Le grand coësre
Le grand coësre, roi des argotiers, était la figure symbolique d’une communauté vivant de mendicité à Paris…
Présent tant chez Henri Sauval que dans le Jargon de l’Argot, le grand coësre avait une figure centrale dans la communauté des argotiers.
Un véritable roi
Il s’agissait d’un véritable roi, qui régnait sur cette communauté. Il était placé en haut de la chaine et s’appuyait sur différents officiers.
C’était lui qui recevait les nouveaux venus à la cour des miracles et aspirants à les rejoindre. Enfin, il percevait les impôts et taxes, que chacun des argotiers devait verser.
Les aspirants à intégrer la communauté devaient venir en s’agenouillant pour baiser les mains du grand coësre. Il devait « lui promettre la foi », en s’interdisant de déclarer les secrets à quiconque. Dans certains cas ils devaient se mettre à quatre pattes pour qu’il puisse s’asseoir sur eux.
Le rite de désignation du grand coësre
Selon le jargon de l’argot, il était désigné lors des états généraux annuels. Il fallait faire partie des cagoux ou des archisuppôt de l’argot, soit les officiers les plus puissants de l’organisation.
Il pouvait être reconduit ou être changé chaque année. Une fois désigné, on le revêtait d’un costume composé de mille pièces colorées et cousues entre elles.
Grand coësre ou roi de Thune ?
Il arrivait qu’on désignait le roi suivant ces deux appellations. Toutefois, selon le jargon de l’argot, c’était une erreur.
En effet, le roi de Thune fut le nom donné à un seul d’entre eux. Celui était resté en poste pendant trois ans. Il se faisait tirer par deux grands chiens, installé dans une petite charrette.
Importance symbolique du grand coësre dans les récits des argotiers
Le grand coësre, certes roi en haillon, était un roi. Il représentait donc une autorité parallèle à celle du roi de France.
Cette vision était importante pour dénoncer l’existence d’une communauté parallèle, qui refusait d’obéir aux règles du royaume, tout en profitant de la population.
Sources bibliographiques
- Sauval, Henri. Histoires et recherches des antiquités de la Ville de Paris. 1724.
- Chereau, Olivier. Le jargon ou langage de l’argot réformé à l’usage des merciers, porte balles et autres. Montbelliard 1848.
- Péchon de Ruby. La vie généreuse des mercelots, gueuz, et boesmiens / , contenant leur façon de vivre, subtilitez et gergon, mis en lumière. 1596