Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires au détour d'une rue

La rue de Bièvre inondée par la crue de 1910

La rue de Bièvre inondée par la crue de 1910 : l’eau monte, monte…. emportant tout et menaçant le quartier !

Dans le Ve arrondissement, voici une rue dont le nom rappelle une ancienne rivière. Souvent capricieuse, la Bièvre a disparu depuis longtemps de Paris, se perdant dans les égouts.

Cependant correspondant globalement à l’endroit où la rivière rejoignait la Seine, la rue de Bièvre est proche du fleuve, juste en face du chevet de Notre Dame de Paris.

Comme on peut s’imaginer, la rue fut fortement éprouvée lors de la crue de 1910. Suivre l’inondation dans cette rue , revient à veiller à l’élévation du niveau de l’eau. Progressif mais totalement dévastateur.

D’abord, des caves inondées

C’est autour du 18 janvier 1910, que la grande crue commence. L’eau monte vite, mais touche d’abord les quartiers périphériques, en amont et en aval de Paris. Il faut attendre le 22 janvier, pour que le journal La Lanterne dans son édition rapporte :

« Quant aux abords plus immédiats du fleuve, ils ont été particulièrement éprouvés. Les caves du ministère des affaires étrangères sont inondées. Des caves sont inondées également rue de Bièvre et on appelle les pompiers. »

De son côté, le Petit Journal précise ce même jour les adresses des lieux plus directement concernés :

« Les caves des maisons situées aux n°17 et 19 de la rue de Bièvre sont inondées. Les pompiers épuisent l’eau. »

Après les caves, l’eau arrive sur la chaussée

Comme on le sait, la crue ne s’acheva pas ainsi. Elle continua à monter. Ainsi, le 25 janvier, le Radical signale que l’eau affleure sur la chaussée au niveau du quai, tout au bout de la rue de Bièvre. Pas en passant au dessus du parapet du quai à proximité, mais par le jeu d’infiltrations remontant à la surface.

« Quai de la Tournelle, à la hauteur de la rue de Bièvre, l’eau filtrait, vers cinq heures du soir entre les pavés de la chaussée. »

Le lendemain, la rue est touchée, comme l’écrit le même journal, le 26 janvier :

« La partie basse de la rue de Bièvre est complètement inondée »

L’eau qui n’en finit pas de monter et on y circule en canot

Dans son édition du 27 janvier, le Matin écrit

« Et l’eau monte rue de Bièvre, dans le 5e arrondissement ».

Le Petit Parisien rajoute :

« Dans les rues de Bièvre, de la Bûcherie et même sur la place Maubert, le niveau de l’eau recouvrant la chaussée s’est élevé depuis la nuit dernière. Les passerelles qui assuraient les communications des habitants avec l’extérieur sont maintenant remplacées par des bachots. »

Circulation en bateau dans l’ensemble du quartier 

 « Les rues des Grands Degrés, de la Bièvre et du Haut Pavé étaient transformées en lagune, et les conduites de gaz étant rompues, le sauvetage s’organisait sous les yeux d’une foule morne et silencieuse, aux tremblotantes clartés de lanternes à huile.

Plusieurs bachots, péniblement mis à flot, circulaient avec lenteur et servaient à transporter les matériaux nécessaires à la construction de quelques passerelles, cependant que de nombreux citoyens, dans l’eau jusqu’au ventre, tentaient d’aveugler avec des pavés amoncelés les bouches d’égout »

Ambiance de marécage où on doit évacuer.

« Pour comble de malchance, une brume épaisse vint tout à coup voiler la lune et l’obscurité, mal combattue par les avares lueurs des lanternes de démolitions, ajouta à l’horreur de la situation.

Les gardiens de la paix trop peu nombreux multipliaient les efforts pour aider les habitants des rez-de-chaussée et des boutiques pour évacuer leurs logis envahis.

La scène était navrante. De pauvres gens sanglotaient en quittant leurs humbles demeures et demandaient à leurs sauveteurs où ils pourraient se réfugier. Quelques uns de ces infortunés, ne sachant à qui demander rentrèrent dans leurs maisons menacées… Les autres furent hospitalisés  dans les hôtels du quartier.

Mais malheureusement, la montée des eaux ne s’arrêta que le 28 janvier. Entre temps, on craignait que certains immeubles ne s’écroulent, comme l’écrit le Petit Parisien.

« Le n°4 de la rue de Bièvre menace maintenant ruine. Il a été évacué. »

Sources bibliographiques :

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