Histoires de Paris

A chaque coin de rue de Paris, des histoires… souvent revues, réadaptées mais fascinantes

Vies de travail

Les argotiers

Les argotiers, une communauté de mendiants mimant d’être blessés, qui s’était organisée en royaume parallèle.

 

Nous vous présentons là, une communauté qui fit couler beaucoup d’encre. Elle était l’objet d’un véritable fantasme

 

Des faux mendiants

Les parisiens croisaient ces argotiers dans leur vie de tous les jours. Ils étaient là, sur le bord de la rue, à proximité des marchés, des halles et églises. Ils étaient ces personnes faisant appel à la générosité du public, mettant en avant leurs nombreuses blessures. Certains avaient le ventre recouverts d’ulcères, d’autres avaient perdus leurs membres. Tous demandaient à l’aide, suite aux coups du sort.

Cependant, tous ces mendiants retrouvaient une santé de fer, dés lors qu’ils étaient revenus dans leur quartier, la cour des miracles.

 

Un royaume dans le royaume

Les argotiers vivaient de la générosité des parisiens, mais refusaient les règles du gouvernement. Ils ne voulaient pas payer d’impôt officiel, notamment.

Cependant, ils s’étaient organisés en une véritable communauté avec ses propres règles. Ainsi, les argotiers avaient leurs propres officiers. On distinguait plusieurs spécialités : Les narquois mimaient des soldats blessés à la guerre, les orphelins tremblotaient dans les rues, les malingreux avaient un ventre plein d’ulcère.

A la tête de la communauté, un roi était établi, le grand coësre. A lui revenait la charge d’administrer les argotiers, en accueillant les nouveaux venus et en récoltant les impôts.

 

Les officiers

La communauté distinguaient plusieurs niveaux d’officiers : les cagoux, les archisupots de l’arigot, les orphelins, les marcandiers, les risodés, les malingreux, les capons, les piètres, les polissons, les francs mitoux, les calots, les sabouleux, les hubins, les coquillards, les courteaux de boutanche.

Les cagoux et les archisuppôt étaient les deux niveaux les plus élevés. Les premiers étaient chargés de la formation des nouveaux argotiers. Les seconds étaient comme les savants de la communauté.

 

Une communauté nationale qui tenait ses états généraux

Les argotiers n’étaient pas établi uniquement à Paris. Ils rayonnaient dans tout le royaume, tout en reconnaissant la seule autorité du grand coësre.

Ainsi, une fois par an, ils se réunissaient tous pour leurs états généraux. A ce moment, ils renouvelaient ou désignaient leur nouveau roi, au cours d’un rituel bien établi. Ils payaient également leurs impôts.

Ces états généraux étaient régis suivant des textes règlementaires précis.

 

Différents récits pour renforcer le mythe des argotiers

Le Jargon de l’Argot était un ouvrage très largement diffusé au début du XVIIe siècle. Il mettait en avant la communauté des argotiers. Ils seraient apparus au contact des merciers des foires de l’ouest de la France, s’inspirant de leur langage. Ensuite, ils auraient essaimé dans tous les pays.

Ce récit pose également leur organisation, en reprenant des textes aux allures administratifs.

 

Par la suite, dans son Histoire de Paris, Henri Sauval, historien du XVIIe siècle, place l’activité de ces argotiers dans Paris. Il place leur quartier dans le nord de la ville, dans un quartier qu’il appelle la cour des miracles. Ce récit fut ensuite repris par Victor Hugo dans Notre Dame de Paris.

 

 

Sources bibliographiques

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