Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires de Seine

Le pont Notre Dame

Le pont Notre Dame ! En bois d’abord, puis en pierre ! Avec des grandes enseignes et enfin laissé au diable ! Que d’histoires

 

Que de monde a traversé la Seine dans ces lieux ! Ici au débouché de la rue Saint Martin sur la rive droite, dans le prolongement de la rue Saint Jacques sur la rive gauche. Dans l’axe Nord Sud historique de la ville ! Voici le pont Notre Dame !

En effet, le pont actuel est l’héritier de l’un des deux plus vieux pont de Paris. On y traversait à pied sec déjà dans l’Antiquité

 

Le Grand pont et le Cardo maximus

Bien que la ville romaine était au sud de l’île de la Cité, sur la rive gauche actuelle, le commerce obligeait à se déplacer vers le Nord. L’axe Nord Sud de la ville romaine, le Cardo Maximus correspondait à l’actuelle rue Saint Jacques et se prolongeait au nord par le petit pont et le grand pont. 

Ainsi, dés l’antiquité, on traversait ici la Seine. 

 

Les planches de Milbray, c’est à dire au milieu du Marais

Lors des invasions normandes, le vieux pont est détruit au IXe siècle. Toutefois, une fois le calme et la paix revenue, la volonté de traverser la Seine facilement revint. 

Aussi, on lança des grandes planches en bois sur les anciennes piles du pont : les planches de Milbray. En cas d’attaque pour protéger l’île de la Cité, on retirait les planches vers le Marais, jusqu’au niveau de la moitié du fleuve. Le nom vint de là : au milieu du Marais.

Ce système fut totalement détruit par les inondations de 1406. 

 

Le pont en bois du XVe siècle dont la destruction créa une crise politique

En 1413, Charles VI lance la construction d’un nouveau pont. Pour ce faire, on édifia un pont en bois avec 17 arches pour franchir la Seine. Il le baptisa alors pont Notre Dame

Au dessus, des maisons furent réalisées, avec chacune leurs enseignes. 

Toutefois, ce pont fut lui aussi emporté par la Seine en crue en 1499. Cet incendie créa ce qu’on dirait aujourd’hui une crise politique. En effet, on reprocha alors au prévôt des marchands et ses quatre échevins de ne pas s’être préoccupés du pont. Il était en grand état de délabrement avant la montée des eaux. Ils furent alors suspendus et durent s’acquitter de lourdes amendes. 

 

Le pont de pierre de 1507, avec ses enseignes et ses statues royales

Sous la direction de Jean Joconde et en profitant du produit de l’octroi (sur le poisson, le sel et le bétail), on construisit alors un nouveau pont. C’est la pierre de taille qui fut alors retenue. 

Achevé en 1507, le pont fut mis en valeur pour l’entrée royale de François Ier en 1515. 

61 maisons furent édifiées sur le parapet : chacune avait leur numéro ! Grande innovation pour la ville. Il s’agissait en effet des premières maisons numérotée.

Bien évidemment, ces maisons avaient leurs enseignes. Une mythique nous est parvenu : celle de Gersaint réalisée par Antoine Watteau en 1720 et qui est conservée aujourd’hui à Berlin. 

En décoration, on rajouta également des bustes de grands hommes et de rois. Au XVIIe siècle, on plaça aux quatre extrémité du pont, quatre statues royales, représentant Saint Louis, Henri IV, Louis XIII et Louis XIV. 

 

La pompe Notre Dame pour fournir en eau les parisiens

Sur l’exemple de la pompe de la Samaritaine, on réalisa en 1671 une nouvelle pompe pour prélever de l’eau de la Seine et alimenter les fontaines.

Pour ce faire, on modifia des moulins à blé qui étaient situés entre les 3e et 4e arches du pont. Une seconde fut réalisée à proximité. 
La première pompe tomba définitivement en panne en 1786 et la seconde fut détruite en 1861. 

 

Le pont au Diable de 1853

Lors des grands aménagements d’Haussmann sur l’île de la Cité, l’ancien pont de 1507 est détruit. 

On abaissa la rue Saint Martin et on reconstruisit le pont

Conformément au projet de Lagalisserie et Darcel, le pont fut réalisé avec 5 arches, dont les quatre piles furent ornées d’un bélier. 

Toutefois, le pont fut rapidement appelé, le pont au Diable. En effet, certaines piles s’opposaient au courant. De nombreux bateaux vinrent s’abîmer contre elles. On n’en finissait plus de compter les accidents. 

 

Le pont actuel, de 1919

Au début du XXe siècle, pour faire cesser ces accidents, deux projets furent ouverts

  • Reconstruire entièrement le pont
  • S’appuyer sur les deux arches externes et refaire celle centrale

La seconde piste fut retenue et confiée à Jean Résal et l’entreprise Daydé et Pillé. Ces noms n’étaient pas inconnus dans Paris alors. On leur avait confié déjà le pont Mirabeau et le pont Alexandre III

C’est ce pont Notre Dame aujourd’hui qu’on traverse à proximité de l’Hotel Dieu et qui donne une vue sur le pont au change en aval et le pont d’Arcole en amont.

 

 

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