Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les selliers

Les selliers contrôlaient l’industrie de l’harnachement, pour élargir leur activité, par la suite, aux coffres à bagage et à la garniture des carrosses.

 

Une même communauté et cinq métiers ! Voici comme se faisaient selles et harnachement au Moyen Age. Cinq métiers qui disposaient chacun de leurs statuts dans le Livre des Métiers d’Etienne Boileau

  • les selliers,
  • les chapuiseurs,
  • les blasonniers
  • les lormiers,
  • les bourreliers.

 

Une grande communauté de l’harnachement sous l’autorité des selliers

En effet, seuls les selliers disposaient des jurés pour l’ensemble de la communauté et contrôlaient alors la confrérie, dédiée à Notre Dame.

La maîtrise de sellier n’était pas requise mais pour pouvoir manipuler le cuir, il était nécessaire de payer les droits des cordonniers : 10 sols pour le chambellan et 6 sols pour le connétable.

Trois jurés étaient élus pour contrôler l’activité de cette corporation.

 

Réaliser un harnachement complet nécessitait de faire intervenir plusieurs spécialistes :

  • les chapuiseurs réalisaient la charpente en bois,
  • les blasonniers la garnissaient,
  • les selliers se chargeaient du feutrage, du rembourrage et de la couverture de la selle,
  • les peintres la peignaient,
  • les lormiers faisaient les mors et les brides,
  • les bourreliers le gros harnachement pour le roulage.

Le XIIIe siècle fut l’apogée de cette industrie parisienne, au moment des guerres et des tournois. Aussi Paris compta en 1292 2 blasonniers, 24 bourreliers, 11 chapuiseurs, 39 lormiers et 51 selliers.

 

Le XIVe siècle, ou la tentative de séparation des lormiers

En 1304, les statuts sont légèrement revus. Le nombre de jurés passe à 4.

1305 est une année de réforme pour les lormiers. Désormais, la maîtrise s’achète  20 sols au roi et 10 sols aux autres maîtres. Pour devenir apprenti, 6 livres sont requis. Trois jurés sont désormais élus pour cette communauté. On souhaita alors marquer la séparation des rôles : aux lormiers les fers, aux selliers les selles.

Toutefois, cette séparation ne fut pas bénéfique aux deux métiers. Aussi, en 1370, des statuts communs furent réalisés. A cette date, on autorisa aux maîtres de réaliser selles et mors de bride. Les 4 jurés des selliers furent maintenus et on en profita pour alourdir la maîtrise : 50 sols, dont 20 pour le roi, 10 pour la confrérie, 10 aux maîtres et 10 aux chambriers de France.

 

L’élargissement de l’activité aux coffres à bagages

La communauté rajouta les coffres à bagages dans son activité en 1370, qui contrôlèrent alors les malletiers. Au XIVe siècle, les coffres étaient en bois ou en osier. Ils étaient recouverts de cuir et maintenus par des fers.

Cette activité fit l’objet de nouveaux textes en 1479. Pour réaliser un bon coffre, il convenait d’utiliser des bonnes planches, de coller des toiles sur les joints, de veiller à la qualité du cuir et du fer. Les doublures devaient utiliser étoffes et rubans.

 

puis la garniture des voitures

En 1577, Henri III donne de nouveaux statuts. Quatre années d’apprentissage et cinq année de compagnonnage furent requis pour aspirer à la maîtrise. Ensuite, le sellier devait connaître toutes les composantes de l’harnachement, tant des chevaux que des voitures. Au XVIe siècle, ils réalisaient aussi des bas en cuir pour les cavaliers et les garnitures des carrosses

Henri IV confirma le texte en 1595.

 

Sous Louis XIV, on réalisa des aménagements réglementaires concernant la carrosserie, en 1678. En effet, on autorisa les charrons à livrer des voitures entièrement réalisées. Aussi, une entente fut réaliser entre les deux communautés : le maître qui recevait la commande pouvait prendre en charge la supervision de l’ensemble.

En outre, la confrérie change de patronage à cette date. Elle est alors dédiée à Saint Eloi et demande 20 sols de cotisation annuelle et 6 livres pour l’entrée. Enfin, on autorisa les maîtres selliers à suivre la Cour.

 

La communauté paya un lourd tribu lors des taxes exceptionnelles de la fin du XVIIe siècle : 26 000 livres pour l’union des offices des jurés, 21 000 livres pour les trésoriers payeurs, 19 000 pour les visiteurs de poids et mesures. Ils durent rajouter 45 000 livres pour celle des inspecteurs des jurés au milieu du XVIIIe siècle.

 

Sources bibliographiques

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