Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

Les industries nauséabondes de Montfaucon

Les industries nauséabondes de Montfaucon, des activités pestilentielles mais importantes pour nettoyer Paris, tout en recyclant en quelque sorte.

 

A Montfaucon, on traitait les déchets de Paris. Bien sûr, ce nom évoque pour les lecteurs assidus de Victor Hugo, le célèbre gibet, mais déjà bien avant le XVIIe siècle, on avait sur ces lieux une activité de traitement des déchets.

Là, à Montfaucon, au nord est de Paris, sur la route de Pantin, on déversait les déchets de venus de toute la ville.

Pour revenir sur cette histoire, nous allons nous imprégnez des impressions de voyage de Perrot. En effet, à la manière de touriste parcourant le monde, cet ingénieur rouennais ait parti moins loin en distance. Cependant, il nous raconte les industries nauséabondes de Montfaucon

 

La voirie ou le traitement des déchets organiques de Paris

Continuellement, des voitures apportaient encore dans la première moitié du XIXe siècle des déchets organiques venus de tout Paris. Il s’agissait bien sûr des matières ramassées en nettoyant les rues et fossés, mais aussi les canaux… Ces matières étaient déposées dans deux grands étangs. En suspensions, elles commençaient à fermenter… L’odeur  devait être insupportable à la voirie de Montfaucon.

Ensuite, lorsqu’on estimait que la fermentation avait duré assez de temps, on laissait filer l’eau de l’étang pour laisser déposer la matière. On l’étalait enfin dans un champ à proximité. En effet, pas question de la laisser partir. « Rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme » disait Lavoisier. Alors, à partir des déchets, on fabriquait la poudrette. Cet engrais était considéré de très bonne qualité et exporté en dehors de Paris.

 

L’équarrissage ou le traitement des chevaux morts

Un peu plus loin, sur le même chemin que la voirie, se tenait le clos de l’écorcherie de Montfaucon. Il s’agissait en fait de deux espaces.

Dans le premier, on récupérait le corps des chevaux morts pour les transformer. En effet, avec les crins étaient récupérés. On faisait des cordes avec les intestins. La viande était aussi vendue…

Le second était encore plus sinistre. C’était en effet là qu’on apportait les chevaux mourants. On les accrochait là, attendant qu’ils ne trépassent. Les ouvriers voulaient s’éviter de les achever directement.

Cette activité d’équarrissage rajoutait à l’odeur pestilentielle de Montfaucon. En outre, elle attirait des grandes quantités de rats. Estimés en 1840 à près de 100 000, ils étaient aussi l’objet d’une chasse particulière. Les meilleures fourrures étaient toujours revendues

 

La production d’asticots

Après la poudrette, les cordes de boyaux, Montfaucon avait également une autre activité industrielle. La présence en grande affluence de corps morts permettait de produire en bonne quantité des asticots.

On allait même déposer de la viande sur le sol, protégée par le de la paille pour les ramasser. Ces asticots étaient en effet considérés comme une très bonne source pour la pèche bien sûr, mais aussi l’élevage des faisans.

 

La fin des industries nauséabondes de Montfaucon

En 1840, la situation de Montfaucon devient totalement absurde. Le lieu est en effet aux portes de Paris.

En effet, elle se trouve juste à proximité du mur des Fermiers Généraux et de la barrière du Combat. En outre, les odeurs sont ressenties jusqu’au village de Belleville. Les eaux de la voirie s’écoulaient également vers le canal Saint Martin pas si loin. Ainsi, en suivant le cours du canal, elles se retrouvaient au niveau du bassin de l’Arsenal. Elles rejoignaient donc la Seine avant son passage au centre de Paris.

Aussi, sous la Monarchie de Juillet, les autorités décidèrent d’éloigner ces industries. L’écorcherie partit la première, en direction d’Aubervilliers. Le nord de Paris restait toujours un bon endroit pour ces activités.

Ensuite, la voirie déménagea en 1845 vers la forêt de Bondy, également dans le nord est.

 

Sources bibliographiques :

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