Histoires de Paris

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Histoires d'immeubles

L’immeuble des frères Perret de la rue Benjamin Franklin

L’immeuble des frères Perret de la rue Benjamin Franklin, prouesse en béton armé, restant dans l’art nouveau.

En 1903, les frères Perret, Auguste et Gustave se lancent dans la construction d’un édifice tout près du Trocadéro. Ils sont alors au 25 bis de la rue Benjamin Franklin.

Ils sont alors encore sous la direction de leur père, Claude Marie Perret.

Pour décrire cette immeuble, nous reprenons une publication de la Cité de l’Architecture, accessible en lien dans la source bibliographique.

Le recours au béton armé, en le testant et en l’assumant pleinement.

L’entreprise s’intéresse alors au béton armé. A cette époque, on l’utilisait pour les fondations, le plancher et les escaliers. Toutefois, il avait fallut attendre Hennebique qui l’utilisa pour la construction en totalité d’une première maison en 1899.

Aussi, en 1903, les frères Perret s’inscrivent dans une nouvelle aventure. Cette approche est utilisée également à proximité, dans la rue Manuel, par l’architecte Charles Klein pour l’immeuble Les Chardons.

La nouveauté n’est pas la seule raison à justifier ce choix. En effet, la largeur de la parcelle est largement insuffisante pour retenir une construction en maçonnerie traditionnelle.

Dans un premier temps, nos jeunes architectes, élèves quelques années plus tôt à l’Ecole des Beaux Art de Paris sans aller jusqu’au diplôme, étudient l’option de la structure métallique. Mais le béton armé est moins cher et plus résistant au feu.

Encore peu habitué à ce matériaux, les frère Perret sous traitent la fabrication du béton armé. Ainsi, l’immeuble de la rue Benjamin Franklin sert pour eux de véritable test en grandeur nature. Ils la reprendront ensuite durant une grande partie de leur vie.

Une sacrée revue des usages

Nous avons déjà évoqué la difficulté de la construction : une parcelle bien étroite. Tout d’abord, les frère Perret trouvèrent une bonne astuce : inverser la place de la cour intérieure, en la mettant au niveau de la façade sur rue. Pour cela, ils profitèrent de l’autorisation donnée l’année précédente sur la rupture de l’alignement traditionnel des façades. Cet effet est rajouté avec le dépassement d’un mètre des bow windows.

Ensuite, cet immeuble est surprenant par sa hauteur : 10 étages. Les 6 étages classiques haussmanniens sont largement dépassés. C’est d’ailleurs, une exception tout de même. Ensuite, l’étage noble est déplacé : il est au dernier étage. Auguste Perret qui y habitera voulait pouvoir voir au loin, profitant de la hauteur de la colline de Chaillot. Possible aussi de monter sur le toit aménagé en terrasse également, offrant une vue très large sur la ville. On y raconte qu’on pouvait voir jusqu’au Château de Saint Germain.

Une façade au béton apparent mais avec des céramique de Bigot en grès

Sur la façade, le béton s’affiche. Les frères Perret étaient tellement fiers de leur prouesse. Ainsi que le rapporte une notice de la Cité de l’Architecture, utilisée ici comme source, les poteaux sont apparents et visibles de l’extérieur.  Sur les murs en béton, ils demandèrent à Alexandre Bigot, grand nom du moment, de poser des céramiques avec un décor floral.

En tout état de cause, l’immeuble servit de référence pour les frères Perret. Ils y installèrent au rez-de-chaussée leur agence.

Un tremplin vers l’architecture du XIXe siècle

Bien sûr, on associe aux frères Perret (et notamment Auguste), l’usage du béton. Beaucoup pense au centre ville du Havre qui vient d’être classé. Mais on doit à Auguste Perret également à Paris le théâtre des Champs Elysées, le mobilier national de la rue Croulebarbe dans le 13e arrondissement, le musée des travaux publics de la place d’Iéna, ainsi qu’un immeuble d’habitation dans la rue Raynouard dans le 16e arrondissement.

Pour finir, c’est dans son agence que fut formé un certain Charles Edouard Jeanneret Gris, appelé aussi Le Corbusier.

Sources bibliographiques :

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