Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires au détour d'une rue

La manufacture de porcelaine de Nast

La manufacture de porcelaine de Nast : une fabrique qui survécut à la Révolution, l’Empire et la Restauration

 

Principalement depuis le Grand Siècle de Louis XIV, l’industrie française avait été encouragée par les manufactures royales, offrant une véritable concurrence aux corporations, issues du Moyen Age.

Cependant, à la veille de la Révolution, des initiatives privées se tentèrent, en dehors du cadre tant des manufactures royales que des corporations ouvrières. Seulement, afin de survivre, plusieurs dans le domaine des porcelaines allèrent chercher la protection de princes.

Toutefois, comme on peut l’imaginer, cette dernière ne fut pas d’un grand secours au cours de la Révolution.

Dans ce paysage, la manufacture de porcelaine de Nast a une place à part, réussissant à poursuivre son chemin dans les méandres des transformations politiques et sociologiques du pays.

 

Une première manufacture dans la rue Popincourt, transportée ensuite rue des Amandiers

A l’origine, comme l’écrit Henry Havard dans son Dictionnaire de l’ameublement et de la décoration, la manufacture était établie dans la rue Popincourt. Elle fut fondée par un certain Lemaire en 1780. C’est trois ans plus tard qu’elle fut reprise par M. Nast

Alors, elle fut transportée en dehors des limites de la ville de Paris, dans la rue des Amandiers. Ses deux fils reprirent l’exploitation de la fabrique ensuite.

 

Une expérimentation dans la manufacture de Nast

Comme elle n’avait pas eu de lien avec l’ancien Régime, la manufacture de porcelaine de Nast pu poursuivre ses activités. De ce fait, elle continua son approche pour améliorer la production, en cherchant une meilleure qualité et une meilleure productivité.

Ainsi, que le révèle la Gazette du 23 avril 1809, un essai avait été conduit en son sein. En effet, M. Curaudeau expérimentait un nouveau four, articulé autour de construction pyrotechnique destinée à disposer d’un ensemble plus grand. En quelques mots, le poêle était installé en dessous de l’étuve et des ouvertures avaient été fait pour faire monter la chaleur. La tuyauterie était pensée pour séparer la circulation de la chaleur d’une part et la fumée d’autre part, afin d’optimiser le potentiel calorifère de l’ensemble.

L’enjeu du dispositif était de réduire le besoin en combustible à quantité de porcelaine à cuire équivalente. En outre, pour l’industriel, ce système permettait aussi de simplifier l’ordre et la régularité de l’entretien du poêle en concentrant à un seul endroit les efforts de suivi du feu. Enfin, en limitant la fumée de la zone de cuisson, cela avait un effet positif sur la qualité de ses productions.

 

La porcelaine de Nast lors d’une exposition des produits de l’industrie

A partir du Directoire, dans les années 1790, furent organisés régulièrement des expositions des produits de l’industrie. Ancêtres des expositions universelles, il s’agissait de mettre en avant au travers d’une présentation et d’un concours les productions industrielles du pays.

Le 7 juin 1834, le Constitutionnel fait le compte rendu de l’exposition de cette année-là. La manufacture de porcelaine de Nast y était représentée. Cependant, à la lecture de l’article, il semble que les fastes n’étaient pas présents à cette occasion.

« Le fait est que la fabrication de la porcelaine n’a fait quelques progrès que sous le rapport matériel ; on la cuit mieux ; on a obtenu, au moyen de la pression, des résultats plus prompts et plus économiques, et quelque amélioration aussi dans les prix, à cela près, et il reste beaucoup à faire encore, nos fabricants ont vécu de leur vieille réputation. M. Nast, par exemple, s’est borné à réexposer en 1834, un grand vase qui a déjà figuré à l’exposition de 1827, et qui ne se vendra probablement pas mieux aujourd’hui qu’il ne s’est vendu depuis lors. Nous dirons à ce sujet qu’il est bon de profiter d’une exposition pour écouler ses produits, mais que néanmoins l’exposition ne doit pas devenir un bazar ou un cabinet de curiosités. »

Observons que c’était la plupart de la porcelaine présentée qui n’avait reçu un bon accueil de notre critique.

 

Sources bibliographiques :

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