Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires d'immeubles

Les noirceurs de la ville Lumière

Les noirceurs de la ville Lumière : quand Léon Doinet racontait les difficultés d’avancer dans la rue en 1911

Au tout début des années 1910, l’architecte Léon Doinet réalisa pour le journal Gil Blas des chroniques immobilières.

Ces publications sont pour nous l’occasion de nous replonger dans le « home français » de l’époque comme il l’appelait.

La difficulté de monter dans un tramway !

Voici un grand paradoxe pour cette période. Paris dispose alors d’un réseau de tramway d’une très grande densité. Et pourtant on retrouve dans les journaux de l’époque des difficultés à monter dedans à des endroits où on pourrait s’y attendre pourtant. Doinet rapporte que « Gérard de Beauregard signalait la presque totale impossibilité pour un parisien qui n’est pas directeur de la Compagnie des Omnibus de prendre un tramway aux endroits où l’on a fixé des plaques avec le mot ‘arrêt’ ».

C’est ainsi que Doinet explique que les tramways ne s’arrêtaient jamais aux endroits attendus. Aussi, le voyageur qui veut alors monter dedans se retrouve pris dans un fort risque de se faire renverser.

Pour cette raison, notre chroniqueur proposa de placer des « refuges le long des voies ». Ces installations permettraient « d’attendre patiemment », à la condition toutefois que les automobiles ne montent pas dessus.

La difficulté de lire les noms des rues

Ensuite, Doinet revient sur autre difficultés d’alors. En effet, il rapporte que « les noms des rues sont inscrit sur des plaques, mais ces plaques demeurent invisibles »

En effet, il explique que dans pratiquement la moitié des cas, ces plaques sont recouvertes. Soit par des persiennes, ou des marquises d’épiceries. Dans d’autres cas, elles sont placées trop hautes pour être vues par un tiers de la population, frappée par la myopie.

Toutefois, ces hauteurs étaient souvent pensées pour les cochers qui étaient juchés en hauteur sur leurs voitures. Bien plus difficile pour les passants à pied.

Pour répondre à cette difficulté, Doinet propose d’inscrire le nom de la rue sur les becs de gaz. Cette proposition aurait eu aussi l’avantage de l’éclairer le soir, la nuit tombée.

La difficulté de voir les numéros des immeubles.

Ensuite, Doinet explique que le positionnement des numéros des immeubles est très variable. Les raisons sont nombreuses pour l’expliquer : la taille du fronton, la présence d’une enseigne. Ici encore Doinet propose des solutions : poser un numéro inscrit sur une plaque émaillée, placée au-dessus de la sonnette.

Cette astuce aurait permis aux cochers d’éviter de reculer en pleine chaussée parce qu’ils avaient dépassé le numéro.

La difficulté de marcher dans les rues, entre les crottes de chien

Doinet parlait d’une race de chien spécifique à Paris. Elle était selon lui totalement reconnaissable car elle laisse exclusivement ses crottes sur les trottoirs. Il raconte que « toute la matinée on voit des domestiques qui installent commodément d’affreux roquets autour des arbres ou le long des maisons. »

Et s’ils allaient sur la chaussée ? Ils se feraient écraser !

Sources bibliographiques :

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