Histoires de Paris

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Histoires d'immeubles

L’insalubrité des sixièmes étages

L’insalubrité des sixièmes étages : catastrophe et scandale social, favorisant la maladie pour Léon Doinet…

Au début des années 1910, l’architecte Léon Doinet tenait sa rubrique immobilière : le « Home français ».

Le 4 août 1910, il publia un numéro de sa chronique sur les sixièmes étages !

Importance sociale d’aménager les sixièmes étages des immeubles

Dans cette chronique Léon Doinet s’appuya sur un échange récent qu’il avait eu avec un chirurgien, Marcel Sénéchal, travaillant à la maison départementale de la Seine.

« Il a vu bien des sixièmes étages mais il n’a jamais vu des sixièmes bien, et il a été appelé cent fois au chevet de malades qui ne devaient leurs maladies qu’à la honteuse et répugnantes qui ne devaient leurs maladies qu’à la honteuse et répugnante promiscuité du sixième. »

Le médecin propose sa solution : « obliger les propriétaires (s’il leur semble indispensable de grouper les domestiques d’une même maison) à séparer au moins les hommes et les femmes ».

Il constate également que généralement, les portes sont fermées avec des serrures bon marché, qui s’ouvrent généralement toutes avec la même clef. De ce fait, « une bonne n’est jamais à l’abri, même quand elle se croit enfermée à double tour dans sa chambre. »

La chambre de bonne : un exemple d’insalubrité pire qu’une prison

« Et cette chambre ! Il faut voir le sinistre aspect de cette chambre ! »

Lors d’une exposition de la tuberculose, les organisateurs avaient présentées deux pièces qui favorisaient la transmission de la maladie.

« A gauche, une cellule de sixième, sale et exiguë ».  « A droite, une cellule de la prison de Fresnes, nette, aérée, avec électricité et le tout à l’égout ».

« Certes, il est excellent que les détenus soient logés selon les règles de l’hygiène, mais il est déplorable que les domestiques ne soient pas au moins logés comme des détenus. »

En effet, il était général que les sixièmes étages ne disposaient que d’un seul WC, souvent « sale et incommode », avec « son siège à la turque c’est-à-dire pas de siège du tout ».

A cet effet, Doinet propose d’installer des WC confortables.

Recommandations pour l’aménagement des sixièmes étages

En complément, Doinet évoque également l’installation de ces pièces. Il préconise l’abandon du carrelage trop froid mais aussi du parquet (« les interstices du bois gardent tous les microbes »). Face à cela, il revendique l’usage de l’aggloméré, « solide et sain ». Enfin, il fallait éviter « les moulures et boiseries, qui ne sont trop souvent que des nids à punaises ».

Par ailleurs, il recommande d’aérer ces pièces, ainsi que de les chauffer.

Pour cela, il indique qu’il suffit de chauffer déjà le couloir. Cependant, comme il le remarque, souvent les couloirs sont peints « en une sinistre couleur fiente d’oie ou chocolot tourné pour que la saleté ne se remarque pas. » En outre, cette partie n’est souvent pas éclairée

Enjeux de la salubrité du sixième étage

Mais pourquoi Doinet se préoccupait tant de ce sixième étage ? « Attendu qu’il est de notoriété qu’à Paris c’est au dernier étage où les jeunes filles de la pagne se couchent, qu’elles contractent parfois la tuberculose et souvent de pires maladies ». De ce fait, les propriétaires qui les installaient dans ces lieux insalubres étaient pour lui les premiers responsables de cette situation de détresse de nombreuses domestiques. Ce d’autant, que les maladies qui démarraient là touchaient ensuite le reste des habitants de l’immeuble.

Sources bibliographiques :

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