Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Histoires au détour d'une rue

La distribution de repas pour les sinistrés de la crue de 1910

La distribution de repas pour les sinistrés de la crue de 1910 : au pic de la crue, plus de 300 repas à Passy

 

Dans la seconde moitié de janvier 1910, Paris vit une de ses plus importantes catastrophes naturelles : la crue de 1910. On ne compte plus les rues inondées. Beaucoup d’immeubles sont touchés et nombre de parisiens doivent quitter leurs logements.

 

Mais où aller ? Comment se nourrir lorsqu’on se retrouve à la rue, sans grand-chose. C’était notamment le cas dans de nombreux quartiers ouvriers de la capitale.

 

Le 30 janvier 1910, le Matin fait un point de situation des différents lieux d’accueil organisés à la hâte pour faire face à ces réfugiés.

 

« Pour ceux qui ont faim »

Et nous suivîmes encore, par le méandre contourné des rues qui barraient l’eau. Nous fûmes à Passy, 45, rue de Boulainvilliers. Là, à la porte d’un « fourneau », une longue file de faméliques se pressaient. Par petits groupes, ils entraient, le visage soudain rayonnant, dés que la bonne odeur des soupes emplissait leurs narines. Ils s’asseyaient et se jetaient sur l’écuelle. Ils mangeaient pieusement comme d’autres communient. Et autour du feu, sous la coiffe blanche et élégamment plissée, des duchesses ajoutaient un peu de beurre au rata, des demoiselles sveltes, distinguées, ceignaient le tablier, et l’avant bras nu, tournaient la cuillère dans les marmites. Un voisin entrait qui venait renouveler la provision de café. Les vêtements s’empilaient dans un coin. Et pour trois cents rations distribuées la veille, on présageait hier, plus de quatre cents repas à fournir. »

 

Où dormir ?

Dans ce lieu d’accueil, on ne distribuait uniquement de la nourriture. Aussi, s’il était nécessaire, on encourageait les sinistrés des lieux pour trouver un hébergement d’urgence.

Aux femmes, on indiquait le gîte, 89, rue Boileau ; aux hommes 28, rue de l’Alma. Et les rassasiés s’en allaient, après avoir prononcé un timide et respectueux « merci » vers les bienfaitrices qui souriaient en ouvrant toute grande la porte sur de nouveaux venus.

 

Sources bibliographiques :

  • Le Matin du 30 janvier 1910 
  • Image : Repas de sinistrés au séminaire de Saint-Sulpice. Les familles sinistrées prennent leur repas servis par les dames de la Croix Rouge – crédit BHVP

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