Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Repères

Les maîtres d’hôtel et le prévôt de France

Les maîtres d’hôtel et le prévôt de France se chargeaient de l’approvisionnement du palais et de son contrôle

 

Etant la capitale du royaume, Paris accueillait bien sûr le palais des rois. Longtemps installé dans l’île de la Cité, il était dirigé par plusieurs officiels. Un d’entre eux était chargé de rendre la justice à l’intérieur.

Reprenant les juridictions romaines, les rois mérovingiens avaient auprès d’eux un officiel supérieur : le maire du palais. Ce super gouverneur dirigeait l’organisation des armes, de la justice et des finances dans tout le royaume. Comme le signale Nicolas Delamare dans le Traité de Police, c’était à lui que rapportaient les différents juges dans les provinces du royaume.

 

Les grands officiers du palais

La charge de maire du palais fut supprimée lors de l’avènement des capétiens un peu avant l’an mil. C’est à cette époque que les justices seigneuriales sont installées dans tout le royaume.

L’organisation du palais changea alors. Ainsi, on désigna les maîtres des requêtes de l’Hôtel, le grand Sénéchal ou grand Maître, pour diriger l’administration royale.

Le maître des requêtes avait en charge le jugement des affaires et rapportait au roi. Toutes les affaires personnelles des officiers du roi étaient de sa juridiction.

De son côté, le grand Sénéchal dirigeait les maîtres d’hôtel du roi. C’était lui qui jugeait les crimes et délits commis par ces acteurs.

Comme on peut ainsi, le constater, à aucun moment, la justice de Paris ne regardait ces officiers.

 

Les maîtres d’hôtel et l’approvisionnement du palais

De cette manière, les maîtres d’hôtel se chargeaient de l’approvisionnement en vivre du palais. Ils contrôlaient donc la qualité des aliments apportés. Ainsi, cette activité ne regardait donc pas le prévôt. On peut imaginer que la présence de la Cour à Paris posait donc des difficultés dans les relations du commerce de la ville. En effet, les marchandises destinées aux habitants regardaient le prévôt, tandis que celle pour le prince et son entourage le palais.

En 1318, les Etats généraux se plaignirent des désordres générés par ces juridictions proches. Aussi, Philippe V le long dut à cette occasion bien rappeler le rôle du grand Sénéchal : uniquement l’approvisionnement de la Cour. Il rappela également au prévôt que les vivres apportés par la Seine ou la route pour le roi, la reine et les autres princes, ainsi que tous les membres de la Cour ne rentraient pas dans son contrôle.

 

La suppression de l’office des maîtres d’hôtel

Toutefois, en 1355, Jean II décida de supprimer la charge de maître d’hôtel. Cette fonction fut ainsi transférée aux maîtres des requêtes. Toutefois, la période était trouble. Le roi venait d’être capturé par les anglais et gardé prisonnier à Londres. Aussi, cette décision ne fut pas totalement suivie des faits.

Aussi, la lutte d’influence entre les maîtres d’hôtel et le prévôt se poursuivait pour le contrôle des marchandises dans Paris.

Seulement, en 1406, l’édit de Jean fut appliqué. Cette décision eut comme conséquence que le palais ne disposait plus de juge pouvant intervenir sur le contrôle de l’approvisionnement de Paris autre que le prévôt.

 

Le roi des ribauds, un officier qui exécutait les décisions des maîtres d’hôtel

Quel nom étrange ! Au XVIIe siècle, les ribauds avaient mauvaises connotations, renvoyant aux gens odieux. Toutefois, au Moyen Age, quand les maîtres d’hôtel avaient leur rôle, ce nom était plus équivoque. En effet, le roi des ribauds était l’officier chargé d’exécuter les sentences des maîtres d’hôtel.

Il dirigeait alors un lieutenant ayant aussi le titre de prévôt, ainsi que des archers et des sergents.

Son rôle était de chasser les vagabonds et « autres gens de mauvaise vie » qui pouvaient traîner dans le palais. Il contrôlait aussi que personne d’extérieure à la Maison royale ne puisse être présent pendant les repas. Il chassait le soir tous ceux qui n’étaient pas autorisés à dormir dans le palais.

 

Le grand prévôt

Cette fonction de roi des ribauds survécut à la fin des maîtres d’hôtel mais peu de temps. Du fait de la guerre de 100 ans, la Cour était mobile et à l’extérieur de Paris. Aussi, sa justice était alors réalisée par le prévôt des maréchaux. Ainsi, en 1422, on supprima le rôle de roi des ribauds.

Ensuite, le prévôt des maréchaux, devenu le prévôt de l’Hôtel se retrouva placé à la tête des archers. Par la suite, on parla de Grand Prévôt de France qui pouvait intervenir dans tous les lieux où se trouvaient la Cour.

La fonction fut conservée après la réforme réalisée par Louis XIV sur la police, sans bien sûr pouvoir interféré avec ses attributions.

 

Sources bibliographiques :

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