous le voyons, les Lumières sont bien présentes dans ce hameau. Le couple royal qui sera emporté par la Révolution n’était pas hermétique aux idées nouvelles, sans prendre cependant la mesure des évolutions qu’elles sous-tendaient.

En tout état de cause, pour construire cette tour, la reine s’inspira de celle de Gabrielle au bord du lac d’Ermenonville. Sur le balcon, en hauteur, un veilleur pouvait correspondre avec le château de Versailles.

 

Un lieu pour Marie Antoinette où elle reçoit ses proches

La particularité du Petit Trianon de Marie Antoinette était qu’on ne pouvait y entrer que sur invitation. Tout l’opposé de Versailles, où chacun doté d’un chapeau et d’une épée, était admis. Cette fermeture choqua la Cour qui ne pouvait accompagner dans chacun de ses faits et gestes la souveraine, tout comme du fait que la reine choisissait ses convives sur la base de ses attachements plutôt que suivant l’étiquette.

Le hameau de la reine fut le dernier aménagement que Marie Antoinette commanda pour Trianon. De ce fait, les fêtes furent moins présentes que celles qu’elle avait organisées dans d’autres parties du domaine. Ici, elle passa du temps avec les personnes les plus proches, ainsi que pour l’éducation de ses propres enfants.

 

Mais où aussi elle évolue dans une ambiance de campagne reconstituée

Le jardin anglais était le lieu des promenades où on se laissait surprendre dans une nature reconstituée. Dans le hameau, c’est la campagne que l’on recherche.

Avec une ferme tout d’abord ! Et quelle ferme où Marie Antoinette croisait le bétail, avec une multitude de moutons, de chèvres, de poules…

Ensuite, le lac totalement artificiel, était également poissonneux. Pour cela, on avait installé une barque sur ses berges et une pêcherie sous la tour de Marlborough. Faire venir de l’eau n’était pas une gageure ici également.

Outre la ferme, Marie Antoinette commanda à son architecte, la reconstitution d’un véritable village. Il se refusa la fantaisie de reprendre une église, mais composa avec la silhouette du clocher du village au-delà du domaine pour constituer la confusion. Ainsi, dans le hameau, on trouvait un moulin, un pigeonnier…

Ce village était habité. La reine pouvait en déambulant dans son domaine se rêver dans une véritable campagne… en tout cas, une campagne fantasmée comme nous le verrons par la suite.

Chacune des maisons dispose de son propre jardinet, où on faisait pousser nombre de légumes. Quel plaisir pour la reine de faire servir à ses convives ses propres productions.

Mais en y regardant de plus près, tout était faux. En effet, recouvrant les murs des installations, on avait mimé des pierres, des briques. Avec la magie du pinceau, les maisons avaient un aspect vieilli totalement artificiel.

 

La laiterie, un espace entre luxe et rusticité pour se rapprocher de la nature

Tout comme dans les hameaux d’alors, sous l’apparence de rusticité, le luxe n’est jamais loin. Le bon exemple pour l’illustrer est la laiterie. Située tout près de la tour de Marlborough, la laiterie, d’apparat, était destinée à la reine pour qu’elle puisse battre la crème selon son plaisir.

A l’intérieur, tout était couvert de marbre. La décoration avait fait appel à sa manufacture de la rue Thiroux pour les œuvres de porcelaine. Sur les murs, on avait représenté des images de repas champêtre.

La véritable laiterie était, elle, un peu en retrait, moins mise en avant.

Comme on peut le voir, on ne cherchait pas au hameau la véritable situation de la vie dans les campagnes, mais celle fantasmée par les puissants. La recherche de magie et de rêve, dans les pas de Jean Jacques Rousseau était à l’œuvre. Ainsi, le romantisme était bien avancé.

 

La maison de la reine, un véritable palais

Sur les bords de son lac, Marie Antoinette s’était fait édifier un petit manoir. L’édifice était constitué en réalité de deux corps de logis relié par une galerie peinte en vert olive.

La maison de droite était celle où pouvait s’installer la reine, avec sa salle à manger et son cabinet de tric trac, aussi des beaux salons à l’étage.

La seconde était dédiée à un billard.

Nous sommes ici dans le lieu de réception de la reine où elle pouvait aussi passer un peu de temps pour elle, installée dans son hameau.

 

Sources bibliographiques :

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