Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires au détour d'une rue

Une maison du quai des Orfèvres

Histoires d’une maison du quai des Orfèvres : 2 naissances avec une critique de la Ligue et Nicolas Boileau.

 

Dans son Paris démoli, Edouard Fournier revient sur le quai des orfèvres, cet endroit si connu aujourd’hui des amateurs de séries et romans policiers.

Dans la seconde partie du XVIe siècle, le quai avait un aspect bien différent de celui qu’on connait aujourd’hui. Tout d’abord, bien sûr, la partie surélevée du quai actuel n’existait pas. On avait directement accès aux rives de la Seine.

Ensuite, le pont neuf n’était pas construit. En effet, cette partie de la Cité était le lieu du jardin du Palais. De cette manière, les visiteurs du quai longeaient l’enceinte du Palais, d’où on voyait dépasser les « chênes séculaires » pour reprendre l’expression de Fournier.

Très légèrement en aval de l’île de la Cité, existaient encore l’île aux juifs et celles de la Gourdaine et du passeur aux vaches. A cette époque, les parisiens appréciaient le vin produit sur les vignes de l’île aux juifs. C’était d’ailleurs le chapelain de Saint Nicolas du Palais qui se chargeait des vendanges.

A la suite des travaux du pont neuf, ces îles furent rattachées à la Cité, faisant bien sûr disparaître leur verdure.

 

La maison de Ménipée, texte satirique contre la Ligue

Tout près de la pointe de l’île de la Cité d’alors, existait la petite rue de Jérusalem. Parmi ses maisons, on notait à la fin du XVIe siècle, une maison avec une façade de brique entourée de pierre de taille. Elle accueillait un des logis de la Sainte Chapelle.

Là, vivait Jacques Gillot, conseiller clerc au Parlement de Paris, tout proche. Savant, philologue, il animait un cercle de littéraire, accueillant entre autres le poète Nicolas Rapin, Jean Passerat, Pierre Pithou…

Un soir qu’ils rentraient chez le chanoine, ils furent surpris par la Ligue et durent pour les uns s’enfuir et pour d’autres passer quelques temps en prison.

Une fois les persécutions terminées, ils tinrent une rancune tenace contre les oppresseurs. Ils décidèrent pour cela d’utiliser leur plus grande arme : la plume. Avec le concours de Pierre Leroy, chanoine de Rouen, ils se mirent à l’ouvrage en parodiant les discours des ligueurs. Ils se répartirent les personnages à caricaturer et décrier.

A cette époque, Henri IV était en train de gagner le siège de Paris. La Ligue se trouvait en difficulté. Aussi, le pamphlet de nos auteurs fut diffusé à un moment où la population parisienne accueillait son nouveau souverain. De cette manière, la verve de ces hommes de lettre se trouva déclamée et répétée dans chacune des rues de Paris.

Cependant, personne ne savait alors qui avait écrit ces textes. Il fallut attendre leurs morts pour que le secret ne soit levé. En effet, seulement en 1619, après la mort de Gillot qu’on connu les auteurs de ce fameux recueil, appelé la Ménipée.

Gillot fut enterré dans la Sainte Chapelle et ses frères récupèrent ses privilèges.

 

La maison de naissance de Nicolas Boileau

Contrairement à l’usage, son successeur en tant que chanoine de la Sainte Chapelle et plus jeune frère, Jacques Tardieu voulut partager la maison.

Ainsi, en 1634, il loua le principal appartement à Gilles Boileau, greffier au Parlement. De cette manière, l’homme de loi pu se rapprocher de son bureau et quitter la rue Quincampoix.

Il arriva avec sa seconde épouse. Là deux fils naquirent. L’un deux, fut le célèbre Nicolas Boileau, grand « satirique » du Grand Siècle.

 

Sources bibliographiques

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