Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de tour

Le phare du Moulin de la Galette

Le phare du Moulin de la Galette : présenté comme une belle innovation en 1870 il s’effondra après la défaite

 

En haut de Montmartre, il y avait une institution : le Moulin de la Galette. Au XIXe siècle, les parisiens y montaient pour déguster des galettes et boire du vin blanc. Ils dansaient ensuite beaucoup.

Mais lors du siège de Paris en 1870, le Moulin de la Galette accueillit une autre installation : un phare d’une nouvelle génération destinée à repérer les mouvements de l’ennemi dans la nuit.

 

L’installation du phare du Moulin de la Galette

Dans l’édition du 10 octobre 1870, Le Figaro fait une annonce importante :

« Hier soir, au moulin de la Galette, on a fait l’expérience d’un appareil nouveau, invention Bazin, qui projette la lumière à 3 300 mètres.

La lumière, moins aiguë que la lumière électrique, permet de distinguer les plus petits points des endroits éclairés »

 

Le Rappel du 12 octobre 1870 complète : « La lumière est produite par la combustion du magnésium. ».

 

Un phare d’une nouvelle génération

En ce temps de déroute face à l’armée prussienne, on se rassure avec les nouveautés. Le Figaro donne davantage d’explications le 15 novembre 1870 :

 « Le phare de la butte Montmartre, placé sur la plateforme du moulin de la Galette, est effectivement un des plus puissants que l’on connaisse. Il éclaire et fouille l’espace à de très grandes distances, à ce point que des mouvements de troupes prussiennes dans la plaine de Gennevilliers, par exemple, c’est-à-dire à six ou sept kilomètres de Montmartre, peuvent être aperçus de Saint Ouen par des vedettes françaises, ces vedettes restant elles même plongées dans l’obscurité, et par conséquent invisibles, à cause de leur position en dehors du champ d’action du faisceau électrique. 

Il peut également, le moulin de la Galette étant très élevé, faire passer ses rayons par-dessus le fort de la Briche, pour aller jeter sa lumière dans la plaine, à un kilomètre au-delà de Saint Denis.

On comprend de quelle utilité pour ses forts des phares semblables ; ils s’éclaireraient mutuellement dans un périmètre très étendu, ce qui leur permettrait de tirer à coup sûr sur les ouvrages des prussiens qui, justement, ne travaillent que de nuit. »

 

La fin du phare après la guerre

Après la défaite totale et la prise de Paris, la France tomba dans une guerre civile avec la Commune. Aussi, on oublia le phare du Moulin de la Galette. Dans ses colonnes du 17 janvier 1873, le Rappel annonce :

 « Le petit phare électrique construit pendant la guerre, contre le Moulin de la Galette, sur la butte Montmartre, vient de s’écrouler, entraînant à sa suite une partie du tertre bordant la rue Lepic.

On présume que cette chute est due aux infiltrations des eaux de pluie jusqu’à la couche de glaise, qui a facilité le glissement des terres qui soutenaient la construction. »

 

Etonnant de lire à quelques mois d’intervalles qu’un phare présenté comme une grande innovation, s’effondre de la sorte. La défaite était passée par là.

 

Sources bibliographiques :

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