Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de chateau

Le pavillon de Lesdiguières du Louvre

Le pavillon de Lesdiguières : histoire d’un nom qui met en scène plusieurs favorites royales et un directeur

Qui était Lesdiguières ? Les nombreuses constructions du Louvre portent des noms pas toujours faciles. Le pavillon de Lesdiguières situé sur la grande galerie du Louvre, donnant sur les quais, non loin du pont du Carrousel est de ceux là.

Pour nous aider à y voir un peu plus clair, voici l’origine de ce nom, telle que la raconte Edouard Fournier dans ses Enigmes des rues de Paris.

La rue Saint Thomas du Louvre et l’hôtel des favorites

Depuis de nombreux siècles, dans le quartier du Louvre, une rue s’avançait portant le nom d’une église du XIIe siècle : Saint Thomas du Louvre. Cette rue, aujourd’hui disparue, aboutissait à une plus étroite : la rue des orties, longeant parallèlement la galerie du Louvre, construit par Henri IV.

Ne nous trompons pas. La rue Saint Thomas du Louvre avait durant sa période faste hébergée des grands du royaume. On y trouva, en effet, l’hôtel de Rambouillet, l’Hôtel de Longueville… Il faut dire que la proximité avec le palais où séjournaient les rois, attirait.

Dans cette rue, non loin de la galerie du Louvre, une maison est au centre de notre histoire.

Ici, furent conduites des favorites du premier roi Bourbon, le vert galant… Henri IV. On raconte que la célèbre Gabrielle d’Estrée y aurait vu son royal amant. Pour elle, rien n’est moins sûr. Toutefois, d’autres femmes y passèrent du temps avec le roi.

Cependant, au temps de Louis XIV, la maison fut en danger. En effet, dans la lignée du Grand dessein, visant à aménager l’espace et réunir Louvre et Tuileries, on envisagea de construire une grande place entre les deux palais.

La maison de la duchesse de Lesdiguières

Aussi, au nom du roi, Colbert fit acheter de nombreuses maisons dans ce quartier. La maison en fit partie… Puis avant de détruire, on préféra attendre, pour tout faire d’un coup.

Le temps passa et son locataire, le marquis de la Vrillière donna à un moment son congé pour partir ailleurs. On le remplaça même. Ainsi, notre maison fut dés lors occupée par la duchesse de Lesdiguières Mortemart. Cette noble dame, veuve alors, n’eut même pas à s’acquitter d’un loyer, car on ne voulait pas que l’hôtel ne soit pas occupé. Une seule condition fut tout de même donnée à l’aristocrate : bien vouloir déménager au moment où le roi se décidera d’accomplir le grand dessein.

Le temps passa. La duchesse vécut… elle mourut même dans sa maison. On ne la remplaça pas tout de suite. La maison resta même vide jusqu’autour du mariage de Louis XV.

Toutefois, le nom de Mortemart n’était pas totalement inconnu à la cour de Louis XIV. En effet, Françoise de Rochechouart de Mortemart se fit une grande réputation au palais. Elle fut un temps très proche du roi soleil… madame de Montespan ! Aussi, la duchesse de Lesdiguières profita de cette belle situation

La maison de la madame de Mailly

Après le mariage de Louis XV, la maison de la duchesse de Lesdiguières fut de nouveau attribuée. Toutefois, comme pour la locataire précédente, point de loyer. En effet, il s’agissait de Louise Julie de Mailly Nesle.

A partir de 1733, cette femme devint maîtresse du roi… Mais ils parvinrent à le garder cacher, jusqu’en 1737. Louise fut pourtant remplacée dans le cœur du roi par ses sœurs notamment et mourut en 1751.

Le lien se prêtait bien pour cacher des amours illégitimes. Il avait deux entrées : une sur la rue Saint Thomas et la seconde plus cachée sur la rue Fromenteau. La maison avait gardé le nom d’Hôtel de Lesdiguières, qui  en quelque sorte le couvrait de mystère.

Le directeur des bâtiments du roi

Plus tard, ce fut le frère de madame de Pompadour, qui logea dans la fameuse maison. Ainsi, le marquis de Marigny s’y installa sans pour autant changer le nom de l’hôtel. Il était également directeur des bâtiments du roi, arts et manufactures de France. Aussi, la proximité du Louvre lui était importante.

Par l’emplacement de son logis, l’homme était confronté à un encombrement de sa rue. En effet, la galerie du Louvre constituait une véritable barrière. Aussi, il était bien difficile d’accéder à la Seine.

Pour contrer cette situation compliquée, il fit pratiquer sous la grande galerie, une ouverture permettant ainsi de relier le quai et le Carrousel.  Un guichet à trois voies fut réalisé : une pour les piétons et les deux autres pour les voitures. Pour cette raison, le guichet prit le nom du directeur : guichet Marigny.

Bien sûr, il existait d’autres passages plus petits permettant de traverser la galerie du Louvre.  Aussi, celui qui était proche de la rue Fromenteau, prit le nom de guichet de Lesdiguières. Un autre existait au bout de la rue Nicaise.

L’Empire et la Restauration : quand les noms passent d’un guichet à un autre

Sous l’Empire, Napoléon voulut reprendre le fameux grand dessein. Il fit abattre les maisons du quartier de la rue Saint Thomas du Louvre. Cette voie disparut, tout comme le guichet de Lesdiguières qui fut fermé pour les passants.

A la Restauration, on voulut redonner les anciens noms, sans toujours connaître leurs origines. On pensa alors que Lesdiguières avait été un compagnon d’armes d’Henri IV. Comme on trouvait que le nom du guichet de la rue Nicaise n’allait pas, on le rebaptisa guichet de Lesdiguières, nom qui fut ensuite donner au pavillon.

Sources bibliographiques

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