Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires au détour d'une rue

La modiste Alexandrine

La modiste Alexandrine : une créatrice de chapeau à la mode et reconnue au cours de la monarchie de Juillet !

 

Au détour de nos recherches d’histoires sur les magasins de nouveautés, nous sommes tombés sur la mise en avant dans des journaux de la fin des années 1830 de Mademoiselle Alexandrine, installée alors au 104 de la rue Richelieu.

Ne cherchez pas d’enseigne pour Mademoiselle Alexandrine, car elle était établie au 1er étage. Chez elle, ce n’était pas un magasin mais l’appartement d’une modiste.

Aussi, raconter son histoire c’est aussi s’intéresser à celle des modistes au cours de la monarchie de Juillet.

 

Une modiste qui fait la part belle aux chapeaux

Attention, cette phrase de titre de paragraphe est un peu répétitive. En effet, les modistes au XIXe siècle étaient des créateurs de chapeau. Aussi, il est bien normal que mademoiselle Alexandrine propose des couvres chef. Et ils étaient de toute les natures comme nous allons pouvoir le constater ensemble.

« Nous en dirons autant des chapeaux de fantaisie, aussi gracieux que variés de formes, de Mlle Alexandrine, rue de Richelieu, 104, dans les magasins de laquelle nous avons remarqué de charmants bonnets, dont les ornements se composent de corail et or ; du corail en coiffure, article spécial à Mlle Alexandrine ; des turbans en tulle dits à la religieuse ; des chapeaux en velours plein avec ornements velours, etc. » La France du 18 novembre 1838

 

Les ornements et les nouveautés

On aime alors la diversité et l’extravagance. Les ornements étaient appréciés pour soutenir le style du chapeau

« Avec ces ravissantes étoffes il faut un de ces délicieux chapeaux que savent créer les mains féeriques d’Alexandrine, rue Richelieu, 104 et surtout un chapeau en velours plein, orné de marabouts ou de plume dont la distinction est sans pareille. Alexandrine est aujourd’hui hui cela de toutes nos modistes qui crée les formes les plus originales dont on imite le plus les heureuses innovations. Ses coiffures d’hiver et celles en velours surtout qu’elle prépare, doivent avoir un grand succès. Les fleurs, les plumes de Bagdad, les écharpes accompagnent dignement les jolies coiffures. » la France du 13 novembre 1839

 

Une modiste qui se distingue tout de même

Forte de ses créations, Mademoiselle Alexandrine attire l’attention et on la retrouvait régulièrement dans des chroniques dans la presse. Elle privilégiait la qualité, le renouveau : on aimait se laisser surprendre. Pour la fin de 1839, le velours était apprécié.

« Aux dames qui visiteront les magasins du Minaret, nous ne saurions trop recommander une station chez Alexandrine, la brillante marchande de modes de la rue Richelieu, 104, dont les créations obtiennent aujourd’hui hui la préférence sur toutes celles de ses rivales. Alexandrine est surtout renommée cette année pour ses chapeaux de velours, ornés de plumes ou de marabouts, et pour des bonnets dont la coquetterie est vraiment idéale. » La France du 31 octobre 1839

 

« Alexandrine, rue Richelieu 104, continue d’avoir la vogue pour ses magnifiques coiffures, notamment pour celles en velours, qui sont d’une distinction sans égale. Nous en dirons autant de ses chapeaux en velours pleins, avec plumes ou fleurs en velours qui complètent aujourd’hui hui une mise essentiellement favorable. Au sujet de Mlle Alexandre, nous prémunirons le public contre un bruit répandu par la malveillance. » La France du 14 décembre 1839

 

La coiffure à l’espagnole

Après le velours, voici venue la coiffure à l’espagnole ! Nous aurons du mal à vous la décrire, dans la mesure où nous n’y connaissons rien dans ce registre. Mais il ressort que la création de la modiste Alexandrine fit sensation.

« Au dernier bal de la cour, Mme de C… portait une coiffure à l’espagnole d’un goût charmant. Un fichu d’Angleterre en faisait tous les frais ; un était bouillonné derrière la tête et chaque bouillon était retenu par une feuille de velours vert ; les trois pointes, nouées par un feston des mêmes feuilles, tombaient négligemment sur le cou de la jeune dame. Cette œuvre distinguée sortait des mains savantes de notre célèbre modiste Alexandrine (104, rue Richelieu au 1er), dont les vastes salons offrent à nos jeunes élégantes tout ce que le génie du bon goût peut innover, tout ce que le caprice de la mode peut produire de plus gracieux. » Le Siècle du 28 février 1840

 

Le déménagement de la modiste Alexandrine

Au début de 1842, Mademoiselle Alexandrine décide de quitter ses installations pour rejoindre la rue d’Antin. A cette époque, l’avenue de l’Opéra n’existe pas encore, tout comme le monument de Charles Garnier. En y regardant de plus près, notamment dans la Quotidienne du 16 mars 1842 que nous citons ensuite, nous nous apercevons que la modiste avait déjà quitté son appartement de la rue Richelieu.

« Mme Alexandrine vient de transférer ses ateliers et ses magasins de modes, de la Cité des Italiens, n° 1, dans la rue d’Antin, n° 14, au coin de la rue Neuve-Saint-Augustin, au premier. Toutes les élégantes que le bon goût et la réputation de cette habile faiseuse avaient attirées dans les magasins de la Cité des Italiens, s’empresseront de la suivre dans son nouveau domicile. Elles y trouveront les modes les plus nouvelles et les plus gracieuses pour Longchamps et pour la saison du printemps. Nous rendrons compte à nos lecteurs, dans nos Bulletins, des modes charmantes de Mme Alexandrine »

 

Sources bibliographiques :

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