Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires au détour d'une rue

La manufacture de porcelaine de la rue de Crussol

La manufacture de porcelaine de la rue de Crussol : tenue par un sieur anglais et dédiée au prince de Galles.

 

Au cours du XVIIIe siècle, la porcelaine qui fascinait, c’était celle qui venait d’ailleurs. Au-delà de la mythique chinoise, les saxons de Meissen étaient les références. Ils étaient les premiers à avoir trouvé le secret de fabrication du modèle chinois. Mais les anglais n’étaient pas en reste non plus, notamment pour les faïences.

Alors dans ce contexte, les français essayaient de briller. C’était tout l’enjeu porté par la manufacture royale de Sèvres, qui relevait – on ne peut pas le nier – le défi. Comme à Paris, il y avait une foule d’acheteurs fortunés et amateurs, on se pressait dans les années 1770 et 1880 dans la capitale pour leur proposer des magnifiques pièces.

Ainsi, des fabricants n’hésitaient pas à venir de loin pour s’établir à Paris, quitte en vendant leurs secrets. Parmi-eux, on trouve un anglais du nom de Potter

 

La manufacture dite du prince de Galles

Potter était anglais et ne le cachait pas. Comme nous le révèle Henry Havard dans son dictionnaire de l’ameublement et de la décoration, Potter s’était installé dans la rue de Crussol, dans le quartier actuel d’Oberkampf en 1780.

Il dédia sa fabrique au prince de Galles, l’héritier du trône britannique. Le titre est alors porté par Georges, le futur Georges IV.

A Paris, Potter était réputé comme l’inventeur d’un procédé d’impression céramique, rendant plus fameux la décoration de ses productions.

 

Une manufacture narguant la production royale

Toujours est-il que même si elle pouvait en avoir l’autorisation, la manufacture de Potter, tout comme sa voisine de Nast, représentait une concurrence pour Sèvres. Cette dernière tenta de réduire son influence et limiter sa fabrication. Potter fut un des rares à ne pas aller rechercher la protection d’un prince de la cour. Il ne devait pas avoir le même entregent que certains de ses confrères. Cela explique peut-être la référence au prince de Galles, même si, on peut bien imaginer que son effet n’était pas le même que la reine de France ou Monsieur.

 

Un brevet qui semble durer

Dans la Gazette nationale du 23 avril 1809, nous avons trouvé un petit article étonnant :

« Au sieur Neppel, fabricant de porcelaine, demeurant à Paris, rue de Crussol, n°8, boulevard du Temple, auquel il a été délivré le 10 mars 1809, le certificat de sa demande d’un brevet d’invention de 10 ans, pour la peinture et l’impression de toute sorte de sujets sur porcelaine et Fayence de toute espèce, sous émail ou sur biscuit. »

Comme nous l’avons vu, Potter était connu comme un inventeur justement de ce genre de chose. On peut imaginer ainsi que Neppel a pris sa suite.

 

Sources bibliographiques :

 

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