Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Repères

Le mur des fermiers généraux

Le mur des fermiers généraux, enceinte fiscale construite à la veille de la Révolution,fixa le tracé de Paris pendant la première moitié du XIXe siècle

 

« Le mur murant Paris rend Paris murmurant. »

Ces mots de Beaumarchais résument l’ambiance des parisiens lors de l’édification de ce mur dans les années 1780.

 

Un mur repoussant les limites de Paris

Sur ordre de Louis XVI, il est décidé de construire un nouveau mur autour de Paris en 1784. Long de 24 kilomètres, ce mur repoussa les limites très largement les limites de la ville. Construit alors en pleine campagne, il correspond aujourd’hui aux boulevards sur le tracé des lignes 2 et 6 du métro.

Cinquante-cinq barrières furent édifiées dans les années 1780 ponctuant le mur. On en rajouta par la suite 7.

Ainsi, l’ensemble des faubourgs se retrouvent à l’intérieur du mur. En 1818, le village d’Austerlitz est annexé par Paris. On déplace alors le mur.

 

Les bâtiments du mur des fermiers généraux

L’architecte Claude Nicolas Ledoux fut chargé de construire les bâtiments du mur des fermiers généraux. Il se chargea de l’édification des barrières. Pour ce faire, il proposa un projet appelé les Propylées de Paris, dans un style architectural néoclassique.

Avec le nombre élevé de barrières, il réalisa une grande diversité de bâtiment, mélangeant les formes (temples grecs, rotondes), proposant différents jeux avec les colonnes et les frontons…

 

Ensuite, on rajouta sept nouvelles barrières :

 

La construction chaotique du mur des fermiers généraux

Les travaux démarrent par le sud de Paris et le mur sur la rive gauche est achevé en 1786. Toutefois, à ce moment les parisiens commencent à se plaindre.

En 1787, les dépenses liées au projet de Claude Nicolas Ledoux commencent à être critiquées par les autorités. Lors de l’inauguration, le contrôleur général des finances, Loménie de Brienne fait suspendre les travaux. Après avoir envisagé la destruction des bâtiments et la revente des matériaux, il demande à un audit à 4 architectes. L’architecte est alors désavoué. Toutefois, il faut attendre 1789 et Necker pour qu’il soit révoqué.

 

Un mur pour percevoir une taxe, l’octroi

Contrairement à ses prédécesseurs, le mur des fermiers généraux n’est pas destiné à la défense de Paris. Il s’agit en effet de réaliser une barrière pour prélever l’octroi, impôt sur les marchandises entrant en ville. Parmi les produits les plus taxés figuraient le vin et la viande.

On comprend donc l’impopularité de ce mur, édifié à la veille de la Révolution. Certes l’octroi fut limité pendant la période révolutionnaire mais rétabli en 1804

Les guinguettes, lieux de vie populaire et de fête

Dans un cadre champêtre (au bord de la campagne), de nombreuses guinguettes et restaurants s’installèrent au-delà des barrières. En effet, profitant de l’absence d’octroi, elles vendaient vin et viande à des prix très intéressants pour les parisiens.
Aussi, au cours de la première moitié du XIXe siècle, les guinguettes connurent un succès populaire grandissant. Les jours de repos, les parisiens populaires se retrouvaient pour de grands festins et des bals.

 

en savoir plus sur les guinguettes des barrières

 

La ferme générale

Créée par Colbert en 1680, la compagnie des fermiers généraux était un corps destiné à prélever des impôts pour le compte du roi.

A l’origine, 40 fermiers généraux étaient installés et pouvaient consentir des sous fermes. Toutefois, en 1756, on interdit les sous fermes et le nombre de fermiers généraux est fixé à 60. Chacun disposait de bail, cadre dans lequel il intervenait.

 

La destruction du mur des fermiers généraux

Après la construction entre 1841 et 1844 de l’enceinte de Thiers, le mur des fermiers généraux devient inutile. A partir de ce temps, progressivement, la vie active des barrières ralentit.

En 1860, le préfet Haussmann décide de supprimer le mur et de détruire l’ensemble des bâtiments des barrières.

Il en resta quatre, encore debout aujourd’hui : rotonde du Parc Monceau, Rotonde de la Villette, barrière du Trône, barrière d’Enfer.

Sources bibliographiques :

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