Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires d'immeubles

La Maison Barbaroux de la rue Saint Honoré

La Maison Barbaroux de la rue Saint Honoré fut une des toutes pionnières des magasins de nouveautés de Paris.

 

Dans les années 1840, la rue Saint Honoré était déjà un axe où on venait acheter des vêtements à la mode. Les magasins de nouveautés, ancêtres des grands magasins comptés par Zola, y sont déjà présents. La maison Barbaroux, appelé également A l’arbre sec, en faisait partie, située aux numéros 88 à 92 de la rue Saint Honoré, en face de celle de l’arbre sec.

 

La transformation d’un commerce en magasin de nouveautés

Comment faut-il l’appeler ? A l’arbre sec ou la maison Barbaroux ? En tout état de cause, la confusion durera par la suite. Voici l’histoire d’un commerce qui se lance dans le format des magasins de nouveautés.

Ainsi, dans la Quotidienne du 4 mai 1845, le magasin lance une publicité annonçant une « ouverture ».

« Les propriétaires de cet établissement – l’un des plus anciens de Paris – viennent de faire des agrandissements considérables, qui leur permettent de réunir dans leurs vastes magasins un assortiment complet d’articles de grandes nouveautés pour la saison de Printemps. Toutes les marchandises sont garanties de première qualité et vendu extraordinairement bon marché. ».

Ainsi, nous retrouvons ici de nombreux codes des magasins de nouveautés : la vente des produits en grande quantité, vantant leur qualité, dans une vaste boutique, bon marché… tout en la relayant par de la publicité.  Les prix sont également fixes et annoncés par la réclame.

Outre cette caractéristique, ce qui est doublement intéressant ici est la juxtaposition d’une « des plus anciennes boutiques de Paris » tout en faisant les agrandissements pour intégrer les nouveaux codes.

 

La mise en avant d’une ancienne maison

La mode des magasins de nouveauté se renforce très fortement dans les années 1850. Ce format se développe fortement, avec un grand renfort de publicité. Aussi, pour la maison Barbaroux, il est essentiel de valoriser son ancienneté. C’est ce que l’on retrouve dans cette réclame publiée le 31 décembre 1853 dans la Gazette de France.

« Ancienne Maison Barbaroux, rue Saint Honoré, en face de la rue de l’arbre sec. »

« Malgré la grande augmentation des soieries, voulant en vendre de suite une forte partie, les satins à la reine unis et rayés, qualité de 3 francs 50 centimes, seront vendus 2 francs 45 centimes. »

Mais cette réclame est également l’indice d’un changement de propriétaires. Les Barbaroux ne sont plus à la barre.

 

La liquidation

La nouvelle tombe le 28 janvier 1866. Le Temps publie alors :

« Lundi 29 janvier 1866, ouverture de la liquidation de l’une des plus anciennes et des plus importantes maisons de nouveautés de Paris, 88, 90 et 92, rue Saint Honoré, en face la rue de l’Arbre sec. ».

« ­­6 millions de nouveautés à liquider forcément d’ici le 28 février, pour le compte des créanciers, qui feront vendre ces nouveautés, toutes de première fraicheur à un perte désastreuse, illimitée et sans aucun exemple.

La maison Agnès et compagnie, connue depuis de longues années, est une des premières maisons de nouveautés fondées à Paris, et celle qui vendait aussi le meilleur marché.

Forcée pour des motifs sérieux de faire l’abandon de son actif et ne pouvant plus rester dans les magasins qu’elle occupe. La maison Agnès fait une vraie liquidation, c’est-à-dire une vente de marchandise à une perte certaine et illimitée, et non une spéculation, comme beaucoup de liquidations.

Les dames peuvent se convaincre de cette vérité par la différence des prix réels et non mensongers ou exagérés. »

Ainsi, par une grande opération commerciale en forme de bouquet final, ce magasin de nouveautés pionnier à Paris rend son tablier.

A la place, après l’été, on y ouvrit un nouveau café chantant : le Casino français

 

Sources bibliographiques :

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