Histoires de Paris

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Histoires de Seine

Le pont de l’archevêché lors de la crue de 1910

Le pont de l’archevêché lors de la crue de 1910 : sous la crainte d’un effondrement qui ne se produisit pas !

 

Entre l’île de la Cité et la rive gauche, le pont de l’archevêché est situé derrière Notre Dame, à l’entrée du petit bras de la Seine.

Cette position resserrée, où la Seine se sépare en deux bras, fait que le pont de l’archevêché se retrouva en forte pression lors de la crue de 1910

 

 

Tout d’abord un lieu de spectacle

Avec la montée de la Seine, les eaux tumultueuses se mirent à charrier une grande quantité de débris. Envahissant les berges et les bas quais, elles emportaient avec elles des morceaux de bois et plein d’objets. C’est ce que venaient voir les curieux sur le pont de l’Archevêché.

 

Le Figaro du 23 janvier nous offre un premier témoignage

« On se penche aux abords de la Morgue : penchés par-dessus les balustrades du pont de l’Archevêché, les curieux s’amusent au jeu des débris que charrie le fleuve rapide et qu’il lance sur la maçonnerie du quai. Des gamins parient entre eux qu’au choc la bûche ou le tonneau prendra le bras de l’écluse ou suivra le grand lit du fleuve. »

 

Le 27 janvier, le Petit Parisien s’y intéresse également

« Sous nos yeux, des barriques sont entraînées vers le vieux pont en pierre de l’Archevêché. Deux des voûtes de ce pont ont de l’eau jusqu’à la clef. La partie supérieure de la voûte centrale n’est pas  encore atteinte par les flots, mais il s’en faut de bien peu. Les barriques heurtent les arches de ce pont avec un bruit formidable qui, à défaut d’autres éléments, suffirait à donner une idée de la force du courant. »

 

Une nouvelle digue avec un risque d’effondrement

Puis en montant, l’eau finit par atteindre le tablier du pont de l’archevêché. Aussi, ce lieu de passage pour les piétons et les voitures, tout en laissant filer les eaux de la Seine en temps normal devint un véritable barrage. Le Petit Parisien fait un point de la situation le 28 janvier.

 

« Quant au pont de l’Archevêché, il est devenu une véritable digue. Les eaux ont dépassé la clef de voûte ; elles battent maintenant le parapet ; puis formant tourbillon elles s’engouffrent sous les arches trop petites pour rebondir en trombe en aval du pont.

L’une des piles qui touche à la morgue, commence à se désagréger ; des pierres se disjoignent. La situation est des plus critiques.

En effet, si la digue, que constitue actuellement ce pont, venait à se rompre, il se produirait un véritable torrent d’eau qui se déverserait sur les rives d’aval et risquerait d’emporter à son tour le pont au Double »

 

La crainte de l’effondrement se confirme

Le lendemain, le Matin confirme l’inquiétude :

Et les nouvelles s’accumulent : le pont de l’Archevêché est, dit-on en péril ; un pan de maçonnerie, près de la morgue, s’y disjoindrait.

 

Ce d’autant que la hausse de l’eau touche aussi les ponts en aval, comme l’écrit le Petit Parisien

« Ce n’est plus seulement le pont d’Archevêché, qui a maintenant sa clef de voûte submergée, mais le pont au double, le petit pont et le pont Notre Dame. Ce dernier, complètement envahi par l’eau, a été évacué ; cela porte à trois le nombre des ponts fermés dans la Cité.

Le quai de l’Archevêché qui longe Notre Dame a été interdit à la circulation. On craint des effondrements. »

 

Puis la Seine atteint son pic. La pression se relâcha et les inquiétudes se réduisirent.

 

Sources bibliographiques :

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