Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les plombiers

Les plombiers, mal aimés au Moyen Age, mais recherchés à la Renaissance pour la toiture des grandes demeures.

 

Au Moyen Age, le plomb était une matière mal vue

Plus qu’un métal recherché, le plomb était surtout prohibé dans la fabrication d’objets dans différents statuts parisiens :

  • interdiction pour les couteliers de l’utiliser pour l’ornementation des couteaux
  • interdiction pour les cloutiers qui lui préféraient le fer et le cuivre
  • interdiction pour les fermaillers et les courroyers pour la ferrure des ceintures…

En effet, le plomb était vu comme un métal facile à fondre, contrairement au fer et au cuivre… il était donc moins noble.

Et puis, les fabricants de dés peu scrupuleux pouvaient être tentés pour… lester leur production

 

Les plombiers, un métier qui change au XVIe siècle

Avec la Renaissance, tout change.

En effet, c’est une période où l’on aime construire de nouvelles grandes demeures. Et dans ce cadre, le plomb devient bien utile pour la toiture. C’est alors que les plombiers s’organisent.

Ce sera en 1549, grâce à des lettres patentes d’Henri II qu’ils obtiennent leurs statuts.

Tenir boutique à Paris n’était pas exactement pareil que pour le faire en banlieue (dans les faubourgs  comme on disait alors). Dans le premier cas, il fallait être maître. Dans le second cas accepter la visite des jurés.

Deux jurés étaient élus pour diriger la corporation. Chaque année, les maîtres élisaient un des deux jurés le jour de la sainte Trinité. Ainsi chaque juré restait en poste deux ans.

Pour devenir maître, il convenait d’avoir réaliser 4 ans d’apprentissage (réduit à 2 ans lorsqu’on était fils de maître).  Contrairement à de nombreux professions parisiennes, un compagnon étranger à la ville pouvait facilement trouver du travail. En outre, un ouvrier reçu maître dans une ville jurée extérieure à Paris pouvait y être reçu dans les mêmes conditions.

Dans tous les cas, les maîtres disposaient d’une marque enregistrée au Châtelet.

La journée de travail s’étalait de 5 heures du matin à 8 heures du soir.

 

Le plomb se coulait en table et les ouvriers s’assuraient de la régularité de son épaisseur et de l’absence de défaut. En cas de malfaçon, le poseur devait recommencer l’ouvrage et souvent s’acquittait d’une amende.

De son côté, la vente de ce métal était très contrôlée :

  • seuls les maîtres plombiers et les merciers étaient autorisés à vendre du plomb en saumon
  • le plomb fondu en masse devait être acheté auprès de quelqu’un de confiance.

 

Une entorse au régime des plombiers est réalisée en 1587 : on autorise alors les couvreurs à étendre du plomb pour la pose de gouttière, sans toutefois la possibilité de le souder.

 

plombier
Habit de Plombier par N. de L’Armessin. Crédit BNF

 

La réforme des plombiers du XVIIe siècle

En 1648, des nouveaux statuts sont publiés :

  • la corporation est contrôlée par un administrateur principal, élu chaque année à la Trinité. Il est assisté par deux jurés.
  • les droits sont fixés à 18 livres pour le principal, 6 pour chacun des jurés et 6 livres pour la confrérie.
  • le plomb doit être blanchi et les soudures devaient être très étanches lors d’un usage pour réaliser des fontaines.

Des amendes concernant la malfaçon sont alors très fortes : 1 500 livres pour travail sans appartenir à la corporation, 100 livres pour des tables de plomb non régulières.

 

Comme les vols de plomb étaient courants (sur les maisons, les fontaines), seule la commercialisation du plomb en navette était autorisée. Il devait venir des régions considérées comme productrice avec des marques distinctives.

 

Les plombiers furent durement toucher par les taxes exceptionnelles de la fin du XVIIe et du milieu du XVIIIe siècle :

  • 7 000 livres pour l’union des offices des jurés, 7 700 livres pour celle des visiteurs des poids et des mesures autour de 1700
  • 10 000 livres pour l’union des offices des inspecteurs des jurés en 1745.

Cela se traduisit la vente de l’argenterie de la chapelle de la confrérie au début du XVIIIe siècle et de l’augmentation du coût du cercueil en plomb au milieu du siècle.

 

 

Sources bibliographiques

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