Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de quartier

Le Parc Monceau

Le Parc Monceau : coin de verdure, de détente, de retrouvailles… avec ses mille histoires très parisiennes.

 

Avec les Buttes Chaumont, le Jardin du Luxembourg, les Tuileries, le Parc Monceau fait partie des grands parcs parisiens.

Tout comme de nombreux parcs, il a été remanié en profondeur au XIXe siècle avec un style si caractéristique.

Toutefois, attention ! Le Parc Monceau est à la fois ancien et moderne, un lieu culturel et un lieu de rencontre, un lieu de sport et un lieu de détente.

Agréable, ouvert, comme une véritable fenêtre verte au centre de notre capitale si dense et si minérale ! De ce fait, il n’est pas étonnant de le voir bondé de monde dès que le soleil pointe un peu le bout de son nez.

Et vous ? Quel est votre Parc Monceau ?

 

Pourquoi le Parc Monceau est si particulier ?

Comme vous l’avez compris dès les premières lignes, ce Parc Monceau présente de nombreuses facettes. Telle une boule de discothèque, il peut luire de mille feux pour celle ou celui qui veut bien le regarder.

Alors bien sûr, avec ses 8 hectares, il est comme un petit poumon vert au centre de Paris (dans le VIIIe arrondissement, en bordure du XVIIe). Là, on peut y laisser divaguer nos émotions dans les pelouses, en écoutant le chant des oiseaux. Certes, vous n’y serez probablement pas seul, mais vous êtes à Paris !

Ouvert tous les jours (de 7 heures du matin jusqu’à 22 heures en été, mais aussi 20 heures en hiver et 21 heures le reste du temps), il est très accueillant. En dehors d’épisodes de vents forts, tout le monde peut s’y rendre et profiter des nombreuses activités qu’il offre entre la détente dans l’herbe, les discussions plus ou moins endiablées assis sur les bancs. Le pourtour est suffisamment grand pour que nombre de parisiens, souvent branchés et avec une vie professionnelle bien remplie, viennent user leurs chaussures de jogging. Les enfants regardent ébahis les canards et s’amusent dans le vieux manège.

Cependant, comme vous n’êtes pas à Central Park ou un grand parc d’une autre mégalopole mondiale, vous pourrez trouver plusieurs aspects typiquement parisiens dans le Parc Monceau, traits d’une histoire riche et d’une forte culture spécifique.

Tout d’abord, avant son réaménagement total sous Napoléon III, l’ayant transformé comme nous le connaissons aujourd’hui, c’est un jardin plus ancien, construit avant même l’arrivée de la ville ici, avant la Révolution.

Ensuite, il fut le lieu de nombreuses fêtes, promenades publiques, inaugurations. A l’intérieur, on plaça des attractions, comme des curiosités aidant à faire un voyage dans le monde et le temps.

On découvre tout cela ensemble ?

 

Une rapide description du Parc Monceau

Comme nous l’avons écrit, le Parc Monceau présente de nombreuses attractions. Je ne parle pas uniquement des agrès sportifs, des bacs à sable et autres équipements habituels d’un parc urbain, mais des curiosités.

On dit qu’au Parc Monceau, il y a des fausses ruines. C’est vrai et faux en réalité. La plus célèbre d’entre elle est le bassin avec ses colonnes représentant une naumachie. On appelait ainsi le lieu où dans la Rome antique on reconstituait pour l’amusement du public, une bataille navale. Les colonnes, toujours debout de nos jours, proviennent de la Rotonde des Valois construite juste à côté de la basilique Saint Denis et démontée au XVIIIe siècle.

Tout près du bassin, vous pouvez trouver, en miniature, un petit pont, au style italien, avec son air du Rialto de Venise.  Non loin de là, un portail de pierre trône en souvenir de l’ancien Hôtel de Ville de Paris.

Au détour d’un chemin, des petites pyramides ! Bien évidemment, reconstituées, elles datent du parc avant l’aménagement au Second Empire. La légende raconte que le prince, propriétaire des lieux, y organisaient des cérémonies franc-maçonnes.

Les fleurs et les plantes choisies pour ce parc sont aussi intéressantes. Ici, on installe les plantes cultivées et acclimatées spécialement dans les serres municipales. Le tout est de mettre plein de couleurs, égayer les lieux, dans le même esprit que la restauration du parc au XIXe siècle.  

Du côté des allées, elles sont bien robustes aussi. C’est sur ce plan une caractéristique des jardins à l’Hollandaise, où on pouvait se promener et découvrir les lieux, confortablement assis dans une petite calèche. Ce mode de déplacement a disparu depuis longtemps, mais nos chaussures préfèrent ce genre d’allées aux chemins de terre sinueux.

Enfin, encerclant le parc, toutes dorées, les grilles aussi valent le détour, portant les hauts les cartouches de la ville.

 

La rotonde du Parc Monceau

Voici bien évidemment le symbole du Parc Monceau ! Un monument que l’on voit de loin, du côté XVIIe arrondissement, jusqu’à la place du Maréchal Juin, tout près des portes de Paris.

A l’origine, appelée barrière de Chartres, elle fut construite par Claude Ledoux dans les années 1780. Elle fait partie des rares vestiges des bâtiments du mur des fermiers généraux de Ledoux (en dehors des colonnes du Trône à Vincennes, de la barrière de Denfert Rochereau ainsi que celle de la Villette tout près de la place Stalingrad).

Contrairement aux autres barrières, elle n’était pas destinée à héberger les contrôleurs des marchandises, prélevant la taxe d’octroi. Ils étaient installés au niveau des barrières de Courcelles ou Monceau.

En réalité, elle fut construite pour des raisons d’ornements et de compensation. En effet, lors du tracé du mur des fermiers généraux (correspondant au trajet des lignes 2 et 6 de métro), il fallut exproprier le duc de Chartres, propriétaire du terrain du Parc Monceau. En contrepartie et moyennant dédommagement, Ledoux construisit cette rotonde, avec des appartements au premier étage, permettant au prince de profiter d’une vue sur son domaine. Ce bureau d’observation de la plaine est toujours existant et sert de lieu d’hébergement au responsable chargé du Parc.

La rotonde du Parc Monceau est intéressante par son aspect circulaire, ses colonnes. Claude Nicolas Ledoux avec son style néoclassique aimait, dans ses œuvres, utiliser différentes formes et motifs.

 

Les origines : le domaine du duc de Chartres

Après cette longue description du Parc Monceau, tant le lieu est riche d’histoires et de découvertes, revenons à ses origines !

A la veille de 1770, le futur Philippe Egalité se marrie. Alors titré du duc de Chartres, il reçoit plusieurs domaines. Membre de la famille d’Orléans, il est l’héritier du titre (et sera le père de Louis Philippe, le dernier roi en France). Parmi les terres qu’on lui donne, figure un terrain dans la plaine Monceau. A cette date, nous sommes encore à la campagne. La ville se rapproche certes, mais elle se contente du faubourg Saint Honoré de ce côté-ci.

A Monceau, le duc de Chartres se lance dans la construction d’une folie, ces maisons de campagne destinées à recevoir ses proches et ses amis. Colignon se charge de cette tache qui aboutit en 1773.

Ensuite, le prince confie au peintre Louis de Carmontelle la tache d’aménager son domaine, à l’anglaise.

Avant de rentrer plus en avant dans la description du jardin du duc de Chartres, rappelons qu’alors les Lumières battent leur plein. Parmi les différents courants, on vante le retour vers la nature. La haute aristocratie française cultive toujours sa forte attirance pour le lointain et l’exotique, qui ne sont plus réservés au seul souverain.

 

La magie d’un parc à l’anglaise

A l’opposition du parc à la française, dont Le Notre est le plus grand représentant, et qui cherchait à dompter la nature, le parc à l’anglaise vise, lui, à la reconstituer. Ne nous trompons pas ! Il ne s’agit pas de laisser la nature agir, mais bien de l’imiter, de la reconstruire et de la magnifier. La dépasser en quelque sorte…

Pour cela, dans un jardin à l’anglaise, on veille à proposer différentes parties pour son domaine, avec des petits reliefs, des petites rivières qui coulent doucement. On cherche à surprendre le promeneur qui doit suivre les sentiers sinueux.

Pour cela, dans le jardin du duc de Chartres, qui à son apogée s’étale sur vingt hectares (plus de deux fois la superficie actuelle), on aménage des petites plaines, des petites collines… avec bien sûr, suivant les endroits des parterres de fleurs.

Dans le jardin à l’anglaise, l’eau est aussi très présente. Elle doit s’écouler paisiblement, dans un petit ruisseau, visant à se déverser dans un beau bassin. Rien est trop beau : les iles, les ponts….

Tout comme les collines et les prairies, ces rivières ne sont pas naturelles. On avait détourné de l’eau pour les alimenter. Des pompes sont installées pour faire circuler l’eau du point bas, le bassin vers les sources.

 

Les curiosités du jardin du duc de Chartres

Mais ne limitons pas la magie du jardin à l’anglaise avec celles des aménagements paysagers. Il y avait aussi des constructions. Ainsi, la naumachie – ce bassin entouré de colonnes-, les pyramides datent de cette époque.

Dans le jardin du duc de Chartres, on trouvait aussi les ruines d’un château médiéval, un moulin à vent. En outre, se dressait là un minaret ! Des tentes turques accueillaient les visiteurs du prince.

Comme un peu plus tard, dans le hameau de la reine Marie Antoinette, le jardin du duc de Chartres hébergeait une petite ferme. Il y avait aussi un peu de vigne.

Enfin, on reconstituait des temples de la mythologie, comme celui de Mars, celui de marbre blanc. Ce dernier existe toujours : il fut déplacé au bout de l’île de la Jatte au début du XIXe siècle, autour de 1830.

Ainsi, le duc de Chartres proposait à ses proches et ses convives une véritable promenade onirique et magique dans le temps et l’espace… tout ceci en suivant les petits sentiers de terre. Si cela vous donne envie, vous pourrez trouver sur Histoires-de-Paris une balade dans cette ambiance.

 

Le parc après la Révolution

A la Révolution, malgré son vote pour la mort du roi, Philippe Egalité est arrêté et guillotiné. Son domaine est confisqué. Dans les années qui suivirent, on décida de rendre le parc public. On y installa des bals et des jeux. Cependant, le domaine n’est pas encore dans Paris, mais dans la commune de Clichy. Il est trop loin pour les parisiens qui lui préfèrent les grands boulevards ainsi que les Champs Elysées. De ce fait, il ne rencontre pas son public et part à l’abandon.

Lors de l’Empire, Napoléon offre le domaine à son fidèle ministre Cambacérès. Il le trouve trop cher à entretenir et préfère largement s’y promener au frais de l’Etat. Aussi, le parc est une nouvelle fois réouvert au public et on vient y danser le dimanche.

Comme on peut l’imaginer, aussitôt monté sur le trône de la Restauration, Louis XVIII rendit à la famille d’Orléans son domaine. Louis Philippe le récupère. Cependant, le prince ne l’aime guère. Il lui préfère son château de Neuilly sur Seine. Cela n’implique pas toutefois qu’il ne fit rien : il y installa un conservatoire de fleurs en 1842.

Le véritable changement pour le parc interviendra au cours du Second Empire, comme nous allons le voir maintenant.

 

La transformation du jardin du duc de Chartres en Parc Monceau

En 1861, Napoléon III et Haussmann lancent la transformation du Parc. L’empereur rêve de façonner Paris en lui donnant comme son modèle, Londres, des grands espaces verts. Adolphe Alphand est chargé de ces aménagements. De cette période, ressort la transformation des Bois de Boulogne et de Vincennes, la création du Parc des Buttes Chaumont et la construction de nombreux squares, existants toujours aujourd’hui.

Pour le Parc Monceau, il s’agit également de faire une opération d’urbanisme. On lance la percée du boulevard Malesherbes. On lotit une partie du domaine, en permettant la construction d’un nouveau quartier, du côté Sud du jardin.

Au niveau du parc, plusieurs curiosités sont conservées comme la naumachie, le bois des tombeaux et ses pyramides. Les allées deviennent carrossables, on place des grilles magnifiques, on le dote de quatre entrées grandioses. On revoit la circulation de la rivière en la dotant d’une petite grotte, non ouverte au public de nos jours. On installe un joli pont qui offre un magnifique cadre.

Enfin, on restaure la naumachie et la rotonde, devenant, en sorte, les emblèmes du nouveau Parc Monceau.

 

Les fêtes et les animations

Ainsi que vous l’imaginez, on ne construit pas un tel jardin ainsi pour s’y promener seul. Surtout quand on fait partie des plus grandes familles princières du pays. Aussi, le duc de Chartres recevait du monde, toujours dans un cadre privé. Les grilles étaient fermées au tout venant, comme cela se développait de plus en plus dans les résidences princières. Seul le château de Versailles continuait à être accessible pour toute personne portant l’épée.

De ce fait, on y faisait la fête. Elles étaient grandioses !

Puis à la Révolution et sous l’Empire, lorsque le parc est ouvert au public, on pouvait y danser et s’amuser. Des bals étaient proposés le dimanche. Rappelons qu’à cette époque, Paris entier dansait. Toutes les catégories sociales dansaient, pour oublier les difficultés de l’existence.

A l’occasion des expositions universelles, le cadre du Parc Monceau était aussi utilisé. Ainsi, lors de l’Exposition de 1889, pourtant en pleine IIIe République, une fête grandiose fut organisée là. L’ambiance était costumée. On se replongeait dans la France du XVIIIe siècle et ses 36 provinces.

Seuls les invités de la Ville de Paris purent passer les grilles, profitant des kiosques, des concerts. La Garde Républicaine jouait. Les stands étaient tenus par les grands magasins comme le Louvre ou le Bon Marché.

Alors que 30 000 chanceux avaient le sésame, on raconte que 50 000 curieux s’étaient amassés derrière les grilles pour voir. Tous purent profiter du feu d’artifice, avancé à dix heures du soir en raison de la crainte d’un orage.

Certains s’étonnèrent du format restreint de l’événement, tout en rappelant qu’il n’y avait que peu de commerces dans les environs qui pouvaient profiter de ces attroupements.

 

 

Nous voici au terme de cet article sur notre cher Parc Monceau ! Peut-être que la prochaine fois que vous y viendrez courir, vous promener, retrouver des proches ou simplement vous délassez, vous y percevrez une nouvelle facette de la riche histoire du lieu.

Si le coeur vous en dit, le blog vous propose une petite balade pour vous aidez à vous guider sur place.

N’hésitez pas à nous faire part de vos remarques !

 

Sources bibliographiques :

 

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